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Critique de Patrijob


Il est difficile de rester de marbre face à une telle histoire lorsqu'on a, comme moi, un ami d'enfance prisonnier de cette terrible maladie depuis près de trente ans...
En fauteuil roulant, nourri par sonde, ne pouvant plus s'exprimer autrement que par la pensée grâce à la technologie, il garde pourtant le moral et m'a encore envoyé un mail dernièrement à l'occasion de mon anniversaire.
Papa de deux grands garçons, il a très tôt du abandonner son métier de photographe, laissant son épouse seule à la tête de l'entreprise.
On sait que la sclérose en plaques évolue par poussées plus ou moins intenses et rapprochées selon l'individu.
Il est difficile de la détecter chez certaines personnes où elle reste silencieuse, alors que d'autres hélas finiront fortement handicapées.

Dans ce très beau roman de Pete Fromm, Maddy, la narratrice, impétueuse guide de rivières dans le Wyoming, voit sa vie basculer lorsque la maladie se déclare subitement.
Jeune mariée, elle forme un couple hors norme avec le fougueux Dalt, lui aussi guide de rivières, et envisage la vie en grand.
Fauchée dans sa course, c'est avec courage, rage et désespoir qu'elle va tenter de lutter contre un destin inéluctable.
Sa force, c'est sa famille et la puissance de l'amour que lui porte Dalt.
Sa victoire, ce sont ses deux enfants, qu'elle a mis au monde angoissée pourtant à l'idée de ne pas être capable de s'en occuper correctement.
Quand la volonté commande mais que le corps ne répond plus ou mal, quand les sensations les plus élémentaires se perdent à tout jamais, la pensée s'emballe et s'affole enfermée dans son carcan de chair et d'os, aux prises avec un concentré d'émotions qui explose parfois anarchiquement, violemment.
Entre fureur, culpabilité et tristesse, l'acceptation de soi devient difficile pour Maddy qui voit pourtant avec reconnaissance le dévouement de son mari.
La dérision se fait parfois cynique tandis que le lien charnel intense qui unit le couple se fait bouée de sauvetage, permettant des moments de partage où les mots sont inutiles, où la vie d'avant semble encore toute proche.

Quelques heures de lecture intense avec beaucoup d'émotions et de sourires.
Toutefois, comme certains lecteurs l'ont fait remarquer, Pete Fromm se plaît à malmener la chronologie, passant d'une époque à l'autre et donc d'un stade de la maladie à un autre, rendant parfois la compréhension difficile.
Quant au style, je remarque que c'est souvent la même chose avec les traductions.
Les codes de la littérature américaine n'étant pas les mêmes que ceux de la littérature française, les traductions donnent un texte dont le style nous paraît parfois bizarre, tiré par les cheveux, voire désagréable.
Une lecture dans la version originale serait sans doute plus fidèle et moins déroutante.
La façon de s'exprimer des américains est probablement aussi à prendre en compte.
Tout le challenge est de pouvoir s'immerger dans le récit sans se laisser dérouter par la forme.
Le propos de Mon désir le plus ardent est tel que j'y suis arrivée sans difficultés.
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