Citations sur Traqué, tome 1 : Cessez d'être la proie, devenez le chass.. (31)
Mais au lieu de lui répondre, j'entends la voix de mon père.
"N'oublie jamais qui tu es."
Et pour la première fois, je comprends ce qu'il voulait dire par là. C'était juste une façon détournée de dire "N'oublie jamais qui ils sont".
N'oublie jamais qui tu es. (p14)
Après tout, si les rôles étaient inversés et que les gens normaux avaient disparu, nombre de théories seraient lestées d’exagérations et de contrevérités : au lieu de dormir dans des étriers, ils dormiraient dans des cercueils; en tant que créatures de la nuit, ils deviendraient à ce point invisibles qu'ils ne se refléteraient plus dans un miroir;
J'étudie les montagnes à l'est pour éviter d'affronter son regard. Je veux lui dire que je n'ai pas oublié ; qu'il ne s'est depuis pas écoulé une semaine sans que j'imagine ce qui se serait passé si j'avais pris une autre décision. Si je l'avais rejointe à la sonnerie avant de la raccompagner chez elle [...].
Mais au lieu de lui répondre, j'entends la voix de mon père. N'oublie jamais qui tu es. Et pour la première fois, je comprends ce qu'il voulait dire par là. C'était juste une façon détournée de dire "N'oublie jamais qui ils sont".
– Je ne veux pas le faire partir, je réponds.
En réalité, je ne sais pas ce que je suis en train de faire. Tout ce que je sais, c’est que mon cœur bat à tout rompre, et que j’ignore comment me comporter.
Elle lève légèrement son bras nu. Ses grands yeux sont comme une invitation. Elle révèle son aisselle et attend. Son regard glisse de mon coude à mon visage.
Aussi doucement que possible, je tends la main et lui baisse le bras.
– Je t’en prie, lui dis-je dans un murmure. Ne le prends pas mal. Mais… Je n’ai jamais… Ça ne me procure aucune sensation.
Ce n’est pas de la tristesse que son expression trahit, mais du soulagement et une vive émotion.
– À moi non plus. J’ai toujours simulé. (Elle tourne la tête de l’autre côté.) Toutes les fois avec mon petit ami, la fois avec toi dans le placard. J’avais l’impression que je n’étais pas normale. (Elle soupire et hausse les épaules.) Bien sûr que je ne suis pas normale, poursuit-elle d’une voix irrégulière. Je suis une homiférée.
Ce dernier mot résonne comme un soulagement, un aveu trop longtemps réprimé.
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Comme le dit un dicton, le silence est si profond qu’on entendrait tomber un poil d’homiféré.
Je ne veux pas faire le difficile, mais la menace constante d'une mort imminente suspendue aux mains ( ou aux dents ) d'un copain prêt à vous vider de votre sang pour un oui ou un non... Cela complique légèrement l'élaboration d'une certaine forme de camaraderie.
Je me demande si elle pense à moi de la même manière que je pense à elle : sans arrêt, de façon obsessionnelle, presque désespérée.
Elle me contemple avec une expression dépourvue de retenue. Son sourire est partout, dans ses yeux, sur son nez, sa bouche, ses pommettes, son front, à tel point qu'il semble se répandre en moi, autour de moi, tel le soleil sur le monde.
Plus tard dans la nuit, après que la cloche avait sonné la fin des cours, j'étais resté assis à mon bureau. Je n'avais pas bougé avant que le chahut s'estompe dans le couloir, avant que les derniers élèves et professeurs désertent l'établissement, avant que le crépitement des sabots disparaisse au loin. Il pleuvait alors dru, les gouttes martelant les fenêtres. J'avais attendu plusieurs heures la sirène annonçant l'aube avant de rassembler mes affaires pour rentrer. Comme prévu, je n'avais croisé personne en partant. L'air était glacial et il pleuvait encore à verse, l'eau semblant vouloir combler le vide des rues. Je n'avais pas ouvert mon parapluie. J'avais laissé les gouttes détremper mes vêtements, l'eau s'infiltrer dans mon corps, le froid comprimer ma poitrine, me piquer la peau, me geler le coeur.