Traqué, tome 3 : Piégée

Je me penche alors complètement sous le jet d'eau. Afin que mes larmes soient lavées, lorsque je fermerai mes paupières, et avec elles la preuve de ma culpabilité.

En vérité, reprend le Patron sur un ton d'excuses, mon amour pour le goût des homifères est tellement insatiable que je dois en garder en réserve en permanence. Pour un petit goûter en cours de journée, ou lorsque l'insomnie frappe à nouveau ce dirigeant surchargé et surmené que je suis.

S'ils arrivent, il arrivent. S'ils nous atteignent, ils nous dévorent. C'est simple comme bonjour.

Au fond, les portes métalliques s'ouvrent brusquement. Des ombres noires se déversent dans le tunnel à une vitesse terrifiante. Des crocs luisants, des griffes étincelantes. Des yeux humides, sauvages et avides. Elles se déplacent en une déferlante trouble. [...] Je n'entends que des gerbes de liquide projetées contre les murs nimbés d'obscurité. Les créatures jaillissent toujours des ouvertures, nagent le long des cloisons. Les premiers hurlements surviennent alors.

Sissy abat la tête de la créature contre le mur qui défile à mesure que nous grimpons. Et il y maintient ce crâne ayant désormais la solidité d'un œuf dur écalé. Le crépusculaire a beau lutter, battre des bras et tenter de donner des coups de pied, Sissy ne relâche pas sa prise. Elle continue de presser sa figure contre le mur, et celle-ci se délite tel un fromage que l'on râpe.
L'ascenseur atteint l'étage supérieur.
Ping.

Voici venue l'heure de ma mort, songé-je en me contractant.