Sissy c'est toi que je choisis. Avec toi, je suis partout chez moi.
Ce n'est pas lui qui est plus fort, mais moi qui suis plus faible.
- On pourrait simplement capituler. Arrêter de fuir et...
Elle tend la main vers moi. Je m'attends à un geste de tendresse, qu'elle écarte les mèches de cheveux collées à mon front, qu'elle me caresse la joue ou le bras. Au lieu de quoi, elle me gifle de toutes ses forces.
Elle se met à trembler de soulagement. Non, pas de soulagement. De peur. Combattre ou fuir, combattre ou fuir, voilà ce qui exsude de chacun de ses pores.
Et dans le même instant, elle mesure l'échec inéluctable de chacune de ses possibilités, qui la conduiront toutes à la mort entre 5 et 15 secondes plus tard. Car tant que les crépusculaires bénéficieront de l'obscurité, de l'espace et du nombre, sa mort demeurera une certitude mathématique.
Ashley June est un bûcher d'une beauté sauvage. Le soleil du crépuscule lui est tombé dans les cheveux, et les étoiles du ciel semblent emprisonnées dans ses prunelles.
C'est toi que je choisis, Sissy. Avec toi, je suis partout chez moi.
Je repense à l'accord conclu avec le Patron. À la fermeté avec laquelle j'ai insisté pour que Sissy m'accompagne. Bien sûr, c'était obligatoire. Il fallait que j'y aille avec elle. Je voulais y aller avec elle. Mais je n'avais pas songé - pas jusqu'à maintenant - que ma décision pouvait être plus calculée qu'émotionnelle. Que j'avais peut-être une idée derrière la tête. Mes poumons me glacent.
- Nous sommes humains, complété-je. Nous vivons notre vie à fond. Nous rions, nous sourions, nous aimons, nous avons le cœur brisé. Nous ne réprimons rien. Nous avons des existences glorieuses, Sissy. Pour les autres.
Parfois, l'espoir est tout ce qu'il nous reste