AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Laurence64


L'histoire d'une solitude est une histoire bien compliquée, nous dit le narrateur. Cela débute par la charmante escroquerie d'une blonde Erzsébet que l'on oubliera malgré l'amour qu'elle inspira. On l'aimera lorsqu'on la retrouvera brune prénommée Erzsike (connue également sous le nom de Téresz). Et cet amour perdurera après le départ de celle qui s'appelait en fait Julia.

Dans cette narration à la première personne du singulier, qu'importe l'identité de la femme aimée. Ce qui importe est le fait d'aimer.
Füst épluche l'âme de son célibataire qui trompe sa solitude par des obsessions diverses et périodiques: le Caravage (il est historien d'art), un chien, sa mère (redoutable). Comme Zweig, Milan Füst fait se gratter son pitoyable héros qui ratiocine à loisir, cherchant à justifier un goût pour une solitude qui ne sera jamais que subie.

Ecartelé entre l'héritage germanique d'une mère aussi fielleuse qu'idiote et étouffante et l'héritage hongrois plus gai mais moins reluisant d'un père débauché, notre petit baron se cogne dans les murs de l'existence.
A trop se blesser au réel, il se réfugie dans l'imagination et tente de se convaincre qu'il aime mieux son Erzsike dès lors qu'elle l'a quitté. Les désillusions de la vie en couple s'évanouissent; et reste cet amour absolu pour cette femme qui n'aura jamais livré ses mystères.
"Et moi de tout mon coeur aujourd'hui encore je lui crie tu étais adorable, belle et inoubliable (…)"

Ce long monologue élégant et retors, plein d'interpellations du narrateur à lui-même, dense et tourmenté, sautant d'obsession en obsession, enchevêtre assujettissement et lucidité. Et pragmatisme: « Tant pis, – me dis-je – et trois fois tant pis. La vie est orageuse, il faudra bien en passer par là aussi ».
Mais foin de cet essai d'adaptation. La solitude peut être douloureuse.
Commenter  J’apprécie          230



Ont apprécié cette critique (21)voir plus




{* *}