Il y a des personnalités toxiques, perverses qu'il faut fuir.
La violence est un mal impitoyable et incroyablement cruel qui frappe de manière aveugle. Tout homme se retrouvant dans ma situation, exactement au même titre qu’une femme battue, doit avant toute chose arrêter une bonne fois pour toutes de se murer dans un silence toxique.
Ce que j'aperçois en pénétrant dans l'appartement me choque profondément. Je vois Nadia, tenant le chaton, visiblement inanimé, par le cou, le frottant par terre. Elle le jette violemment au sol, puis le ramasse, toujours inanimé. Folle de colère, elle le brandit brusquement sous mon nez : "Il ne bouge plus, fais quelque chose !" En l'observant, plus attentivement, je constate qu'il a la langue pendue sur le côté. Je palpe avec précaution sa boîte crânienne, et sens qu'elle est cassée à de nombreux endroits. Mon Dieu...
Mon âme a été torturée, au moins autant que mon corps.
Dans un premier temps, Mme B., sa voisine, a précisé aux enquêteurs avoir entendu à de très nombreuses reprises Nadia me passer à tabac. Elle se doutait de la situation, me voyant un peu plus marqué au fil des jours. Je ne lui en veux pas de ne pas avoir prévenu la police, je comprends parfaitement la gêne qu'une telle démarche peut provoquer.
J'ai mis un certain temps à retrouver la notion des choses. Je n'avais pour ainsi dire plus aucun rythme de vie, sachant que Nadia me forçait à me lever pour effectuer des "exercices" particulièrement idiots (comme par exemple plier et déplier la couette de son maudit clic-clac pendant des heures), dans le seul but de me fatiguer.
"Ils sont de grands oubliés, représentent un non-dit au coeur du tabou de la violence conjugale: les hommes battus"
J'en viens psychologiquement à ne plus savoir qui je suis réellement, ni même ce que je fais en ce sinistre lieu. Comment me suis-je laissé empêtrer dans une histoire pareille sans réagir le moins du monde ?
"Je ne t'offrirai pas la satisfaction de m'entendre hurler de douleur quand la lame touchera ma peau" pensé-je