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Critique de l-ourse-bibliophile


Cette sixième intégrale ne contient qu'un seul arc narratif, le plus long de la série. Celui des « Bienveillantes ». Lorsque le petit Daniel Hall disparaît, sa mère Lyta ne voit qu'un seul coupable possible : Morphée. Folle de chagrin, elle se lance dans une quête vengeresse qui lâchera les Furies, alias les Erinyes, alias les Bienveillantes, sur le royaume du Songe. Un acte aux conséquences irréparables.

Ce que je trouve magique et qui ne rate pratiquement jamais, c'est que, quand je feuillette le volume sans le lire, je suis heurtée par les dessins, je suis presque un peu déçue car ils me semblent moins intéressants que ceux du volume précédent. Et lors de la lecture survient la magie. Car les dessins qui surprenaient, voire rebutaient, se révèlent finalement en parfaite adéquation avec l'histoire du moment.
Alors que, jusque-là, les différents artistes nous avaient habitués à des styles plutôt réalistes, Marc Hempel use ici d'un trait beaucoup plus stylisé. Or, le choix d'être davantage dans la suggestion que dans la description se marie parfaitement avec cette histoire de vengeance, qui flirte avec la folie, qui fait appel à des entités millénaires.

Dire que cette histoire est sombre ne serait pas très pertinent, la série n'étant globalement guère guillerette. Il plane sur ce tome un nuage pesant, comme un ciel bas et lourd comme un couvercle pour citer Baudelaire. Des événements dramatiques se préparent et un mauvais, très mauvais pressentiment ne peut qu'envahir le lecteur. J'ai lu ce tome avidement, désireuse d'en connaître l'issue, la redoutant en même temps. Et pourtant, tour de passe-passe signé Gaiman, mon humeur lorsque fut venu le temps de refermer l'ouvrage n'était pas celle à laquelle je m'attendais.

Ce tome est particulièrement délicieux pour la galerie de personnages qui s'y promènent. Il y a toujours de multiples personnages dans Sandman, mais ce volume-ci fait revenir des protagonistes rencontrés il y a longtemps pour certains… et qui demandent parfois un petit effort de mémoire (« Hal… Hal… qui c'était déjà ? » et un peu plus tard, « ah mais oui, c'était à tel moment ! »). C'est vraiment un plaisir de recroiser des têtes connues ! Et retrouver les habitants du Songe comme Mervyn Potiron, Abel et Caïn, Matthew le corbeau… et ma chère Délire… et Morphée bien sûr, bref, tous ces êtres auxquels je me suis suprêmement attachée au fil des pages.
Ce Morphée… On le croirait pris dans les fils d'un destin qu'il ne maîtrise pas, mais la réalité est probablement plus complexe que cela. Finalement, n'a-t-il pas lui-même volontairement tissé la toile dans laquelle il semble empêtré ? C'est tout simplement fascinant et, malgré une pointe de tristesse, j'ai vraiment hâte de savoir ce que contient le dernier tome ! Comment tout cela va-t-il être conclu ?

Des événements antérieurs trouvent leur continuité et Gaiman poursuit le tissage de cette gigantesque tapisserie, reprenant de vieux fils que l'on aurait pu croire oubliés. Cela – comme les apparitions de vieux personnages – annonce bel et bien la fin de cette oeuvre d'une richesse décidément infinie. Je suis convaincue qu'une relecture sera particulièrement intéressante pour mieux appréhender cette oeuvre aux multiples niveaux de lecture (et merci aux interviews de Neil Gaiman de nous faire remarquer d'invisibles petits détails !).
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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