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Critique de Wyoming


C'est un très beau roman noir malgré les nombreuses invraisemblances et l'insuffisance du suspense, mais les descriptions de la nature sibérienne, des animaux et peuples qui l'habitent, ainsi que les belles réflexions sur la vie, la mort, le devenir, les absences d'issues desquelles plusieurs protagonistes sont prisonniers compensent largement ces deux lacunes que le style percutant de Patrice Gain parvient à occulter aisément.

C'est un roman sauvage, de nature, de mer, d'expédition humaine, de malheurs humains, d'incohérences écologiques, de dénonciation de nombreux maux de l'humain, exprimé avec un ton qui ton qui sonne juste et dont la structure avec deux personnages principaux est soignée, l'auteur laissant chacun à ses misères, à un salut hypothétique où ils parvienennt peut-être à se réfugier.

Ces deux personnages sont frères et soeurs, l'un entré comme novice au monastère de la Grande Chartreuse près de Grenoble, l'autre journaliste partie accompagner une expédition scientifique dans les grands froids du cercle polaire arctique, sur une banquise mouvante, une mer aux tempêtes meurtrières, un univers où l'humain a dépassé les limites du coeur, de l'amour et du respect.

Ils sont donc Joseph et Anna, celle-ci consignant dans un carnet de voyage aussi bien le récit de cette expédition que les douleurs de sa vie passée. Elle écrit à la première personne Anna, ce qui donne encore plus de force à tout ce qu'elle exprime. Elle vit une aventure dépaysante pour fuir ses souffrances morales, en même temps elle réfléchit, revisite des bribes de passé et finit par être convaincue du mal commis par son frère.

Joseph laisse un narrateur dérouler sa vie monastique ratée et prend connaissance dès le début du livre du journal d'Anna qui lui a été envoyé. Il n'en est que plus ballotté entre sa tentative de recherche d'un Dieu auquel il n'a pas demandé le pardon et son enfermement dans un mysticisme dominé par ses propres démons. Il ne peut donc être que le traître, le Judas, plus ignoble que l'Iscariote, méritant la meule de moulin suspendue à son cou avant d'être précipité dans la mer.

Anna n'a plus d'espoir dans l'existence, elle a été bien trop blessée et si la volonté humaine de survivre l'amène à affronter les éléments, elle sait qu'elle ne peut trouver un apaisement qu'en allant à la rencontre de ses proches partis, sa fille et sa compagne. Elle ne peut donc envisager un pardon qui ne lui a pas été demandé et elle s'emploie à donner un châtiment vengeur. Il faut absolument lire tout ce roman pour savoir si elle y parvient.

Mais, visiblement, Patrice Gain profite de cette histoire pour y insérer de superbes descriptions de la banquise, de la glace, du froid, des crépuscules, de l'ambiance de la toundra, de l'Arctique impitoyable. Il déroule d'autres personnages qui ont tous une histoire et ajoutent ainsi à l'intérêt de cette lecture saisissante.

Le silence, le loup, l'ours, une très belle aventure humaine.
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