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Critique de colimasson


Les éditions du Monde Diplomatique présentent à leurs lecteurs une compilation légère sur le thème du chômage. La préface de Serge Halimi (l'auteur des Nouveaux chiens de garde) nous dit déjà presque tout sur le sujet. Il renouvelle le point de vue sur le chômage en accord avec le principe de dénonciation de la collusion des média et des hommes de pouvoir et nous montre comment ces derniers essaient de diviser les travailleurs de l'intérieur afin de faire croire que le chômage est responsable des problèmes économiques actuels.


John Kenneth Galbraith avait dénoncé ce stratagème dès 1985 dans son article intitulé « L'art d'ignorer les pauvres ». Son discours suivait alors de peu l'établissement d'un workfare state à la fin des années 70, après la mort de Keynes, pour éliminer la politique du welfare state qu'on accusait d'avoir tissé un réseau d'institutions trop protectrices pour le salariat, les chômeurs et les pauvres, ce qui aurait provoqué les maux des économies occidentales à la fin des Trente Glorieuses. Après une rapide historiographie de la pensée du workfare, il résume ironiquement la logique absurde que revendiquent ses partisans :


« Les aides publiques opèrent un transfert de revenu des actifs ver les oisifs et autres bons à rien, et, de ce fait, découragent les efforts de ces actifs et encouragent le désoeuvrement des paresseux. […] Donc, en prenant l'argent des pauvres et en le donnant aux riches, nous stimulons l'effort et, partant, l'économie. »


Laurent Cordonnier prolonge la réflexion sur le workfare state dans un article publié en 2006 et intitulé « Economistes en guerre contre les chômeurs ». John Kenneth Galbraith ayant démontré l'absurdité logique du workfare state, Laurent Cordonnier se propose de dénoncer les intérêts de ceux qui la promeuvent.


La compilation s'achève enfin avec un petit extrait des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift au nom bien choisi « du bon usage du cannibalisme » -version à peine adoucie des théories de David Ricardo ou de Malthus selon lesquels les pauvres devaient s'en prendre à leur chaud-lapinisme pour expliquer leur situation économique. Ce texte grinçant est judicieusement placé en fin de corpus, si bien qu'on le trouve à peine plus immoral que les procédés dénoncés dans les chapitres précédents.


Ne manquerait peut-être à ce livre qu'une modeste liste de suggestions pour approfondir la réflexion –quand même bien légère.
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