Curiosité piquée dès les premières pages de
la Promesse... le narrateur semble fluctuant : on ne sait pas toujours avec certitude qui parle, et la cible des fréquentes interventions à la deuxième personne (tu et vous) n'est pas plus claire que leur origine. Les marques habituelles de dialogues étant absentes si on excepte le retour à la ligne, c'est un peu déstabilisant, mais aussi très excitant !
Damon Galgut a remporté le Booker Prize 2021 pour ce roman et la qualité de ce texte le justifie pleinement à mon avis. Il nous présente en quatre chapitres la décomposition d'une famille blanche sudafricaine, les Swart. Chaque titre de chapitre porte le nom du personnage qui est mort ou qui va mourir (Ma, Pa, Astrid, Anton), et qui sera enterré selon la religion qu'il ou elle a adoptée (rites juif, calviniste mais pas que, catholique, et une crémation sans service religieux pour Anton). Des ellipses d'une dizaine d'années séparent les chapitres. le fil qui relie ces personnage entre eux, c'est Amor, la mal nommée, petite-fille foudroyée (littéralement), qui a surpris
la promesse que Pa a faite à Ma sur son lit de mort : oui, il donnera à Salomé, la domestique noire qui fait tourner la maison, la pauvre cabane où elle vit avec sa famille. Promis, juré… Evidemment, cela n'ira pas de soi. J'ai adoré ce livre ! La déliquescence de la famille se présente comme un miroir de l'évolution de la situation de l'Afrique du Sud. Après le magnifique espoir porté par Mandela, tout se désagrège et beaucoup de promesses ne seront pas tenues. le ton de
Damon Galgut, ironique, mordant, parfois hilarant à cause des sous-entendus sur les relations entre les personnages, des non-dits pourtant évidents sur le racisme envers les Noirs, ainsi que des attaques contre les religions (sans distinction !) m'a transportée et enchantée. Vingt critiques seulement sur Babelio, c'est dommage !