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EAN : 9782823617016
304 pages
Editions de l'Olivier (04/03/2022)
3.54/5   281 notes
Résumé :
1986, dans une ferme non loin de Pretoria. La famille Swart fait ses adieux à la matriarche, Rachel. Avant de mourir, Rachel a fait une promesse : léguer à Salome, leur domestique noire, la maison dans laquelle elle vit. Cette décision divise le clan et la solennité du deuil ne parvient pas à masquer les dissensions qui se font jour. Les langues se délient, les rancœurs et les convoitises s’exacerbent au point de faire voler en éclats les liens qui unissent les uns ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (60) Voir plus Ajouter une critique
3,54

sur 281 notes
Le roman de l'écrivain sud-africain Damon Galgut « La Promesse » qui vient de remporter le Booker Prize 2021, débute avec un enterrement dans une famille Afrikaner, les Swart, à Pretoria, où l'auteur lui-même grandit. La mère Rachel , juive, vient de mourir assez jeune , laissant derrière elle un mari protestant calviniste, une ado de treize ans, une autre de seize et un garçon de 19 ans au service militaire. Sont présents la belle soeur qui la détestait, le mari qui semble affligé, ses enfants hagardes....et non présente , car non autorisée, Salomé la servante noire, la quarantaine, acquise avec la ferme et ses terres par le grand-père paternel. Ce même Salomé qui a soigné Rachel durant sa longue maladie, et à laquelle Rachel a fait une Promesse, et fait promettre aussi à son mari qu'il réalisera cette promesse dont est témoin Amor, la plus jeune des filles .
On est en 1986, et Amor n'a aucune idée du pays où elle vit, ni de la famille dysfonctionnelle dont elle fait partie, alors que l'Apartheid bat son plein ! Neuf ans plus tard quand on les retrouve, le 30 juin 1991 l'Apartheid a été aboli, les donnes ont changé. Quand le fils voit à l'hôpital un patient noir couché à côté du lit de son père, il ne peut s'empêcher de penser, « L'Apartheid est déchu, comme tu vois on meurt maintenant côte à côte . C'est juste sur la partie du vivant qu'il faudrait encore y travailler. »*

Un livre d'apparence simple, mais au fond très complexe. Difficile de cerner ces personnages membres d'une même famille mais qui semblent s'aimer si peu, voir pas du tout. S'y ajoute un contexte extérieur encore plus complexe, avec la ségrégation de races et de religions, le tout dans une atmosphère qui change toutes les quatres décennies où le récit se déroule à travers quatre enterrements. Quatre enterrements différents, juif, protestant calviniste, catholique et le dernier, crémation sans service religieux. Quatre enterrements différents de quatre membres au premier degré d'une même famille , intéressant non ?

La prose de Galgut est très naturelle, simple et sèche, avec un zeste d'ironie,cool comme dirait les anglais, que j'aime beaucoup (« Hurt me baby, I can take it **», l'attitude du fils aîné, alors que l'avocate séduisante inconnue de lui semble être sur le point de dévoiler le contenu du testament du père avec une pointe de cruauté ). Il y va avec talent d'une économie de mots, dont la justesse lui permet d'aller au plus profond d'un état d'âme, d'un geste, d'une situation….,« Return is the only solution. Not if, but when. » (Le personnage a de gros problèmes financiers, le retour est sa seule solution / Pas si, mais quand. Une toute petite phrase de 4 mots résume la situation ). Il n'y va pas aussi de main morte avec la religion quelle que soit la confession; j'adore quand un des personnages secondaires catholique, qui a couché avec une femme mariée protestante, lui déclare que allant se confesser il devient exempt de tout péché, « même de celui-ci ? » demande-t-elle fascinée, « oui , mas pas tout de suite » , réponde-t-il 😁. Il y en a d'encore meilleurs mais que je n'oserais citer ici de peur d'offenser des âmes sensibles, donc vous laisse découvrir.
Tout les personnages sans exception, sont peu sympathiques, et d'une façon ou d'une autre semblent flotter dans une vie où ils n'y décernent aucune attaches sentimentales et morales, de valeurs et de sécurité , semblable à l'image d'un pays qui flotte aussi, pris dans le piège de l'indépendance , à la recherche d'une égalité sociale et financière, qui n'existe, encore actuellement qu'écrit noir sur blanc sur un bout de papier signé.
Quand au titre du livre, il se réfère aussi bien à la promesse faites à la servante noire par la mère peu avant de mourir de lui léguer la misérable maison où elle habite avec son fils, qu'aux promesses faites à la chute de l'Apartheid pour une société plus équitable. Promesses non réalisées, (« Quand les Blancs se battent, dit sa mère, sans une once d'évidence rationnelle, c'est toujours à cause des droits de propriété »), dont Galgut nous en parle en ces termes : « La question des terres, qui en sont les propriétaires, qui en étaient, qui en seront, est le sujet central des préoccupations de la vie politique actuelle de l'Afrique du Sud. »
Un livre brillant , simple d'apparence, riche et puissant dans le fond, racontant la petite histoire dans la grande Histoire complexe de l'Afrique du Sud, qui sera prochainement publié en français en mars 2022 par les éditions de L'Olivier, sous le titre La Promesse. Ne passez pas à côté !

*« Apartheid has fallen, see, we die right next to each other now, in intimate proximity. It's just the living part we still have to work out. »
**Vas-y ma chère tu peux me blesser, je le supporterais »
*** When white people fight, her mother declares without a scrap of rational evidence, it is always over property!
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Ma a promis, mais Ma est morte et personne n'a envie de respecter sa promesse. Son mari pas plus que ses enfants. Sauf peut-être Amor, la plus jeune. Alors Salomé attend. Qui sait, peut-être un jour la promesse de Ma sera réalité et la maison, ou plutôt la baraque qu'elle occupe depuis qu'elle travaille chez les Swart sera à elle. Une chose envisageable quand la violence de la société et celle de leur famille dysfonctionnelle rattrapent les deux aînés et qu'il ne reste plus qu'Amor, la voyageuse solitaire pour tenir la promesse maternelle. Mais que vaut une promesse tenue trop tard ?

Avec l'histoire des Swart Damon Galgut pointe les profondes fractures d'une Afrique du Sud que la fin de l'apartheid n'a pas comblées. Car en Afrique du sud si Mandela a changé la donne entre noirs et blancs, il n'a pas pu toutefois en éradiquer le racisme et la violence. Une violence qui se répercute au sein même des familles, faisant voler en éclats les liens les plus intimes. Un constat désabusé pour ce roman remarquable de finesse psychologique et d'humour caustique, très justement gratifié du Booker Price.
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Les quatre décennies qui rythment ce roman riment aussi avec les retrouvailles ponctuelles d'une famille autour des cercueils de leurs proches. Quatre saisons, quatre enterrements. La mère, le père, une soeur, puis un frère disparaissent, tandis qu'Amor, la dernière survivante s'accroche à la promesse fait par sa mère sur son lit d'agonie, de léguer la maison familiale à Salome, leur domestique. Même si de longues années ont passé, que la maison s'est dégradée, et que le cadeau est sans doute empoisonné, Amor aura en tête tout au long de sa vie de respecter les dernières paroles de sa mère.

Cette histoire familiale assez bancale s'inscrit dans le cadre de l'histoire mouvementée de l'Afrique du Sud. On perçoit l'évolution des lois que suit à distance l'évolution des moeurs. Les statuts changent mais en pratique, chacun reste à sa place…

Évocation du temps qui passe et accomplit son oeuvre de destruction, sur les coeurs et les âmes, alors que s'accrochent en vain les racines d'un pouvoir vain.

C'est l'intérêt de ce roman, plus que le sort de cette famille disparate qui ne présente que peu d'originalité.

Lu sans déplaisir mais pas inoubliable. Certaines formules intriguent :

"La déception de la femme est presque palpable, comme un pet lâché à la dérobée !"

L'analogie est obscure…

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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A l'occasion du premier book-club du groupe Instagram du Prix Bookstagram, la lecture commune consistait au livre « La promesse » de l'auteur sud-africain, Damon Galgut, paru aux Editions de L'Olivier. Novice en matière de littérature sud-africaine, je me suis dit que c'était l'occasion d'étoffer mes connaissances et ce livre m'a fait littéralement voyager.

Cette saga familiale se déroule sur plusieurs décennies à partir de 1986. Tout commence avec le décès de la mère de la famille Swart, dans une ferme près de la ville de Pretoria. Alors que Rachel était de confession juive, son veuf, protestant calviniste, va devoir reprendre seul l'exploitation familiale et élever ses trois enfants. Une lancinante question de donation d'un bâtiment sur leur domaine va empoisonner la vie de cette famille durant de nombreuses années.

Le livre est subdivisé en quatre grandes parties, chacune consacrée à l'un des quatre personnages restants entre le père, ses deux filles et son fils. A côté de ses protagonistes principaux, le reste de la famille n'est pas en reste. En plus d'être consacrés à ces derniers, des sauts dans le temps sont effectués entre ces subdivisions, permettant de vivre différents moments de leurs existences.

Une écriture très singulière vous atteindra dès les premières pages. En plus d'une narration à la première personne du singulier pour les différents personnages, une tierce voix à la troisième personne du singulier ponctue les chapitres, offrant une singularité encore jamais trouvée au travers de mes lectures. Cela nécessite beaucoup d'attention mais une fois habituée, j'ai pu mieux m'intégrer au sein de l'histoire.

Lauréat du prestigieux prix Booker Prize 2021, ce livre m'a fait découvrir le quotidien de cette famille afrikaner d'abord en plein durant l'Apartheid et m'a fait évoluer en leur sein, au même titre que la société sud-africaine a elle-aussi connu des changements radicaux.

Je tiens à saluer l'excellent travail de traduction effectué par Hélène Papot, permettant une lecture fluide et agréable.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Curiosité piquée dès les premières pages de la Promesse... le narrateur semble fluctuant : on ne sait pas toujours avec certitude qui parle, et la cible des fréquentes interventions à la deuxième personne (tu et vous) n'est pas plus claire que leur origine. Les marques habituelles de dialogues étant absentes si on excepte le retour à la ligne, c'est un peu déstabilisant, mais aussi très excitant ! Damon Galgut a remporté le Booker Prize 2021 pour ce roman et la qualité de ce texte le justifie pleinement à mon avis. Il nous présente en quatre chapitres la décomposition d'une famille blanche sudafricaine, les Swart. Chaque titre de chapitre porte le nom du personnage qui est mort ou qui va mourir (Ma, Pa, Astrid, Anton), et qui sera enterré selon la religion qu'il ou elle a adoptée (rites juif, calviniste mais pas que, catholique, et une crémation sans service religieux pour Anton). Des ellipses d'une dizaine d'années séparent les chapitres. le fil qui relie ces personnage entre eux, c'est Amor, la mal nommée, petite-fille foudroyée (littéralement), qui a surpris la promesse que Pa a faite à Ma sur son lit de mort : oui, il donnera à Salomé, la domestique noire qui fait tourner la maison, la pauvre cabane où elle vit avec sa famille. Promis, juré… Evidemment, cela n'ira pas de soi. J'ai adoré ce livre ! La déliquescence de la famille se présente comme un miroir de l'évolution de la situation de l'Afrique du Sud. Après le magnifique espoir porté par Mandela, tout se désagrège et beaucoup de promesses ne seront pas tenues. le ton de Damon Galgut, ironique, mordant, parfois hilarant à cause des sous-entendus sur les relations entre les personnages, des non-dits pourtant évidents sur le racisme envers les Noirs, ainsi que des attaques contre les religions (sans distinction !) m'a transportée et enchantée. Vingt critiques seulement sur Babelio, c'est dommage !
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critiques presse (5)
Telerama
11 juillet 2023
Époustouflant roman de Damon Galgut, dans les pages duquel l’on suit, sur trois décennies, l’histoire de Manie, Anton, Astrid et Amor - et autour d’eux, une galaxie de personnages secondaires soigneusement incarnés.
Lire la critique sur le site : Telerama
RadioFranceInternationale
25 juillet 2022
Le livre refermé, que penser ? Cette chronique familiale sur une période qui s’étale sur trente ans, le temps d’une génération, ne donne pas de clés précises, mais plutôt matière à réflexion.
Lire la critique sur le site : RadioFranceInternationale
LeMonde
29 avril 2022
Dans une ferme afrikaner, les dernières volontés d’une matriarche pèsent sur les décennies qui suivent la fin de l’apartheid. Humanité de l’écrivain sud-africain.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
24 mars 2022
Une époustouflante fresque familiale dans une Afrique du Sud déchirée.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LaLibreBelgique
24 mars 2022
Une saisissante plongée dans l’histoire mouvementée de l’Afrique du Sud par le biais d’une famille. Booker Prize 2021.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (43) Voir plus Ajouter une citation
Plus grand-chose n’étonne Anton, à part lui-même, occasionnellement. Les enquêteurs en ont vu d’autres, aussi. Ce meurtre ? Une banalité. Vous auriez dû être avec moi rien que la semaine dernière. Toutes les raisons sont bonnes. On a par moment l’impression que les Sud-Africains se tuent par plaisir, pour de la petite monnaie, à cause d’un désaccord de rien du tout. Coups de feu, coups de couteau, strangulation, incendie, empoisonnement, étouffement, noyade, tabassage/mari et femme se massacrant mutuellement/infanticide ou parricide/inconnus butant d’autres inconnus. Des corps jetés négligemment par terre comme un papier froissé ne servant plus à rien. À chaque fois des gens vivants, ou plutôt qui l’étaient, produisant des ondes de chagrin en cercles concentriques, dans toutes les directions, peut-être pour toujours. 
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La maison est vide à cet instant. Désertée depuis quelques heures et apparemment inerte, pourtant elle remue imperceptiblement, le soleil se déplace dans les pièces, le vent fait vibrer les portes, une dilatation par-ci, une contraction par-là, elle émet des craquements, des rots et des grincements discrets, comme n’importe quel vieux corps. Elle a l’air de vivre, une illusion fréquente avec les bâtiments, à moins que ce ne soit notre façon de les considérer, d’attribuer aux fenêtres des yeux, une humeur, une expression. Personne pour en témoigner, cependant, rien ne bouge hormis le chien qui se lèche tranquillement les testicules dans l’allée.
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…it’s the Rugby World Cup semi-finals, South Africa is playing France later, and the pavements throb and throng with bodies. Never did the middle of town look like this, so many black people drifting casually about, as if they belong here. It’s almost like an African city!
Ceux sont les semis-finals du championnat mondial de rugby, l’Afrique du Sud joue contre la France, les trottoirs sont engorgés de monde. Jamais le centre ville n’a été comme cela, tant de noirs flânants comme s’ils étaient chez eux. On se croirait dans une ville africaine !
( Nous sommes en 1995 à Pretoria, l’Apartheid a été aboli, c’est un blanc qui parle).
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Le vieux révérend est grand, indolent, avec des cheveux bruns ondulés plaqués sur le côté. Sa sœur Laetitia, qui veille sur lui et sa maison, n’étant pas la championne du repassage, son allure générale a quelque chose de chiffonné. La peau de ses mains, son cou et son visage, tout ce qui est visible chez lui est ridé et flasque, et ne donne pas envie de découvrir le reste sous les vêtements. 
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Say you’re sorry and it’s over. It’s just words. Why does it matter so much? You’re a lawyer. You should know that words are everything.
Excusez-vous et ce sera résolu. Ce ne sont que des mots. Pourquoi en faire toute une histoire?
Vous êtes avocat. Vous devriez savoir que les mots sont tout.
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