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Critique de PhilippeCastellain


Lire les mémoires de soldats allemands de la seconde guerre mondiale est toujours un exercice particulier. Mais ça ne sert jamais à rien de faire l'autruche. En l'occurrence, on réalise que si Hitler avait été moins aveugle et si ce gars avait été à la place qui, en toute logique, aurait dû être la sienne, la guerre aurait pu être sacrément plus difficile à gagner.

Mais commençons par le commencement. La jeunesse, les années d'études, la passion pour l'aviation. Grandir dans une Allemagne qui se sent vaincue et humiliée, où la puissance des avions est sévèrement limitée par les traités. Les débuts sur planeur, la difficile intégration dans la petite armée autorisée par l'armistice, dont l'accès est réservé aux meilleurs des meilleurs.

Les choses commencent vraiment avec la guerre d'Espagne. Il fait partie des fondateurs de la légion Condor. A cette époque, l'avantage est plutôt aux républicains, dont les appareils soviétiques (Polikarpov I-15 et I-16, Tupolev SBD) sont en avance sur leurs homologues allemands (Heinkel 51, Junker 52). C'est un peu l'époque « héroïque », où la hiérarchie est assez vague et où la guerre se fait dans des conditions acrobatiques, en remplaçant par des bricolages ce qui manque, et en supportant à coup de gnôle le terrible hiver 1936. Relevé au bout d'un an, il ne verra ni Guernica ni l'effondrement des républicains.

Dès le début de la seconde guerre mondiale, il fait preuve d'un pessimisme rare. Il n'est guère confiant quand commence la campagne de France durant laquelle, on en parle rarement mais c'est un fait, la Luftwaffe subit des pertes faramineuses. Il est encore moins confiant quand commence la Bataille d'Angleterre, conscient que les dites pertes n'ont absolument pas été comblées – et qu'il est le seul responsable militaire à s'en être rendu compte. Très vite, il réalise également que la RAF fait jeu égal, voir les surclasse. Il n'en remporte pas moins plus de cent victoires.

Peu à peu, il monte en grade, jusqu'à devenir général en chef de l'aviation de chasse. Rapidement il se heurte à Goering. Systématiquement, il fait preuve de lucidité sur les faiblesses de l'Allemagne nazi, et sur la folie d'Hitler. Il a une vision d'ensemble, connaît le front, les pilotes, les avions. Il mesure l'infériorité militaire de l'Allemagne, cherche à y remédier mais (heureusement pour nous) est sans cesse contrarié par les directives ineptes d'Hitler.

Galland s'est toujours battu avec loyauté, a toujours traité ses prisonniers de manière chevaleresque. Son attitude vis-à-vis du nazisme est difficile à définir. Il semble se considérer en premier comme un aviateur, en second comme un soldat. Ce sont ses domaines, là-dessus il est lucide et imbattable. Le reste n'est pas sa partie. Après guerre il n'a jamais conseillé Pinochet ou un autre dictateur, et s'est tenu soigneusement à distance des nostalgiques du nazisme – en fait il a continué à s'intéresser uniquement à l'aviation. Peut-être était-il simplement dans le mauvais camp…
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