AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Orphea


Un peu déçue par cette lecture pour plusieurs raisons.

La première : je pensais vraiment que des questionnements plus approfondis sur le choix d'enfanter ou non seraient abordés. Pour moi c'était extrêmement superficiel, ce qui est dommage pour un roman qui est mis en avant pour cela. La narratrice est dans le refus catégorique, il n'y a aucune interrogation sur le rôle qu'on lui a destiné, elle veut explorer et découvrir d'autres planètes, point. Son refus vient de l'impossibilité de concilier ses aspirations et la fonction de "poule pondeuse". Finalement, la question du choix de disposer de son propre corps est assez secondaire.

La deuxième : Je me demande toujours quel imbécile fini a cru que c'était une bonne idée d'élever des jeunes filles en impesanteur (sur la possibilité d'avoir un corps fonctionnel dans un environnement sans gravité, pas d'interrogation non plus...) isolées physiquement de leurs pairs, génétiquement modifiées pour être des matrices parfaites en même temps que des surdouées.
De l'utilité d'avoir des ventres productifs en même temps que des cerveaux aussi performants que ceux des plus grands scientifiques que la Terre ait porté, de cela nous ne discuterons jamais.
Je n'ai toujours pas compris le projet Paideia : pour moi, le projet d'une éducation parfaite n'aurait pas dû concerner ces filles créées pour mettre au monde 5 enfants à la fois pendant 15 ans... Quand auraient-elles le temps de transmettre leur si parfaite éducation à leurs rejetons ?
Bref, le postulat de base de ce roman ne tient pas la route, même en considérant que les derniers terriens n'avaient pas le choix, n'avaient pas le temps, n'avaient que peu de moyens matériels.
Le monde est au bord du gouffre mais si on a des notions basiques de psychologie, de sociologie, de pédagogie pas besoin d'être Einstein pour avorter ce projet débile avant même la conception... L'échec était assuré : mettre ses derniers espoirs dans cette mission qui mélange des aspirations philosophiques très élevées à une nécessité pragmatique mais élémentaire est forcément né dans un cerveau peu oxygéné.
La biologie, la génétique, l'informatique, la physique, la chimie, l'ingénierie spatiale et interstellaire, et tutti quanti c'est super ! Sauf si la connaissance de l'être humain se limite à peau de balle. D'ailleurs, en parlant de peau de balle, pas d'homme dans la conception des enfants à venir, que des paillettes fécondées. Dans l'urgence d'un monde en train de disparaître, on trouve 13 femmes relativement saines pour porter les futures mères de l'humanité, mais l'histoire ne dira pas comment les embryons ont pu trouver des papas désireux d'éjaculer dans des flacons pour la bonne cause...

Que de questions sans réponse ! On m'objectera que le roman n'avait pas pour projet de dresser le tableau d'une humanité moribonde dans un monde apocalyptique. Vrai !


La troisième : le style. Original et travaillé au début, il devient vite superfétatoire (mot pompeux mais parfait pour qualifier mon impression), et comme vidé de substance. Les comparaisons et les métaphores techniques et science-fictionnesques s'enchaînent à un rythme trop rapide pour que le lecteur ne décèle pas l'artifice.
Ce style m'a permis une immersion rapide dans l'univers du roman mais, au bout de cent pages, j'ai trouvé qu'il devenait ostensible.
Pour moi, l'idée était bonne mais une purge aurait été nécessaire. (Les éditions de la Volte ont ce défaut récurrent : le style, le style, le style. C'est beau, c'est bien trouvé, c'est intelligent ! Oh, t'as vu comme c'est intelligent, hein, hein t'as vu ? Comment ça indigeste ? Branlette ?)

La quatrième : des filles supra-intelligentes mais puériles, vindicatives et malsaines. Harcèlement, violence, manipulations, et tout ça sous le regard indifférent des couples parentaux ? C'est ça, l'utopie promise ? Les travers de l'humanité sont reproduits, malgré des modifications génétiques poussées, et il n'y a aucun projet d'éducation derrière ça ? Les filles sont en compétition permanente et nous trouverons dans ce microcosme des leaders charismatiques, des serpillères toutes désignées, des sadiques mégalos... Mais le livre n'avait pas pour titre "Paideia" : une éducation fondatrice du vivre-ensemble démocratique ? On aurait tort de croire que l'on peut recréer une civilisation en se dispensant d'une réflexion morale. Quand intervient-elle dans l'éducation des jeunes filles ?
Devinez, si devinez !!! Jamais ! C'est quand même incroyable pour un roman qui trouve son titre dans une conception platonicienne de la cité.

Bon, je n'y comprends plus rien moi ... mais sur leur échelle, je dois me situer à 2.5, normal que je vois des incohérences (telle notre protagoniste lisant des lignes de codes informatiques, l'élégance et les subtilités nous échappent) où il n'y a qu'harmonie.

Vous avez compris, je n'ai pas vraiment aimé ce roman.
Je ne le déconseille pas.
Je ne le conseille pas. Trop de défauts pour moi.

A sa décharge, j'avais une vraie soif de SF philosophique et politique, la déception est à la mesure de mon désir.




Commenter  J’apprécie          181



Ont apprécié cette critique (16)voir plus




{* *}