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Critique de Allantvers


Avant d'aborder ce Garcia Marquez-là, un peu d'exercice de respiration s'impose : inspirez, expirez lentement. Prenez une grande inspiration...

Et c'est parti, plongez dans le maelstrom ahurissant de ce roman vertigineux, dans l'atmosphère fétide des pièces à l'abandon du palais présidentiel de ce dictateur – patriarche si vieux que l'on a oublié qu'il est déjà mort plusieurs fois. D'ennui, sans doute, même l'exercice de la terreur fini par lasser. Quant au pouvoir, voilà bien longtemps que notre potentat fantoche en a perdu l'illusion.

Continuez de bien respirer en autonomie car les points et les retours à la ligne se font rares pour poser votre souffle. de virgule en virgule, Garcia Marquez vous emmène, de force mais avec un brio envoûtant et un joyeux irrespect pour la chronologie, dans les méandres d'une existence de pacotille, glissant des derniers jours de délabrement du méchant pantin à l'arrivée au pouvoir orchestrée par d'angéliques puissances extérieures, d'un acte gratuit de brutalité crasse à la razzia sur les trésors nationaux, avec en points d'orgue des scènes hallucinées de vengeance culinaire contre l'ancien bras droit qui a trahi ou le spectacle fantasmatique de la mort de la madre du petit père du peuple. le tout allègrement traversé de vaches, de poules, et de très jeunes demoiselles à la merci de l'ancêtre craint et vénéré.

Ce roman est fou, irréel, totalement improbable, et pourtant laisse une sensation de réalité historique incontestable, tant il réussit le prodige de servir par l'imaginaire un condensé des régimes dictatoriaux que l'Amérique latine a connu au siècle dernier, hissant de ce fait son auteur au plus haut rang des écrivains politiques engagés du continent. Bravo !
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