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Critique de afriqueah


Un navire de guerre colombien, venant de Mobile aux USA, en 1955, est pris dans un ouragan à son retour au pays. Huit marins ont disparu en pleine mer Caraïbe, les recherches sont déclarées infructueuses.
Un moribond apparaît cependant sur le rivage : il a survécu sur un canot de sauvetage, après avoir dérivé dix jours sans boire ni manger.
A partir de ce fait divers, dans un pays torturé par la dictature, on célèbre l'héroïsme de Luis Alejandro Velasco, puis, rapidement, un ensemble d'interdits se dresse.

Car il n'y avait justement pas de tempête, mais surcharge : le navire de guerre a capoté à cause d'une charge de contrebande, mal arrimée de plus, ce qui a empêché le sauvetage des sept autres militaires.
Or, pas question que la dictature accepte de se mettre en cause. Une dictature, c'est une dictature.
Gabriel Garcia Marquez, journaliste, donc bien avant son prix Nobel de 1982, est en charge d'écouter le récit de l'unique naufragé , dont l'héroïsme est mis à mal par la publicité payante qu'il a fait sur sa montre, mais qui insiste pour raconter son aventure.
Ce naufragé, dit GGM , puisque c'est lui qui a parlé de la contrebande en surcharge, et de l'absence d'ouragan, non seulement a délaissé l'aura dont on l'avait entouré, en plus, avec courage, il a dynamité sa propre statue. En lisant le récit, le courage durant ses dix jours de lutte pour la vie est, enfin, indéniable.
Il perdra son poste de militaire, quand même.

Le récit jour après jour , commence par une sorte de prescience de Luis, une vague inquiétude, puis par le naufrage subit, la certitude que les secours sont en marche, les avions qui le cherche, puis l'aile d'un requin, de beaucoup de requins qui arrivent à cinq heures.
Désespoir, faim, soif, impossibilité de savoir où aller et de diriger la barque, espoir à la moindre lumière lointaine, désespoir, angoisse, désir de mourir, volonté de survivre malgré tout, hallucinations: tous les sentiments se chevauchent au long des jours de lutte contre les monstres marins, dont Luis ne sait même pas s'ils prendront fin, des nuits sans dormir, et la fatigue extrême.

Un peu comme dans un thriller, qui nous distille la peur, avec chaque jour la ponctuation des changements vécus par le futur rescapé alors que rien ne change, la charge émotive de cette solitude absolue et sans aucun espoir, les épisodes divers de l'aventure en pleine mer, le récit nous oblige à participer, alors au cours des pages nous essayons de survivre, puis, bien que connaissant l'heureuse issue, nous sommes submergés par l'angoisse, la certitude que nous n'en sortirons pas vivants.

Il faut, bien entendu, le génie de l'écriture de Garcia Marquez, lui qui a le don, quand il décrit la soif, de nous donner soif, seulement par sa force d'écrivain, pour que ce récit d'un naufragé nous atteigne autant.
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