AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Cigale17


Je ne connaissais pas du tout Nick Gardel, et j'ai acheté ce roman en partie grâce à la caution de Ian Manook qui signale en bandeau : « Une plume aiguisée à l'humour noir ». Je n'ai compris la photo de couverture qu'à la lecture du prologue : Antoine Spisser, obèse, la quarantaine largement sonnée, se retrouve en équilibre sur le garde-fou du balcon du troisième étage de son immeuble, ce qui donne tout son sel au titre : Laisse tomber… le sous-titre n'est pas mal non plus : Petit manuel de survie en milieu grabataire. Il se justifie pleinement par l'âge des autres propriétaires de l'immeuble qui ont tous dépassé, certains très largement, la soixantaine. Comment a-t-il bien pu en arriver à cette situation aussi ridicule que dangereuse ? L'auteur nous propose au début du roman un plan en coupe de l'immeuble pour que nous puissions nous y retrouver parmi les sept propriétaires. La situation de l'appartement d'Antoine Spisser, comme le fait qu'il ne travaille pas et qu'il soit presque tout le temps chez lui, incite à souvent prendre le gros monsieur pour le concierge et à lui demander de menus services. Justement, Clarisse Desmastien, vieille taupe richissime et acariâtre, a sollicité son aide pour changer un lustre. Elle s'est montrée tellement désagréable qu'ils ont eu des mots et qu'Antoine, ne supportant plus les insultes de la vieille bique, lui a retourné une gifle magistrale qui l'a envoyée se cogner le front sur la clé d'un ravissant petit meuble, clé qui ne rencontra pas beaucoup de résistance et qui tua la vielle dame en perçant sa boîte crânienne. La boulette… Antoine regrette évidement son geste. Enfin, il regrette la gifle, mais il n'a pas l'intention de remettre en place tous les objets de prix qu'il a piqués dans la cave de la vieille Desmastien pour améliorer sa situation de rentier presque à bout de ressources. Reste à savoir si, dans cet immeuble où tout le monde épie tout le monde, quelqu'un l'a vu sortir de l'appartement ou remonter de la cave les bras chargés…

Ce roman très noir et, somme toute, assez désespéré m'a par moment fait rire aux éclats ! Tous ces petits vieux malheureux, solitaires pour la plupart, malades pour certains donnent une très déprimante idée de la vieillesse, même dans un certain confort matériel. Vous verrez aussi que, au 8 de l'allée Auguste Bartholdi, on meurt beaucoup, rarement de mort naturelle. Et pourtant… et pourtant, grâce à des personnages improbables (mention spéciale pour « l'intrus », le capitaine Berchtold qui tente de mener l'enquête), une intrigue bien ficelée, et surtout une écriture au scalpel, j'ai adoré ce roman, moi qui ai l'âge de certains des protagonistes : jeux de mots divers, aphorismes cyniques et mordants, métaphores filées incongrues et amusantes, vérités pas bonnes à dire, bref un régal ! J'ai supprimé beaucoup des petits post-it par lesquels je signale d'éventuelles citations, et il m'en reste encore trop… Je vais essayer de me limiter. Je vous garantis quelques heures de lecture infiniment divertissantes.
Commenter  J’apprécie          130



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}