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EAN : 9782919066735
212 pages
Editions du Caïman (26/03/2019)
4.14/5   22 notes
Résumé :
Antoine Spisser est obèse. Ça ne le définit pas, mais ça le décrit assez bien. Surtout quand il se retrouve en équilibre sur la rambarde d'un balcon à 15 mètres du sol. Mais ce qui l'a amené dans cette situation est une autre histoire. Et ce ne sont pas les copropriétaires de son petit immeuble qui vous diront le contraire. Enfin... Ceux qui sont encore en vie...
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Je ne connaissais pas du tout Nick Gardel, et j'ai acheté ce roman en partie grâce à la caution de Ian Manook qui signale en bandeau : « Une plume aiguisée à l'humour noir ». Je n'ai compris la photo de couverture qu'à la lecture du prologue : Antoine Spisser, obèse, la quarantaine largement sonnée, se retrouve en équilibre sur le garde-fou du balcon du troisième étage de son immeuble, ce qui donne tout son sel au titre : Laisse tomber… le sous-titre n'est pas mal non plus : Petit manuel de survie en milieu grabataire. Il se justifie pleinement par l'âge des autres propriétaires de l'immeuble qui ont tous dépassé, certains très largement, la soixantaine. Comment a-t-il bien pu en arriver à cette situation aussi ridicule que dangereuse ? L'auteur nous propose au début du roman un plan en coupe de l'immeuble pour que nous puissions nous y retrouver parmi les sept propriétaires. La situation de l'appartement d'Antoine Spisser, comme le fait qu'il ne travaille pas et qu'il soit presque tout le temps chez lui, incite à souvent prendre le gros monsieur pour le concierge et à lui demander de menus services. Justement, Clarisse Desmastien, vieille taupe richissime et acariâtre, a sollicité son aide pour changer un lustre. Elle s'est montrée tellement désagréable qu'ils ont eu des mots et qu'Antoine, ne supportant plus les insultes de la vieille bique, lui a retourné une gifle magistrale qui l'a envoyée se cogner le front sur la clé d'un ravissant petit meuble, clé qui ne rencontra pas beaucoup de résistance et qui tua la vielle dame en perçant sa boîte crânienne. La boulette… Antoine regrette évidement son geste. Enfin, il regrette la gifle, mais il n'a pas l'intention de remettre en place tous les objets de prix qu'il a piqués dans la cave de la vieille Desmastien pour améliorer sa situation de rentier presque à bout de ressources. Reste à savoir si, dans cet immeuble où tout le monde épie tout le monde, quelqu'un l'a vu sortir de l'appartement ou remonter de la cave les bras chargés…

Ce roman très noir et, somme toute, assez désespéré m'a par moment fait rire aux éclats ! Tous ces petits vieux malheureux, solitaires pour la plupart, malades pour certains donnent une très déprimante idée de la vieillesse, même dans un certain confort matériel. Vous verrez aussi que, au 8 de l'allée Auguste Bartholdi, on meurt beaucoup, rarement de mort naturelle. Et pourtant… et pourtant, grâce à des personnages improbables (mention spéciale pour « l'intrus », le capitaine Berchtold qui tente de mener l'enquête), une intrigue bien ficelée, et surtout une écriture au scalpel, j'ai adoré ce roman, moi qui ai l'âge de certains des protagonistes : jeux de mots divers, aphorismes cyniques et mordants, métaphores filées incongrues et amusantes, vérités pas bonnes à dire, bref un régal ! J'ai supprimé beaucoup des petits post-it par lesquels je signale d'éventuelles citations, et il m'en reste encore trop… Je vais essayer de me limiter. Je vous garantis quelques heures de lecture infiniment divertissantes.
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Titre :  LAISSE TOMBER (Petit manuel de survie en milieu grabataire)

Auteur : Nick GARDEL

Editions : Editions du Caïman

Genre : Polar

Nombre de pages : 209

Date : 2019 

Prix : 12 €





Présentation physique du livre :

Un livre de petit format comprenant environ  200 pages.

La couverture représente des baskets dans le vide.



Résumé : 



Antoine Spisser est obèse. Ça ne le définit pas, mais ça le décrit assez bien. Surtout quand il se retrouve en équilibre sur la rambarde d'un balcon à 15 mètres du sol. Mais ce qui l'a amené dans cette situation est une autre histoire. Et ce ne sont pas les copropriétaires de son petit immeuble qui vous diront le contraire. Enfin... Ceux qui sont encore en vie...



Sur l'auteur et son univers :

http://nickgardel.e-monsite.com/

Nationalité : France 
Né(e) à : Hauts-de-Seine , le 24/08/1971
Biographie : 

Si Desproges revêtait ses plus beaux atours pour agacer la libido d'un Exbrayat ayant viré sa cuti, le résultat de telles amours coupables aurait sans doute donné une calamité biblique comme l'est Nick Gardel.
Ni Rasta ni danseur de Tango, le type s'ingénue à valser avec les mots. Son quadrille lexical n'a aucun sens, mais il lui arrive de lorgner du côté des aînés illustres. Ça tombe bien, Nick Gardel est né dans les années 70, élevé par des tontons, biberonné au Bebel magnifique ou marginal et il balance des mandales comme Lino.

Mais, chez lui, point de nostalgie, le verbe se mâchonne avec des pâtes et des potes, entre Brassens et Thiéfaine. 
Le noir et le polar n'ont qu'à bien se tenir, c'est avec le sourire qu'il les alambique. le roman de gare y retrouvera au moins ses lettres de noblesse.


Sur les éditions : 

Les éditions du Caïman sont nées en janvier 2010 à Saint-Etienne et proposent plusieurs collections :

- "Polars en France", "Polars du Monde" et "Thrillers" s'inscrivent sur un territoire identifié, ce territoire devenant pratiquement un élément-clé du roman...

-"Noires nouvelles" des recueils, individuels ou collectifs, questionnant un point historico-politique.

-"Albums" et "romans jeunesse" qui abordent des faits de société.

Quelques années d'existence seulement mais déjà une belle carte de visite pour "le Caïman", avec plusieurs prix littéraires obtenus, de nombreuses sélections en cours, de belles découvertes d'auteurs et de plus en plus d'auteurs confirmés qui nous font l'honneur d'ajouter leurs signatures à notre catalogue.

Si l'on ajoute que nous bénéficions d'une diffusion-distribution nationale via la société POLLEN-CEDIF pour les livres papier et Primento pour les livres numériques, que nous publions à compte d'éditeur, imprimons en Europe et sommes présents sur les principaux salons nationaux, voire internationaux... nous vous aurons presque tout dit.

Il ne vous reste plus qu'à découvrir nos titres !



AVIS
Un grand merci aux éditions du Caïman pour la transmission de ce polar tout  fait original et à l'humour plus que décalé.



Début du livre : 

Bon dans l'absolu tout le monde s'en fout.

 Les gens vivent au ras du sol et plus personne ne lève le nez.

Un polar d'un nouveau genre avec un humour plus que décalé et noir.

Une situation sordide et des personnages totalement loufoques.

Tout se passe dans un petit immeuble comprenant 7 appartements et donc 7 personnes qui sont toutes seules.

Sur le plan en photo, vous verrez la situation de chacun.

Et un jour, le drame. L'un des habitants est tué dans des conditions particulièrement sordide mais laissant penser à un accident domestique. Et la police va venir mettre son nez dans cet immeuble où de nombreuses choses sont tues et cachées.



Les personnages :

- Alors le personnage principal Antoine est obèse et ne fait rien de ses journées; au grand dam de certaines de ses voisines.

J'ai la rotondité bonhomme mais la tuyauterie qui ne fait pas dans le jovial.



- En face, Mme Wolfberg est une femme acariâtre, veuve de surcroît, qui n'aime personne et a même du mal à supporter sa soeur, qui vient lui rendre visite. Cette voisine, passe son temps à épier les allées et venues des habitants de l'immeuble.

Tu vas finir par loucher à rester l'oeil collé à ce judas.



- Au-dessus d'Antoine, il y a Mme Desmastien: personne âgée qui prend Antoire pour son larbin et ne le supporte pas. Elle ne cesse de lui demander de l'aide, surtout quand son neveu ne peut se déplacer. Et elle se plait à l'humilier et à l'insulter.

Allez bougez-vous ! Ca ne peut pas vous faire de mal !



- En face Mme Desmastien, il y  M. Orsini, un vieux monsieur qui va faire chanter Antoine après lui avoir révélé ce qu'il sait. Et son chantage est odieux.

Me voila donc à votre merci. Vous êtes bien mal tombé pour un chantage !



- Au dessus il y a trois appartements :

. Mme Meursang vit seule mais semble parler à longueur de journée à son mari. Comment cela est-il possible ?

Je ne t"ai pas dit ? La voisine d'en dessous.



. Mme Boisnard : cette septuagénaire semble au-dessus de tout soupçon. Elle emploie la même feme de ménage roumaine que Mme Desmastien.

Janine ne demande jamais de service.



. Mme Roggen : cette dernière cache de nombreuses choses chez elle qu'Antoine va finir par découvrir ahuri;

Il était là, museau pointu, oreilles dressées



La nature de l'histoire : un polar comme vous n'en trouverez pas ailleurs



Le style de l'auteur : particulier mais vraiment agréable pour ma part. Nous sommes dans un huit clos dont le décor est un petit immeuble qui semble sans histoire avec des gens convenables et tous très bien sous tout rapport.... mais à y regarder de plus près, c'est une autre histoire !!!!!



Sur la forme de l'histoire :

Le livre est divisé en plusieurs chapitres portant sur chaque voisin et son rapport avec Antoine, le personnage principal.

Le texte aéré et la plume  fluide en font une lecture agréable.



Conclusion :

Ce livre est à la portée de tous. Mais je pense qu'il peut ne pas plaire à tous. Moi personnellement j'ai bien apprécié sans pour autant que cela soit un coup de coeur.
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La chronique jubilatoire de Dany
Avec sa gouaille habituelle, son sens du calembour et ses personnages hors normes, l'auteur nous présente les tribulations d'un obèse qui a des difficultés à s'assumer.
Pourtant il a eu de la chance Antoine, il vit comme on dit « de ses rentes » mais du fait de son appartement en rez-de-chaussée, on le confond avec le gardien de l'immeuble. Il se voit alors contraint de rendre service … et c'est alors que tout tourne mal !
Coté fiche pratique de bricolage, de volets (cf. Droit dans le mur) il n'est plus question, cette fois nous apprenons à fabriquer nos produits de nettoyage domestiques (désinfection du frigo et joints de salle de bains), écologiques et économiques.
Des copropriétaires encombrants et complètement barrés vont rendre la vie d'Antoine quasi impossible. Et c'est aussi une réflexion grave sur la vieillesse et la dépendance qui s'invite chez le lecteur …
Nous découvrons également l'approche du doute comme philosophie de comportement : la zététique.
L'auteur émaille son récit de références cinématographiques, le jardin secret d'Antoine.
Oui, tout pourrait aller pour le mieux dans la vie d'Antoine, pas aussi vieux que ses voisins, mais cependant handicapé par son embonpoint. Dans cet immeuble, le drame vient des voisins du dessus ! Souvent les voisins du dessus ! Et quand survient un accident mortel, c'est un enquêteur placardisé et incompétent qui va être chargé de l'enquête. Il voit là l'occasion de redorer son image et va mettre tout en oeuvre pour confondre des innocents ! Tous suspects sauf peut-être le véritable auteur de la bavure …
Nick Gardel nous balade dans cette « aventure alsacienne » et son héros n'est pas sans rappeler le « pauvre » Martin de ses débuts (cf. le cercle d'agréables compagnies) victime des coups du sort incongrus autant qu'improbables. 212 pages, je l'ai dit, de rigolades … mais où va-t-il chercher tout ça ! 212 pages truffées de surprises comme on aimerait en lire d'avantage dans ce monde de brutes, car en fin de compte, c'est bougrement bien écrit !
Trop court Monsieur Gardel, même si certains personnages ne sont pas en état de servir une deuxième fois, on en redemande !
Merci Nick de m'avoir fait confiance pour cette lecture avant-première
Lien : https://collectifpolar.fr/20..
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On attribue à Jean Gabin la citation suivante; pour faire un bon film il faut trois choses: premièrement une bonne histoire, deuxièmement une bonne histoire, troisièmement une bonne histoire. Et il ajoutait: le reste c'est de la littérature d'empapaouteurs de mouches.
Cette littérature d'empapaouteurs de mouches, il y a longtemps que Nick Gardel l'a envoyée au terminus des prétentieux, et il le prouve une nouvelle fois avec ce petit joyau d'humour noir.
L'essentiel dans le mot et la formule. D'aucuns prétendront que je ne saurais faire preuve d'impartialité lorsque je lis un roman de Nick Gardel, ce à quoi je répondrai qu'après avoir lu l'intégralité de la production littéraire de ce monsieur et m'être régalé à chaque épisode, je commence plutôt bien à le connaître, même si là encore il est capable de me surprendre.
Alors, qu'avons-nous dans « Laisse tomber »? le sous-titre, savoureux, nous met déjà dans l'ambiance. C'est Arsenic et Vieilles Dentelles, c'est Cocoon qui rencontre les tontons flingueurs. Dans un immeuble a priori anodin, où vivent un bel ensemble de représentants du troisième voire du quatrième âge, Antoine Spisser fait tache. Ce gros homme inactif qui se contente de vivre devant une vidéothèque conséquente en épuisant peu à peu la rente héritée de ses parents, semble n'avoir aucun avenir que celui de végéter dans son appartement du rez-de-chaussée. Etant le plus jeune, il passe un peu pour le concierge et l'homme à tout faire. Sa rencontre tout autant fortuite qu' « utilitaire » avec sa voisine du dessus, Clarisse Demastien, va l'obliger à sortir de son existence pantouflarde…
Comme toujours chez Nick Gardel, la galerie de personnage s'avère toujours savoureuse : on a droit à la veuve richissime et acariâtre, une autre mauvaise comme la teigne, le témoin de Jéhovah, le vieil artiste peintre Italien tout nu, la femme et son « curieux » mari… Sans compter le policier, le capitaine Berchtold, un condensé de Columbo et surtout de Clouseau dans toute sa splendeur. C'est au fil des pages que ce petit monde baigné à l'eau de Cologne Mont-Saint-Michel et au Steradan laisse tomber sa carapace de bienséance pour révéler sa vraie nature, aussi féroce que cruelle. Un univers que celui envie, parce que la marge entre le franchement noir et le plutôt léger est faible, et la juste mesure pas facile à doser. Mais Nick connait la musique, voire la bonne cuisine…
Probablement un des romans les plus noirs de l'auteur, mais toujours avec cette point d'humour en coin, comme le gamin surpris à vous claquer un élastique aux fesses et qui répond à votre colère avec ironie: allez , c'est pas grave. Laisse tomber!
Moi en tout cas, j'en redemande !!!
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Mon retour sur Laisse tomber, du rondouillard et talentueux Nick Gardel.

C'est la troisième, ou quatrième, je ne sais plus, perle noire du gazier que je m'enfile. C'est ce que j'appelle une valeur sûre. Il y a des auteurs comme ça dont on est certain qu'ils ne vont pas vous décevoir, autant qu'on est sûr que certains autres ne vont pas vous enthousiasmer.
S'il y a une chose que je peux lui reprocher, à part son attirance pour les jeux de mots - qui sont, je vous le rappelle, des pets de l'esprit - à laquelle il peut rien, le pauvre... s'il y a bien quelque chose que je peux lui reprocher, c'est un certain mal à s'affranchir de ses maîtres et à sortir de ses petites habitudes d'écriture.
Le style truculent à la Audiard, c'est bon, on sait qu'il le maîtrise, il fait ça parfaitement, mais qu'est-ce qu'il y a d'autre sous le capot de cette DS qu'est Gardel ?
La réponse est peut-être dans ce nouveau roman. Gardel prend un virage, non pas à 180 degrés comme tu t'attendais à ce que j'écrive, gorgé de poncifs que tu es, mais à 51. Degrés.
Comme le pastaga.
La truculence est toujours là, mais elle se dote d'un fond plus rugueux, avec davantage de relief. La nostalgie est toujours là, mais au service de ses (vieux personnages), et pas pour flatter celle de l'auteur. Gardel a des choses à dire, sur la vieillesse qu'est un naufrage et qui lui pend au nez, comme je l'ai fait sur Epilogue, comme l'a fait un auteur indépendant que je m'apprête à lire. La vieillesse, un thème à la mode, je trouve, en tout cas en littérature. Les antihéros que Gardel met en scène sont criants de vérité, et le côté polar de cet ouvrage est anecdotique. le meurtre n'en est même pas un, mais ça suffira à ceux qui aiment bien ranger les livres dans des cases...
C'est une fois de plus à une petite leçon d'écriture à laquelle nous convie donc Gardel, dont le mot est toujours juste, et qui fait paraître facile le boulot abattu. Par exemple, les réflexions du gros bonhomme par qui tout arrive sont aussi hilarantes que pleines de bon sens. Dommage que ses états d'âmes ne prennent pas plus de place dans le bouquin, j'aurais bien fait un bout de chemin plus long avec ce type aussi lymphatique que lucide.
Oui, il a encore progressé, ce bougre de Gardel. Il m'a fait rire plus qu'il m'a ému, à cause de sa fichue verve qui fauche un peu au pied les émotions. J'ai fortement pensé à Daniel Pennac en lisant ce roman. Y a pire comme référence.
J'attends encore que, comme Pierre Lemaître qui délaissa pour le meilleur son terrain de prédilection (le polar noir) pour de la "blanche", Gardel hausse encore ses ambitions d'un cran et offre le chef d'oeuvre qu'on est en droit d'attendre d'un type aussi doué avec son clavier.
Une dernière chose : j'ai été assez déçu par la fin. Je ne sais pas ce qu'il se passe, en ce moment, avec les livres que je lis, mais c'est comme des massages thaïlandais sans la finition.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
— Vous enseignez aux gens à douter ?
— C’est cela. Disons que, plus modestement, j’essaye de leur apprendre à développer des armes de défense contre les raccourcis et les approximations qui permettent aux charlatans de s’installer. Rien de bien extraordinaire, voyez-vous. Du bon sens, je suis sûr que dans votre métier vous pratiquez cela quotidiennement.
— Pas à ma connaissance. Le cursus policier ne comporte aucune formation aux techniques… comment dites-vous déjà… zététiques.
— C’est essentiellement un mot, mais je suis sûr que vous en maîtrisez les fondements de façon intuitive.
— Un bon enquêteur doute, c’est sûr.
— Exactement. Par exemple, dans vos interrogatoires, vous connaissez le principe des moisissures argumentatives de l’esprit ?
— Des quoi ?
— Vous voyez, c’est un des premiers postulats, si vous voulez imposer une idée, commencez par définir un vocabulaire. En fait, derrière cette appellation obscure je faisais référence à une série de processus logiques que l’on met en œuvre pour dissimuler sa mauvaise foi.
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C’est comme cela qu’après avoir fait le tour des merveilles cinématographiques qu’on associe généralement à un plat de pâtes, d’une trilogie des dollars jusqu’aux différents « il était une fois », poussant même aux limites d’un héros cradingue qui s’appellerait personne, je me noyais dans le grand Ouest américain classique en suivant distraitement les péripéties d’un Gregory Peck mené à la baguette par le sémillant égyptien Omar Sharif, plus mexicain que jamais. La scène de l’ombre d’un piton rocheux indiquant l’entrée d’une vallée merveilleuse valait bien les deux heures molles de cet « Or de McKenna ». Parfois le souvenir d’un émerveillement d’enfant suffit. Le cinéma a cette force, il peut vous marquer l’esprit si profondément que même le temps n’arrivera pas à effacer cette sensation. Distordue, délavée, déformée, mais toujours vivace, elle reviendra par surprise des décennies plus tard, essayant de se faire une place dans votre réalité mémorielle. 
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Orsini est la caricature du vieillard. Voûté, la peau parcheminée et plissée comme un lit défait, il a dans les yeux une éternelle tristesse qu’aucun sourire ne pourra jamais totalement effacer. Son front a gagné la lutte de terrain sur sa chevelure blanchie qui se retire néanmoins dignement dans l’arrière-pays de son crâne. Ses lobes d’oreilles accusent les ans, dévorés par la broussaille, tandis qu’un nez large s’épate entre rides et poches, ombrant des lèvres fines sans teinte. Orsini n’a pas d’âge, mais le compteur a dû sacrément tourner. C’est le seul représentant mâle de notre copropriété, si on excepte mon auguste personne. Il est la preuve que cacochyme s’accorde surtout au féminin, les hommes lâchant la cordée bien avant le sexe prétendu faible.
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Élever ma masse et gravir les étages n’a jamais été une sinécure pour moi. L’escalier est l’ennemi du gros. Il procure un sentiment erroné de stabilité. Une succession de petits efforts qui donne l’illusion du réalisable. Mais la répétition de ces stations minuscules que sont les marches est pire qu’un chemin de croix. Trop étroites pour décider d’y faire une pause, on les enchaîne témérairement. On surpasse ses propres capacités pour atteindre le palier suivant. Là, le retour en arrière n’est plus envisageable, l’énergie mise en jeu ne peut être gaspillée, il faut monter, encore, coûte que coûte, malgré le corps qui rechigne, le souffle qui manque, le cœur qui s’alarme et le système sudoral qui s’emballe
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« …j’enseigne la zététique à l’université.
— L’esthétique ? interrogea Berchtold soupçonneux.
— Non Zé-té-tique, avec un Z. C’est la science du doute.
— Du doute ?
— Oui, le doute, l’esprit critique, la remise en question des croyances paranormales.
— Vous enseignez aux gens à douter ?
— C’est cela. Disons que, plus modestement, j’essaye de leur apprendre à développer des armes de défense contre les raccourcis et les approximations qui permettent aux charlatans de s’installer. Rien de bien extraordinaire, voyez-vous. Du bon sens, je suis sûr que dans votre métier vous pratiquez cela quotidiennement.
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Vidéo de Nick Gardel
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