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Critique de Pancrace


Dans la fin des années 70 j'ai reçu ce roman comme le premier « livre du mois » des éditions France-Loisirs auxquelles j'étais abonné à l'insu de mon plein gré comme beaucoup… Je devais le renvoyer, sinon, je le payais. Bien sûr, il est resté à trôner de belles années dans la chambre d'amis sur la cheminée art-déco en marbre noir moucheté surmonté de l'incontournable miroir bordé de doré où se reflétait mon air perplexe : lira, lira pas ?
Finalement, je ne l'ai jamais lu, ni d'autres Gary non plus d'ailleurs. J'estimais ça ringard !
Je l'ai laissé là, pour « faire bien » quand des parents viendraient. C'était nul.
A l'époque je lisais SAS, j'aimais bien quand Malko Linge faisait les quatre-cents coups dans le monde entier pour payer un pan de la toiture de son château en Autriche. Trop classe !
Alors, l'histoire d'un gamin rebeu de dix ans qui habite chez une vieille pute un immeuble à Belleville au sixième étage, je m'en tapais total.
J'habitais alors au Père-Lachaise, tu parles d'un dépaysement !
Et puis, un auteur qui signait même pas de son nom alors que tout le monde savait c'est qui. Quel snobisme ! Vous formalisez pas pour le style, je fais comme Momo, j'explique…

Les années sont passées plus vite que je n'aurais pensé et du coup, je colmate les brèches comme Malko sa toiture. Avec des idées moins arrêtées et moins préconçues surtout.

Je l'ai lu avec des yeux couleur d'enfants et j'ai pris plaisir au jeu de l'inconscience…

Et puis je ne savais pas que madame Rosa était aussi Juive que Momo Musulman avec de l'intelligence et surtout de l'amour comme du beurre dedans.
« Madame Rosa et moi, on peut pas sans l'autre. C'est tout ce qu'on a au monde. »
J'ai monté les six étages de l'immeuble sans m'essouffler, jamais.
J'étais content comme Momo de retrouver Madame Rosa déglinguée mais vivante.
J'ai croisé les voisins à chaque étage et j'ai appris à reconnaitre l'abnégation, la gentillesse sans fard et l'humilité.

Et puis j'ai constaté que Emile-Romain était le pape de la « punchline » et que son « flow » et plus fort que Big Flo et Oli qui peuvent prendre une tisane et aller au lit.
Alors qu'en 1975 le rap émergeait à peine M. Ajar-Gary a su écrire le mal-être, le racisme, la misère, la fraternité, la sexualité, l'ostracisme, l'amour et la mort comme un punchlineur à grands coups d'eye-liner sur les yeux de Madame Rosa à la lucidité épuisée aussi bien que le dévouement jusqu'au sacrifice, l'espoir et la volonté dans le coeur arc-en-ciel de Momo. Yo.

C'est « La vie devant soi » avec la mort aux trousses quand même.

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