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Critique de gerardmuller


La Vie devant soi / Emile Ajar (Romain Gary) Prix Goncourt 1975
Fait unique dans l'histoire du Goncourt, c'est Romain Gary qui se cache derrière Emile Ajar et qui obtint en 1975 pour la seconde fois le Prix Goncourt après celui obtenu avec « Les Racines du Ciel » en 1956. le subterfuge ne fut révélé qu'après le suicide de Romain Gary en 1980.
Momo, le narrateur, est un petit garçon arabe confié –à Madame Rosa, une vieille dame juive qui garde les enfants des « putes » comme dit Momo ; elle demeure au 6e étage, une hauteur difficile d'accès à son âge. C'est une histoire d'amour et d'une immense tendresse entre deux êtres qui n'ont pas été épargnés par le destin. Comme le dit dans son langage Momo, « la vie ça ne pardonne pas » !
« Monsieur Hamil, est-ce qu'on peut vivre sans amour ? » demande Momo qui a à peu près dix ans ? le ton est donné dès le début de ce magnifique roman. La suite : « Au début je ne savais pas que je n'avais pas de mère et je ne savais même pas qu'il en fallait une… »
Ce roman bouleversant, complètement baroque, est un merveilleux roman d'amour, et le talent de l'auteur se révèle dans son art de faire parler Momo, un garçon intelligent et sensible, plein de bon sens, lucide, qui retient des phrases toutes faites qu'il a entendues déci delà sans bien les comprendre et qui les répète à l'occasion et souvent à mal escient ou de façon déformée, aboutissant à des incongruités souvent délicieuses et tragiques parfois. L'humour n'est pas absent pour autant. Avec des mots tout simples et du style, Gary a réussi à créer une vie plus vivante que notre vie de tous les jours avec des personnages haut en couleur.
Momo est fin observateur : « J'ai souvent remarqué que les gens arrivent à croire ce qu'ils disent, ils ont besoin de ça pour vivre. »
Enfin Momo qui vit dans la crainte que Madame Rosa meure devient philosophe : » C'est quand même marrant de s'imaginer que la mort peut entrer et s'asseoir, le chapeau sur les genoux et vous regarder dans les yeux pour vous dire que c'est l'heure. » Momo a grandi, il a alors quatorze ans et comprend de mieux en mieux.
Un roman atypique inoubliable. Une performance de l'auteur.
Quelques bons mots de Momo :
« Il se marrait tout le temps car il était né de bonne humeur. »
« Il était déjà très vieux quand je l'ai connu et depuis il n'a fait que vieillir. »
« Je savais que j'avais toute ma vie devant moi mais je n'allais pas me rendre malade pour ça. »
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