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Critique de raton-liseur


J'espérais, plusieurs années après la lecture des Racines du ciel retrouver le même élan, la même utopie qui m'avaient alors tant plus. Mes lectures adolescentes sont peut-être trop loin ou trop naïves, car la plume de Romain Gary m'a cette fois déçue.
D'abord le titre est trompeur puisqu'il n'y est pas question de la consommation usuelle de substances hallucinogènes, et on se demande si le rédacteur de la quatrième de couverture de l'édition Folio a lu ne serait-ce que deux pages du livre tant le résumé est sans rapport aucun avec le livre.
Passée cette déception première, il faut que j'avoue que le sujet véritable du livre, ou plutôt les sujets tant les angles de lecture sont variés, ne sont pas tous pour me déplaire. C'est une vision très cynique et grinçante du colonialisme et des relations Nord-Sud dans les années 50 ou 60, une description de la montée d'un nouveau caudillo d'une ironie mordante et sans espoir. Et puis il y a aussi cette réflexion omniprésente sur la limite de l'homme, sa réalité, sa capacité à se dépasser, incarnée par cette troupe d'artistes qui se retrouve au milieu d'un de ces sempiternels changements de régime dans un pays fantoche d'Amérique Centrale.
La description politique, où chacun en prend pour son grade, que ce soit l'Américain cynique, l'humanitaire complètement aveugle aux conséquences de ses actes ou l'Indien qui s'élève au-dessus de la masse, m'a plu pendant une cinquantaine de pages, puis est devenue lassante à force de redite. J'ai fini par m'ennuyer de la vulgarité gratuite, et de cette méchanceté tout aussi gratuite qui ne fait que se répéter sans rien apporter. Si le but était de dénoncer, la moitié du livre y suffisait, au-delà il fallait trouver autre chose.
Quant à la réflexion sur la condition humaine, je ne l'ai pas trouvée dénuée d'intérêt même si je ne saurais exposer la thèse de Romain Gary. Il en ressort une sensation non de désespoir, mais d'absence d'espoir. Y a-t-il encore des Saints auxquels se vouer ? Dépasser sa condition d'homme n'est-il toujours qu'une illusion, un truc de plus en plus perfectionné ? Mais Romain Gary a la tristesse joyeuse, le maquillage de l'amuseur cache les larmes, les rires masquent l'abime.
En définitive, voilà un livre qui n'était pas fait pour moi, dont j'ai failli abandonner la lecture une ou deux fois, mais qui me laisse le goût d'une farce qui ne se veut comique que pour cacher le tragique. Une description réaliste de notre monde, en tout cas probablement fidèle à la vision que Romain Gary en avait. Une allégorie au goût amer.
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