"La date à laquelle ces révélations seront faites sera déterminée par Robert et Claude Gallimard en accord avec mon fils."
Signé
Romain Gary, 30 nov. 1980.
Deux jours plus tard, l'auteur quittait volontairement ce monde.
La reproduction de ce mot manuscrit figure en exergue d'un texte posthume publié le 17 juillet 1981. Cette brève explication de la supercherie a fait l'objet d'un nouveau tirage, simultanément à la diffusion de L'enchanteur, téléfilm très réussi avec
Charles Berling, plus Gary que nature et la pétillante Claire de la Rüe du Can, pensionnaire très jeune de la
Comédie-Française.
Dès lors, j'ai eu envie d'en savoir davantage sur les motivations du grand écrivain à se tirer une balle dans le pied. Je suis à peine plus savant après lecture. Néanmoins, j'ai retenu quelques arguments et raisons d'être, noyés dans la critique acerbe (à juste titre) du parisianisme et dans le flot de citations produites par des lecteurs attentifs ayant reconnu Gary dans
Ajar, à l'inverse de critiques piètres lecteurs. Je n'en citerai qu'un, sous peine de griller l'essence de 43 pages que l'on peut classer comme document historique :
"J'étais las de n'être que moi-même."
Ce moi-même façonné par sa mère, dont il a réalisé toutes ses projections. Au point peut-être de se défaire d'un destin tracé et de s'inventer un double original, sacré par un Goncourt.
"Recommencer, revivre, être un autre fut la grande tentation de mon existence."
Disparaître pour mieux réapparaître, quel beau thème de roman, ou le grand fantasme de l'éternel recommencement.