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Critique de Dossier-de-l-Art


En prélude au 40e anniversaire de la mort de Jacques Prévert (1900-1977) qui sera célébré en 2017, les éditions Gallimard publient ce bel ouvrage à lire comme un roman, sous la plume de Danièle Gasiglia-Laster qui est aussi l'auteur de la préface des OEuvres complètes du poète dans la collection de la Pléiade. Extraits de poèmes, tapuscrits, documents d'archives, collages, lithographies et clichés de photographes célèbres ponctuent la maquette de ce livre dont les pages défilent au gré de l'oeuvre, en une déambulation au coeur de la capitale.

On y suit l'écrivain enfant, rue de Vaugirard, alors que le jardin du Luxembourg lui sert de terrain de jeux ; adepte de l'école buissonnière, il jouit de la complicité d'un père fantasque qui l'emmène au cinéma du Panthéon, l'une des premières salles de Paris (Pierre son petit frère sera cinéaste) ; on le retrouve dans l'église Saint-Sulpice où il est baptisé à l'âge de 11 ans pour satisfaire un grand-père « très bigot », véritable figure repoussoir qui rendra Jacques Prévert « iconoclaste et rebelle » dès l'enfance. Son certificat d'études en poche, le jeune homme quitte définitivement l'école pour arpenter la ville, exerçant divers petits métiers tout au long d'une adolescence agitée. À Montparnasse, il fréquente « des modèles, des peintres et des drôles de gens », à Saint-Germain-des-Prés c'est la brasserie Lipp qui retient son attention. « Nul besoin de voyager », Paris est international.

Au fil des pages, surgit encore le Paris joyeux et insouciant des surréalistes, la vie de bohême aux côtés du peintre Tanguy et de Robert Desnos. Dans les années 1920, tout ce petit monde se réunit au café Cyrano, place Blanche, ou bien rue Fontaine jusqu'à la brouille avec André Breton. Quelques années plus tard, Prévert qui écrit maintenant pour le cinéma, notamment pour Marcel Carné, parvient à vivre de sa plume. La « bande à Prévert » côtoie celle de Sartre au café de Flore. Dans le Paris de l'après-guerre, il se lie avec Picasso (préférant souvent la compagnie des peintres à celle des écrivains) auquel il rend visite en compagnie de Brassaï dans le fameux grenier de la rue des Grands-Augustins.

Il est devenu le poète français le plus populaire du XXe siècle et en 1946, avec la naissance de sa fille Michèle, « la valse des adresses » se calme et sa vie se stabilise. Son dernier domicile parisien sera cité Véron dans le XVIIIe ; la famille Prévert y jouit d'une grande terrasse adossée au Moulin Rouge, avec pour voisin Boris Vian.

Par Nathalie d'Alincourt, critique parue dans L'Objet d'Art 529, décembre 2016
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