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Critique de daniel_dz


Voici une approche méthodique d'analyse des solutions que l'on pourrait apporter au problème de réduction des émissions de CO2, avec un appel enthousiaste à nos capacités d'innovation. le livre est écrit par un ingénieur curieux et enthousiaste. Il s'appelle Bill Gates, mais peu importe. Je vous recommande cette intéressante étude, même si le fait qu'elle soit écrite par un ingénieur-investisseur introduit quelques biais.

J'ai reçu ce livre d'un chef d'entreprise belge intéressé par les questions climatiques. Pour l'anecdote, il y a quelques dizaines d'années, il a effectué un stage d'étudiant chez Microsoft et il a eu l'occasion de croiser Bill Gates; il en garde le souvenir d'un homme simple et accessible.

Bill Gates est maintenant retiré de Microsoft et il se consacre avec son épouse Melinda à la gestion de la Fondation qui portent leurs noms. Les préoccupations climatiques ne sont pas dans le périmètre de cette fondation, mais dans celui d'une autre organisation que Bill Gates a spécifiquement créée: "Breakthrough Energy" ("Énergie pionnière").

Pour beaucoup, les personnes riches sont suspectes par le simple fait qu'elles sont riches. On pourrait longuement polémiquer sur les réelles intentions de Bill Gates et le rôle de ses fondations. Ce n'est pas ici le lieu d'entrer dans ce débat: ce qui m'intéresse, c'est d'évaluer la qualité de ce livre.

Je n'ai jamais pris le temps de lire une biographie de Bill Gates. Je sais rien de lui mais au travers de ce livre, il me donne l'impression d'être un ingénieur curieux, plus qu'un homme d'affaires, un ingénieur qui utilise sa fortune pour lancer des projets, tout en veillant à investir pour entretenir le mouvement et continuer à lancer d'autres projets.

Être un ingénieur ne suffit à s'ériger en spécialiste du climat. Je pense qu'il ne prétend pas l'être, mais il a l'avantage d'être bien entouré. Dans ses remerciements, en fin d'ouvrage, il cite plusieurs collaborateurs, dont Josh Daniel, "un inestimable partenaire d'écriture". de ce fait, je pense que ce livre peut être pris au sérieux.

J'ai beaucoup apprécié la démarche adoptée par l'auteur (ou les auteurs) pour développer le sujet. On avance en bon scientifique, pour bien comprendre le problème et examiner systématiquement des solutions techniques bien argumentées. de la science pure, sans passion. J'y ai trouvé des petites surprises. Par exemple, je ne savais pas qu'une quantité significative de CO2 était due à la fabrication du... béton ! J'ai également lu avec intérêt des informations sur des projets innovants en matière d'énergie nucléaire pour produire de l'électricité.

L'innovation est d'ailleurs le thème qui sert de fil rouge à cet ouvrage. J'y retrouve un esprit d'ingénieur très enthousiasmant ! Je pense que Bill Gates a raison de croire qu'il y a sur terre suffisamment d'esprits créatifs qui trouveront les solutions que nous attendons; cela s'est déjà vu dans l'histoire. Sans doute pour rendre le livre plus vendeur, le titre inclut le mot « désastre », tant en français qu'en anglais (triste pratique…), mais l'esprit du livre se trouve plutôt dans le « comment éviter », qui figure également dans le titre.

L'approche méthodique de la question m'a procuré un très agréable moment de lecture. Je suis moi-même scientifique et j'accroche davantage dans ce genre de présentations que dans des discours militants qui, tout importants et nécessaires qu'ils soient, finissent à la longue par me saoûler.

Néanmoins, j'ai regretté un certain biais. Bill Gates reste dans sa logique d'ingénieur-investisseur et il me semble négliger les aspects purement humains. Principalement, je lui reprocherais de trop peu remettre en cause nos modes de vie et nos habitudes de consommation. On pourrait dire aussi qu'il ne remet pas en cause le besoin de croissance. Certes, il écrit qu'il roule maintenant en voiture électrique, qu'il mange des burgers végétariens et qu'il nous incite à faire de même, mais il me semble qu'il tient ces discours du bout des lèvres, comme s'il voulait se donner bonne conscience. Il mentionne ses voyages en jet privé, ajoutant ceci: « Bien sûr, investir dans des entreprises ne réduit pas mon empreinte carbone personnelle. Mais si j'ai effectivement misé sur les gagnants, ils supprimeront plus de dioxyde de carbone que ma famille n'en produira jamais. ». Un peu facile… Je me demande pourquoi il n'investit pas un cent, pour autant que je sache, dans des recherches à caractère sociologique ou neuropsychologique pour mieux comprendre pourquoi nous refusons si difficilement d'abandonner nos habitudes de consommation; j'ai dans mon pense-bête « Le bug humain » de Sébastien Bohler, que je voudrais lire à ce sujet. On pourrait aussi investir davantage dans la communication. Je vous incite à méditer sur le fait que les principaux leviers que les politiques utilisent pour influer nos comportement sont de nature purement financière (par exemple des réductions de taxation à l'achat d'une voiture électrique). Les autres leviers sortent de notre culture, comme on le constate aux difficultés à faire adhérer la population aux mesures visant à limiter la propagation de la Covid-19...

En dehors de ce biais, je vous recommande chaleureusement la lecture de ce livre. Si Bill Gates vous énerve, oubliez qu'il en est l'auteur !
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