AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Charliebbtl


Alors un roman noir que je qualifierais en plus d' « urbain », en toute honnêteté ce n'était vraiment pas gagné pour moi car c'est vraiment le genre de romans qui me laisse, en général, de marbre. Mais je dois avouer que celui-ci constituera une exception car j'ai été agréablement surpris.

Il est, cependant, difficile d'en évoquer l'intrigue dans la mesure où franchir la frontière du spoil serait alors aisé. L'intéressant ici, c'est le parallèle qui est fait entre deux jeunes hommes : d'un côté, Ghost, devenu un pro des ouvertures de coffres-forts les plus récalcitrants mais travaillant désormais pour les autorités, en gros un ancien délinquant qui semble en avoir fini avec les affaires louches ; de l'autre, Rudolfo Reyes alias « Glasses », membre d'un gang dont il sent de plus en plus l'emprise peser sur lui et sa famille. Seul point commun entre eux : le besoin de se sentir, soi et les siens, en lieu sûr, d'où le titre.

Ce qui change avec les romans noirs urbains habituels, c'est qu'on ne se complaît pas ici dans des scènes de violences ou des dialogues débordant d'injures. Pour ma part, je déteste cela, la violence gratuite. Même si le contexte sous-entend cette violence et notamment celle liée à la crise des subprimes aux Etats-Unis, nous ne sommes pas dans le type de romans guerre des gangs. La raison en est simple : on découvre (même si cela se révèle de plus en plus fréquent) que la frontière entre gentils flics et méchants délinquants n'est plus vraiment imperméable. Chacun tire profit là où il peut, c'est la triste réalité de notre époque. Cette vision un peu déboussolée de la société parfaite américaine, c'est sans doute cela aussi qui conduit Ghost et Glasses à envisager une autre « vie ». Et c'est là que le psychologique l'emporte sur la violence et donne toute sa valeur à ce roman : Ghost, au surnom quasi prémonitoire, marqué par un drame personnel et se sachant condamné, décide d'oeuvrer par amour « post-mortem » afin de protéger de cette société en déliquescence les derniers êtres qui lui sont chers sur cette terre. le tout de manière anonyme. C'est sans doute cela qui m'a le plus touché : parvenir au sacrifice ultime sans attendre la moindre contre-partie en retour. Au point que Ghost finit par prendre, au terme du roman, l'apparence d'un rédempteur moderne. Et ce n'est pas Glasses qui pourra dire le contraire. En effet, ce dernier qui, bien qu'insensible au personnage de Ghost qu'il considère presque comme un fou suicidaire, réalise à son contact que le moment est venu de saisir sa chance pour s'extirper du gang qui l'écrase jour après jour et risque à tout moment de mettre en péril sa famille, seul rocher auquel il peut encore s'agripper avant de sombrer dans le chaos. Métaphoriquement, Ghost lui montre ainsi, d'une certaine manière, la voie, mais réussira-t-il à l'emprunter ? Je vous laisse le découvrir.

En somme, un roman noir qui s'achève sur une touche d'émotion, ce qui n'est pas fréquent. Certains essuieront, sans doute, une petite larme à la dernière page, et je peux les comprendre.
Lien : https://mespetitsplaisirsamo..
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}