AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de MadameTapioca


« Son image nous renseigne autant sur la mythologie américaine qu'elle nous parle de blues. Si Johnson n'avait pas existé, il faudrait l'inventer ».
Chronique terminée, fin du game, tout est dit dans cette phrase.

Bon ok je vous en dit un peu plus sur cette « presque » biographie qui se lit comme un roman page-turner tant la vie de Robert Johnson et son mythe sont romanesques. Parce qu'en terme de légende, Robert Johnson est un exemple. Musicien mystérieux, mari volage, vagabond aventurier, mort dans des circonstances restées longtemps non élucidées… Né le 8 mai 1911 dans le Mississippi, il décède le 16 août 1938 toujours dans le Mississippi, à l'âge de 27 ans, faisant de lui le premier d'une liste tristement célèbre: le fameux club des 27 .
Dès la fin des années 20, musicien itinérant, vagabond avec sa seule guitare acoustique, le jeune Robert court les plantations et les bleds à travers le Delta du Mississippi et le proche Arkansas. Il saute d'un train de marchandises à un pont arrière de camion, joue au chapeau, dans des fêtes improvisées, dans la rue, dans des tripots de campagne. On y danse, joue aux cartes, boit du whisky de contrebande. On y trouve des amours d'une nuit. Johnson y mourra empoisonné par un mari jaloux et nombre de zones d'ombre planent sur la vie du bluesman qui a tant influencé après lui.
Entre temps il n'aura enregistré que 29 morceaux. 29 morceaux pour la postérité auxquels s'ajoutent la légende la plus célèbre le concernant : celle du "Crossroads". Ce carrefour des routes 49 et 61 situé à Clarksdale dans le Mississippi aurait été le théâtre d'un pacte faustien. Johnson y aurait rencontré le diable qui en échange de son âme lui aurait donné ses talents. Il en a même fait une chanson, devenue un standard du genre.

Jonathan Gaudet nous raconte tout ça et bien plus encore. Il revient sur ses désormais mythiques sessions d'enregistrement et sur les moments-clés de sa vie : son éducation, son mariage et la perte de sa femme et de son enfant, son séjour à Memphis, sa rencontre avec son professeur de guitare, etc… Il fait parler tous ceux qui ont croisé Robert - famille, maitresses, mentors, musiciens, amis. Avec ces narrateurs successifs, la perspective que l'on a du personnage est sans cesse mouvante. Un personnage difficile à cerner mais que l'auteur recrée par petites touches. Et puisque la symbolique a toute sa place dans la vie de Johnson, le livre se découpe en 29 chapitres, chacun ayant pour titre l'un des 29 morceaux connus du musicien.

Nul besoin d'être un féru de blues pour se plonger dans la vie du musicien car c'est aussi une immersion dans le sud des Etats-Unis avec tout un pan de l'histoire du pays qui nous est offert. La vie laborieuse des populations afro-américaines encore rongées par les traces de l'esclavagisme, la ségrégation persistante, l'émergence du blues, les débuts de l'industrie du disque. Que ce soit du point de vue biographique, du point de vue musical ou du point de vue historique, ce livre se dévore littéralement. On tourne la dernière page en étant sûr et certain que Robert Johnson, véritable météore dans l'univers de la musique américaine, n'a pas fini de faire couler de l'encre.
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}