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Critique de EFar


Il y a des récits de voyages solides, forts, qui vous emportent, vous font sentir l'air du large et goûter le sel de l'ailleurs. Il y en a d'autres légers comme des plumes abandonnées au fil du vent. Ce petit bouquin est de ceux-là, fragiles, qui ne tiennent qu'à un fil - la mince ligne qui sépare l'insignifiance de l'essentiel. A suivre ce chemin, j'imagine que bon nombre de lecteurs pourraient le classer du côté du superflu ; pour moi il est de celui du nécessaire.

Quand il arrive en Irlande, Louis Gauthier est au tout début d'un voyage de 6 mois qui devrait le conduire en Inde. Il a quitté Montréal, son douillet cocon, pour fuir ses démons : un grand amour au point mort, une vie bourgeoise dont le ronronnement le mine, l'oubli facile dans l'alcool et le H ; il part talonné par la dépression, en plein corps à corps avec les mots, l'écriture, le sens qu'il voudrait donner à son travail d'écrivain, à sa vie. En pénitence, il s'impose de voyager seul. Autant dire qu'il n'est pas là pour découvrir la verte Eirinn. Et que les faiblesses qu'il veut abandonner au Québec l'attendent tranquillement sur le chemin.

Malgré le titre, l'Irlande se devine à peine, du coin de l'oeil. Ce n'est pas qu'il ne se passe rien, mais LG nous raconte d'abord un voyage intérieur. le livre repose sur son regard, sa voix, son écriture très fine, stylée, qui sonde et raconte les méandres d'une âme humaine. J'ai cru être le témoin attentif de ses errances. Même pendant les galères, le monde extérieur semble en apesanteur, comme distancié. Peut-être parce que les journées qu'il nous raconte sont délavées de pluie (de ce côté là, la promesse du titre est tenue). Par moment, le texte prend des allures d'aquarelle, transparent, lumineux, avec de soudains accent colorés.

Les questions qui le hante, je les partage largement. J'ai eu hâte de le suivre un peu plus loin sur le chemin de l'Inde. le petit volume suivant s'appelle le pont de Londres.

PS : c'est grâce à Ardoise (merci !), ici sur Babelio, que j'ai découvert Louis Gauthier. Pour moi, c'était un inconnu, comme presque tous les auteurs francophones d'outre atlantique nord, je dois dire.
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