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Critique de Tastevin


« Holà ! » Me suis-je exclamé lors des premières lignes : encore une mégère qui se croit cocufiée parce que son mari aime danser avec d'autres filles qu'elle. J'ai néanmoins, fait un effort pour lire la suite, puis, pris au jeu, j'ai découvert un roman américain atypique et passionnant.
Il y a d'abord le récit des relations compliquées entre un homme prénommé Paul, que l'on suppose beau gosse puisque c'est son surnom et qui dispose en conséquence d'un certain attrait auprès de la gent féminine. de surcroît, il se révèle excellent danseur. Son succès lors des bals l'amène à danser plus que de raison ce qui suscite l'ire de sa femme, Colette, la plus jolie fille de la ville.
Le lecteur découvrira, ensuite, un tableau contrasté de l'Amérique. D'un coté, une Amérique profonde touchée par la crise économique, peuplée de petites gens honnêtes et travailleurs. Quand on apprend que ces gens là sont aussi des enfants de migrants français du XVIII° siècle déportés en Louisiane lors du Grand Dérangement, de confession catholique, c'est tout un pan des U.S.A. qui se révèle à nous. D'un autre coté, une Amérique arriviste n'ayant d'yeux que pour l'argent et le sexe. Cet univers détestable est décrit par l'auteur dans un premier épisode à l'intérieur de l'ambitieuse Californie à la suite de l'installation de Colette en cet état, puis, dans un deuxième épisode, à travers un personnage peu scrupuleux d'origine texane mais qui s'est installé en Louisiane.
Par la simplicité du récit, la modestie des personnages, j'ai retrouvé le style et l'univers de John Fante. La description des lieux m'a rappelé Faulkner ainsi que le Tennessee Williams d' »un tramway nommé désir ». Gautreaux renoue avec la grande tradition des écrivains américains.
Le roman présente, cependant, deux faiblesses. La première est de l'ordre du style. L'auteur interrompt les dialogues par de brèves descriptions d'images ou de sons voire d'odeurs. Au début, cela suscite l'intérêt mais dés lors que le procédé se répète comme un tic (ou un truc), il devient lassant et brise l'action surtout vers la fin du récit. La deuxième concerne le corps du récit lui-même. Deux descriptions de sauvetage, c'est trop. Une seule aurait suffi d'autant que la première comporte des invraisemblances. le lecteur éprouve la désagréable impression que l'auteur augmente les pages pour accroitre le prix du roman et faire plaisir à son éditeur.
Très bonne traduction avec un regret : que certains mots ne comportent pas en bas de page un renvoi pour éclairer le lecteur français peu renseigné sur la faune des bayous et sur les us et coutumes des successions du droit étasunien.

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