Citations sur Fais-moi danser, Beau Gosse (10)
« Y a des gens qui sont comme des oiseaux, ils vivent là où ils se posent. »
- Mais vous les jeunes, ça vous intéresse pas, ces choses-là. Quand les vieux meurent, vous allumez la télé et vous oubliez jusqu’à leurs noms.
Elle se trouvait à un carrefour : elle pouvait soit épouser un homme qui avait une chance de devenir riche et puissant un jour, soit prendre une tout autre décision- elle ne savait pas vraiment laquelle, mais elle n'ignorait pas qu'elle risquait d'impliquer des temps difficiles, de la mal bouffe et des vêtements bon marché.
Il découvrit les plantes aux feuilles rigides qui poussaient à même le roc desséché et se demanda à quoi elles pouvaient bien servir. Il contempla les montagnes cuivrées et comprit que, sur ces vastes étendues de pierre cuite et recuite au soleil, personne n’aurait réussi à cultiver la moindre canne à sucre. Que pouvait bien chercher Colette dans ces villes séparées par plus de soixante kilomètres, sans aucun lien avec le reste du monde, hormis le train qui se faufilait entre elles telle une arrière-pensée dans la cervelle d’un lézard ?
Elle leva vers lui le visage le plus ouvert, le plus confiant et le plus hardi qu’il ait jamais vu à une femme, les yeux débordant de sentimentalité à l’eau de rose.
Le passe-temps favori des jeunes était encore les bagarres à coups de poing, qui éclataient en général le vendredi soir, de façon aussi imprévisible que les explosions de gaz dans les marais. L’agglomération proprement dite comptait six mille habitants, qui fréquentaient assidûment douze églises et dix-huit bars.
Elle lui avait aussi expliqué qu’elle n’aimait pas le voir danser avec d’autres filles, mais il ne comprenait pas pourquoi. Pour lui, danser, ce n’était pas de la drague, c’était un passe-temps.
Elle aimait son sens de l’humour, même s’il la faisait rarement rire. Elle y voyait surtout la preuve de son intelligence. Les gens intelligents finissaient toujours par aller loin, et Colette, précisément, voulait aller loin.
En fait, Colette pensait qu’il dansait trop bien et trop longtemps, c’était pour lui une espèce de drogue dont il n’était jamais rassasié.
Les gens du coin trouvaient Colette jolie, parce qu’elle était mince et qu’elle avait la peau claire, avec de beaux cheveux noirs, le nez bien droit et des yeux pareils à des noix de pécan gorgées d’eau, mais quand elle était en colère sa voix grinçait comme un diamant sur du verre.