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Critique de coconut


Soubaya est un gamin prêt à rentrer dans l'adolescence. Il est à l'école et y vit ses premiers émois amoureux. Toute l'histoire tourne autour de la cantine de cette école qui vient d'ouvrir et grâce à laquelle les petits Réunionnais des écarts, dans les années 60, peuvent enfin manger à leur faim. Toutefois, Soubaya est « Malbar », c'est-à-dire que sa famille est originaire de l'Inde et donc hindouiste. Or, les hindouistes ne peuvent manger de boeuf car le boeuf est sacré. L'école est dure à cette époque, les institutrices qui s'occupent de la cantine intraitables et un peu sadiques. La question de l'appartenance à La France, ce pays où l'on mange délicatement des plats sans saveur, sans piment, sans riz, est évoquée à travers des détails et notamment à travers le personnage de la Directrice qui espère enseigner aux enfants les bonnes manières et les codes qui leur permettront d'évoluer et d'être aptes à se débrouiller s'ils doivent un jour poursuivre (comme elle l'a fait elle-même) des études en métropole.
Tout le roman est écrit dans une langue émaillée d'expressions créoles, suffisamment explicites pour que l'on puisse comprendre le texte sans effort, mais aussi assez imagées pour que l'on soit délicieusement dépaysé. Cette « Réunion lontan » (d'autrefois) est savoureuse et charmante malgré la pauvreté, la misère, la souffrance des enfants. C'est un beau poème qui déjà révèle le métissage de cette région où les enfants noirs sont amoureux de rousses flamboyantes, où les garnements valides côtoient les petits handicapés dans une tendre bienveillance. Ce n'est pourtant pas un texte mièvre et la dureté de la vie s'affirme en permanence, au détour d'un détail, d'une allusion. "Faims d'enfance" est un roman mélancolique dans lequel la langue créole agit comme un petit rougail venu pimenter une histoire banale et touchante.
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