Faims d'Enfance, pour moi, est une prouesse d'écrivain, une réussite mystérieuse. Si l'on vous disait que vous allez lire un roman qui ne passe tout entier entre les quatre murs d'une cantine d'école, vous seriez tenté de reculer. Et vous auriez tort. Car, à travers ce que ressent le personnage de Baya, à travers ce que sont les êtres qui l'entourent et qu'il observe, passe toute la tendresse qu'
Axel Gauvin éprouve pour son île et pour ceux qui l'ont habitée. On ne peut que s'attacher à chacun de ces enfants, qui réagissent comme ils peuvent à la misère, à l'injustice sociale et raciale, à leurs divers handicaps. Chacun est campé avec force, tout ce petit monde devient extraordinairement vivant sous la plume du romancier.
En lisant, vous allez découvrir tout un monde, le monde de la Réunion d'il y a une cinquantaine d'années, une description qui vaut pour elle-même, qui aide à comprendre La Réunion d'aujourd'hui, et qui est aussi en relation avec toutes les formes d'injustices que peut secréter une société inégalitaire qui assujettit une partie de sa population…
Pour qui aime les histoires,
Axel Gauvin a les qualités du conteur. Pour qui aime l'écriture et la langue,
Axel Gauvin a les qualités de celui qui a longuement réfléchi, et qui réfléchit encore, à ce que signifie la langue qu'on emploie. Il créolise la langue juste ce qu'il faut pour que cette langue appartienne pleinement à celui qui la parle (c'est ce qu'on appelle un style…), et pour qu'elle appartienne aux personnages (ils sont créolophones…), et pour que le lecteur soit étonné sans jamais être dérouté (cela, c'est ce qu'on appelle la poésie, d'ailleurs
Axel Gauvin est aussi un poète)…
N'hésitez pas, lisez !