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EAN : 9782020095150
182 pages
Seuil (01/02/1987)
4.44/5   8 notes
Résumé :
Je m'appelle Soubaya, j'ai quinze ans et je vis à La Réunion. Tamoul, seul Blanc parmi les Noirs, je suis le souffre-douleur de l'école. Mais le pire, c'est cette maudite cantine : chaque jour, la directrice sert du bœuf. Mes copains se bâfrent, ils vous goulupiatent le manger en moins de deux. C'est interdit par ma religion, je n'en mangerai pas ! Moi, j'ai surtout faim de Lina à la chevelure rouge piment...

Faims d'enfance est un roman de l'écrivain... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Soubaya est un gamin prêt à rentrer dans l'adolescence. Il est à l'école et y vit ses premiers émois amoureux. Toute l'histoire tourne autour de la cantine de cette école qui vient d'ouvrir et grâce à laquelle les petits Réunionnais des écarts, dans les années 60, peuvent enfin manger à leur faim. Toutefois, Soubaya est « Malbar », c'est-à-dire que sa famille est originaire de l'Inde et donc hindouiste. Or, les hindouistes ne peuvent manger de boeuf car le boeuf est sacré. L'école est dure à cette époque, les institutrices qui s'occupent de la cantine intraitables et un peu sadiques. La question de l'appartenance à La France, ce pays où l'on mange délicatement des plats sans saveur, sans piment, sans riz, est évoquée à travers des détails et notamment à travers le personnage de la Directrice qui espère enseigner aux enfants les bonnes manières et les codes qui leur permettront d'évoluer et d'être aptes à se débrouiller s'ils doivent un jour poursuivre (comme elle l'a fait elle-même) des études en métropole.
Tout le roman est écrit dans une langue émaillée d'expressions créoles, suffisamment explicites pour que l'on puisse comprendre le texte sans effort, mais aussi assez imagées pour que l'on soit délicieusement dépaysé. Cette « Réunion lontan » (d'autrefois) est savoureuse et charmante malgré la pauvreté, la misère, la souffrance des enfants. C'est un beau poème qui déjà révèle le métissage de cette région où les enfants noirs sont amoureux de rousses flamboyantes, où les garnements valides côtoient les petits handicapés dans une tendre bienveillance. Ce n'est pourtant pas un texte mièvre et la dureté de la vie s'affirme en permanence, au détour d'un détail, d'une allusion. "Faims d'enfance" est un roman mélancolique dans lequel la langue créole agit comme un petit rougail venu pimenter une histoire banale et touchante.
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Faims d'Enfance, pour moi, est une prouesse d'écrivain, une réussite mystérieuse. Si l'on vous disait que vous allez lire un roman qui ne passe tout entier entre les quatre murs d'une cantine d'école, vous seriez tenté de reculer. Et vous auriez tort. Car, à travers ce que ressent le personnage de Baya, à travers ce que sont les êtres qui l'entourent et qu'il observe, passe toute la tendresse qu'Axel Gauvin éprouve pour son île et pour ceux qui l'ont habitée. On ne peut que s'attacher à chacun de ces enfants, qui réagissent comme ils peuvent à la misère, à l'injustice sociale et raciale, à leurs divers handicaps. Chacun est campé avec force, tout ce petit monde devient extraordinairement vivant sous la plume du romancier.
En lisant, vous allez découvrir tout un monde, le monde de la Réunion d'il y a une cinquantaine d'années, une description qui vaut pour elle-même, qui aide à comprendre La Réunion d'aujourd'hui, et qui est aussi en relation avec toutes les formes d'injustices que peut secréter une société inégalitaire qui assujettit une partie de sa population…
Pour qui aime les histoires, Axel Gauvin a les qualités du conteur. Pour qui aime l'écriture et la langue, Axel Gauvin a les qualités de celui qui a longuement réfléchi, et qui réfléchit encore, à ce que signifie la langue qu'on emploie. Il créolise la langue juste ce qu'il faut pour que cette langue appartienne pleinement à celui qui la parle (c'est ce qu'on appelle un style…), et pour qu'elle appartienne aux personnages (ils sont créolophones…), et pour que le lecteur soit étonné sans jamais être dérouté (cela, c'est ce qu'on appelle la poésie, d'ailleurs Axel Gauvin est aussi un poète)…
N'hésitez pas, lisez !
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Pour découvrir un peu la culture réunionnaise
Lien : http://paysdecoeuretpassions..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Pendant qu'Yvonne et la directrice s'épongent les lèvres, trois bocaux de piment circulent dans le réfectoire. Trois bocaux de pâte bien rouge, riche en ail et gingembre. Trois bons bocaux qui à eux seuls suffiraient à poiquer cruellement tous les mangeurs de manger fade de la terre entière, à brûler au dernier degré leurs bouches tendres et leurs langues fragiles, à emporter leurs pharynx à mayonnaise, leurs pylores à crème, leurs villosités à béchamel.
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