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Critique de Eric76


Merci à Babelio pour m'avoir offert ce livre de politique-fiction qui frôle de si près avec les réalités de notre époque. Tout se passe en dix jours dans ce roman, dix journées haletantes où l'on assiste à l'effondrement des institutions de notre vieux pays. Un ministre important, probable premier ministrable, est pris dans une affaire de corruption. Jusque-là, rien que de plus normal ! Mais au lieu de faire comme tous les autres, c'est-à-dire de démissionner, de se réfugier dans son fief de province, et défendre sa dignité bafouée en affirmant toute sa confiance dans la justice de son pays, cet original préfère fuir et se suicider. Il se suicide, il le dit lui-même, pour faire chier tous ses petits copains du sérail, pour être l'étincelle qui met le feu aux poudres… Et tout explose !
Dans ce livre, nos gouvernants ne sont guère reluisants. Tous sans exception sont bouffis de vanité et dévorés par l'ambition. le pays est en crise ; il est secoué par des émeutes de plus en plus fréquentes, et tout ce petit monde s'entredéchire dans les ors des palais et les restaurants inabordables au commun des mortels. On sent une élite coupée de la réalité qui vit en vase clos sans même prendre conscience des périls qui montent. Bresson, le plus lucide de la bande, mais pas le moins cynique, assiste impuissant à l'effondrement du système, à ce régime en train de pourrir par la tête. " Dans ce monde figé où toutes les normes principales sont déjà balisées, on s'ennuie à prétendre modifier les législations faibles, à cacher son incompréhension des enjeux véritables en ne cessant d'aménager d'infimes dispositions dans les règles sociales. Rouault avait de la jugeote - et sans doute comprenait-il tout ça. Problème : le FN à 40%. Solution : rééquilibrons la CSG. "tout est clair, Monsieur le Ministre ?" le temps ne passait plus."
Le style de Thomas Gayet est désabusé, sarcastique, très fin de règne… Un bel exercice de style ! Un livre qui se lit rapidement, qui fait beaucoup grimacer, parce que même si les traits sont grossis, on sent une part de vérité dans la description de ce spectacle pathétique de marionnettes. On peut peut-être reprocher à Thomas Gayet de surfer sur la vague de la sinistrose ambiante. Pas une phrase, pas un mot dans son réquisitoire pour défendre un tant soit peu cette démocratie qui reste malgré le moins mauvais des régimes. c'est une littérature à la mode. On s'inquiète de la montée des extrêmes, on veut la stigmatiser, mais on hurle avec les loups. Vous me direz, entre temps, il y a eu le 11 janvier ! Alors ne désespérons pas, et attendons pour voir !
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