Dis-moi où tu habites, je te dirai qui tu es.
Nous pensons habiter nos maisons, mais c’est l’habitat qui nous contient et nous retient.
Les lieux sont là pour réparer les mémoires. Les murs sont parfois d’immenses pansements. On n’hérite pas des murs, mais de leur mémoire.
Peu de personnes pensent ne pas avoir choisi leur maison de façon consciente et avoir été choisies par leur propre maison.
Cependant, la mémoire a une sœur jumelle, sombre et vindicative : la vengeance. Pas de vengeance sans mémoire. La mémoire est l’indispensable amie de la vengeance.
La vengeance n’est pas tant une passion de mort ou de violence qu’une passion du temps et de la mémoire individuelle et collective. La mémoire collective est souvent un fardeau collectif. La volonté d’une vengeance commune en sourdine ou non.
Laisser une maison tomber en ruine, c’est vouloir effacer toute mémoire sly rattachant. C’est vouloir oublier. C’est un peu suicider une partie de sa vie. Les souvenirs sont inhérents au lieu. La mémoire et le lieu ne font qu’un jusqu’à la mort des vivants et des murs.
Les maisons sont-elles malades parce que leurs habitants le sont également ? Elles seraient donc contaminées par nous. Ou bien deviennent-elles malades et nous transmettent-elles leur maladie ? Nous avons constaté les deux cas.
Il faut soigner la maison pour guérir les hommes.
Les murs font partie de notre imaginaire. Nous rêvons de les franchir, de les abattre, de les traverser, de nous transformer en passe-muraille, de les construire à notre convenance. Mais ces murs qui nous abritent, en quoi sont-ils faits? Il s'agit de murs, de matériaux et de leurs mémoires supposées. Et si la mémoire des murs n'était qu'une somme d'énergies retenue dans les minéraux?
Cette mémoire, serait-elle partiellement dans les matériaux?