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Critique de Agneslitdansonlit


Un très beau roman, une ode délicate et harmonieuse à la musique et à la féminité, qui servira avec puissance la passion d'un artisanat : celui de luthier. Une ode dans son sens propre autant que littéral : "poème lyrique destiné à être accompagné de musique".
Car la musique, bien que je ne sois pas du tout une initiée et encore moins une "pratiquante", je l'entendais presque au fil des pages.

L'écriture de Cyril Gely est douce, empreinte de sensations: les teintes miel, ou sombres comme le soir, des vernis employés sur le bois du violon; la couleur rosée des montagnes de Paneveggio; la grâce d'un dos féminin ; la caresse sucrée du nougat offert à chaque naissance; la douceur des fruits rouges déposés sur le pas de porte à la fin d'une journée de travail; la pureté des eaux cristallines d'un lac de montagne; la sonorité limpide et fluide de l'instrument fait d'un bois d'exception; le ravissement des incrustations de nacre sur la table du violon; les courbes esthétiques de la volutes, des éclisses et des ouïes...

Une douceur encore accentuée par une forme de récit proche du conte, avec des éléments récurrents qui reviennent de façon régulière, structurant la narration, comme un refrain.

Antonio mène cette symphonie, de sa naissance dans les Apennins à Crémone en 1644, à sa mort en 1737. Jeune apprenti confié par sa mère au maître luthier Amati, il est si passionné par l'art de la fabrication de cet instrument qu'il n'hésite pas à briser les violons dont le son ne le satisfait pas. Car il ne s'agit pas seulement de la pratique d'un artisanat, mais d'une quête à laquelle Antonio va dévouer toute sa vie, d'une incroyable longévité pour l'époque ! Autant dire qu'il pourra consacrer toute une existence à ce cheminement vers la perfection.

Et si ce roman nous plonge dans la musicalité et le royaume du son, il s'appuie avant tout sur l'esthétique, celle de l'instrument bien sûr, mais aussi celle des formes féminines qui inspireront le luthier toute sa vie, à commencer par le dos entre- aperçu de sa propre mère. le regard de bienveillance sur les figures féminines de sa vie, regard d'amour, mâtiné d'admiration, crée le cercle vertueux de cette quête.

L'harmonie et la plénitude se dégagent de ce roman conté, dont le point d'orgue aura été pour moi, (particulièrement inculte en histoire de la musique) la révélation du nom complet de ce jeune apprenti... Et le récit trouve là sa note finale qui clôt la symphonie.
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