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Critique de Alfaric


J'ai lu tous les Gemmell. Je les ai tous adorés : celui-ci ne fait pas exception à la règle ! A la frontière des années 70 et 80, David Gemmell revitalise l'héroïc-fantasy en puisant largement dans les films de la Dernière Séance. On explore ici les terres du western médiéval avec un remake fantasy de Fort Alamo de fort belle facture. C'est à partir d'un scénario simple qu'a été concocté un récit efficace car sans aucune fioriture (= tirage à la ligne). Ceux qui aiment l'action et l'héroïsme seront servi (quant à ceux qui ne les aiment pas, qu'ils aillent chercher leur came ailleurs au lieu de jouer les Jean-Patrick Sacdefiel).

Nous avons d'abord une phase de recrutement de 100 pages ou on nous présente les protagonistes du drame à venir. Nous avons ensuite une phase de préparation de 100 pages où on s'attache de plus en plus aux personnages alors que le danger se fait de plus en plus proche : le calme avant la tempête en quelque sorte. Nous avons enfin une phase de siège de 100 pages et là DG révèle toute sa générosité dans l'écriture.
Druss n'est qu'un projecteur pour mettre en valeur les petits moments d'humanité et de grands moments de bravoure : on alterne les points de vue en passant d'un camp à l'autre, avec leurs petites joies et leurs grandes peines. Et tout n'est pas raconté ou décrit, la part belle est faite à l'imagination des lecteurs puisque les ellipses utilisées à bon escient permettent d'avancer dans le siège sans hacher ni le rythme ni la narration.
La tension monte, les morts s'accumulent, et après le climax entouré par 2 deus ex machina auxquels ont pourrait évidemment trouver à redire, DG nous emmène vers un long dénouement de 50 pages dans une ambiance douce-amère.

Les défauts que sur lesquels j'avais tiqué me sont par contre devenus carrément insupportables :
- la relation entre Rek et Virae évolue tellement rapidement qu'on peine vraiment à y croire
A comparer avec Parménion / Dérae dans le "Lion de Macédoine" et Enée / Andromaque dans "Troie"
- la fin est trop romantique voire fleur bleue (et constitue un deus ex machina de trop) donc le happy end tombe à plat
- on passe sans transition des palabres à l'action :
les liants manquent, cela s'enchaîne souvent trop abruptement
- les dialogues manquent de naturel : naïveté et/ou testostérone, dans la tradition eighties
On pourrait presque croire que c'est mal écrit, mais quand cela s'anime on gagne vite en qualité !

Et évidemment on évoque tous les thèmes chers à l'auteur qu'il développera par la suite… Par exemple Flécheur et Caessa qui m'avaient fait forte impression à 1ère lecture m'ont paru à 2ème lecture un peu léger, mais qu'importe puisqu'on trouvera ultérieurement des équivalents bien plus consistants dans la bibliographie de l'auteur.
… Bref entre une introduction moyenne et une conclusion à moitié ratée, une belle aventure !

Notez que DG a écrit ce livre en exécutoire du combat qu'il menait contre une terrible maladie qu'il pensait être le cancer. Dros Delnoch c'est le corps attaqué par une force inexorable (les Nadirs) et vaillamment défendu uniquement au moral (les Drenaï). Ce roman est une vaste mise en abîme : Druss ramène l'espoir aux soldats comme à un auteur qui se croyait mourant.
Est-ce un hasard sur les murailles sont les équivalents des phases de l'acceptation de la mort ? Est-ce un hasard si le Comte Delnar lutte contre la maladie qui le ronge ? Est-ce un hasard si Druss lutte contre le poison qui le ronge ? Mais certains n'y ont vu qu'un livre bourrin écrit par un bourrin pour des bourrins : vachement sensibles et clairvoyants les gars…
Lien : http://david-gemmell.frbb.ne..
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