J'ai pris le temps… mais je l'ai terminé.
Là, vous vous dites : « le pauvre, il a galéré. Il s'est fait violence. Il n'a pas aimé. »
C'est tout le contraire.
Je l'ai dégusté, savouré, par petit bout, rassasié avec peu tellement c'était délicieux, évitant l'écoeurement qu'entraîne la gourmandise non contrôlée. Sérieusement, c'est pas humain d'écrire si bien !
David Gemmell prend le temps de nous installer dans son monde celte (on va employer les vrais noms hein), de nous inviter dans le village des Trois-Ruisseaux, de nous faire partager la vie et les âmes de ses habitants. Manque d'action ? Cette blague ! de l'action, il y en a. Mais là n'est pas l'essentiel. L'essentiel est dans cette peinture si précise d'un temps et d'un lieu passés, si envoûtante qu'elle nous donne envie d'y vivre, si humaine que l'on ne peut que ressentir de l'empathie.
Car, comme à son habitude,
David Gemmell nous fait pénétrer les pensées, les aspirations et les haines de ses personnages, qui en deviennent des amis (parfois des êtres que l'on adore détester comme Arian, ou qui se rachètent comme Fiallach). Pas tous ses personnages cependant ; la pénétration est moindre chez ceux qui sont désignés comme l'ennemi (Rome, ou Roc pour tromper les pisteurs). Avec Gemmell, il doit toujours exister une menace extrêmement cruelle et dangereuse, dont on ne comprend pas le pourquoi des actes mais dont on sait qu'elle n'a qu'une envie : balayer, détruire le charmant monde que l'auteur a mis tant de temps à nous faire aimer.
Et bien sûr, au centre de tout, il y a la figure du héros : Connavar. L'équivalent du Champion Éternel de
Moorcock. Un homme extraordinaire que l'on a envie de suivre jusqu'au bout du monde, qui intéresse énormément les divinités du coin qui vont l'aider ou lui mettre des bâtons dans les roues, et qui possède une part de noirceur en lui qui, une fois lâchée, se révèle dévastatrice.
Seigneur, j'ai à un moment retrouvé la violence du jeune Anakin Skywalker qui, débordé de chagrin et de haine, détruit entièrement un village d'Hommes des Sables sur Tatooine.
Ce héros va se dresser contre l'Ennemi désigné, et organiser la lutte pour la survie de son peuple et de sa culture. Mais son Destin est comme une corde tendue entre deux collines : un faux mouvement et c'est la catastrophe. C'est… antique !
Difficile de trouver quelque chose à reprocher. J'ai tendance à penser qu'il était inutile de modifier les noms des peuples ; les conserver aurait renforcé le côté uchronique et mis en lumière la signature « fantasy historique ».
David Gemmell avait conservé les noms réels dans le Lion de Macédoine. Pourquoi pas ici ?
Je me suis proprement régalé avec cette histoire. Et son épilogue, construit comme celui d'une série américaine à succès, met l'eau à la bouche quant à la suite : Ro(c)me arrive !
Je remercie Tatooa et Alfaric d'avoir lancé cette LC. C'était un magnifique cadeau de Noël.