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Critique de ODP31


ODP31
24 septembre 2022
Braconner un peu de liberté.
Prix Goncourt en 1925, Raboliot n'est pas que l'histoire du chasseur qui sachant chasser sans son chien sachez-le mais avec ses chaussures, ça c'est sur, est un bon chasseur.
Ce roman majeur de Maurice Genevoix est aussi et surtout un hommage à sa Sologne, à la nature en général et à la liberté avec un petit l mais avec de grandes ailes. Comme il ne date pas d'hier, qu'il parle d'une France des campagnes qui n'existe plus, avec ces grands propriétaires qui avaient pris la succession des seigneurs tout en se comportant de la même manière avec leurs gens, cerfs passés au tamis lexical, un petit effort d'adaptation est nécessaire au lecteur d'aujourd'hui pour entendre la réalité de l'époque. Rangez vos Birkenstocks et sortez les sabots.
Congénères animalistes, serrez fort vos peluches, militants anti-chasse, évitez de randonner en ces pages, vegans à graines, ne passez pas à table et néoféministes à ébullition, préparez le barbecue, car Raboliot n'a rien du citadin qui va promener son fusil le dimanche pour prendre l'air avec sa veste fluo et promener son SUV. Il va vous en ramener de la bidoche pour la plancha. C'est un viandard qui ne vit que pour la chasse, ne fréquente que son fusil et son chien, ne compte jamais ses proies, tire autant qu'il le peut et n'obéit à aucune contrainte sociétale. de nuit comme de jour, été comme hiver, du lundi au dimanche, jours fériés compris, ce sauvage braconne les terres d'un comte. Ce dernier s'appuie sur Borrel, gendarme zélé et Volat, métayer fourbe, pour tenter par tous les moyens de le piéger. le chasseur devient gibier et défend chèrement sa peau, plus allergique à l'autorité qu'au rhume des foins, quitte à sacrifier sa vie de famille.
Maurice Genevoix a fini au Panthéon, son Raboliot veut échapper à la prison.
Dans ce roman, l'écrivain touche au sublime quand il décrit la nature. J'ai fait la connaissance de mots que je n'avais jamais croisés. D'un naturel timide avec les inconnus, je me suis rapproché de mes vieux dictionnaires pour mieux les apprivoiser. Cela ne m'était pas arrivé depuis une éternité.
Les descriptions de Maurice Genevoix sentent le champignon, ses phrases sont des balades en forêt sur des sentiers non balisés, ses dialogues ont le souffle du gibier traqué. Je ne suis pas un grand amateur des romans du terroir, mais j'avoue que ce classique m'a presque donné envie d'aller jardiner, renifler du géranium, passer plus d'une heure sur Seasons sans m'endormir, adopter une pie, puis un hérisson, tondre ma pelouse et même celles des voisins.
Et puis Raboliot, c'est un peu le descendant du « bon sauvage » des lumières, un être qui a connu la guerre, comme son auteur, et qui ne veut plus faire commerce avec la société, obéir à des règles qui ne sont pas celles de sa nature indomptable.
la psychologie d'un sanglier.


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