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EAN : 9782253009221
285 pages
Le Livre de Poche (01/12/1974)
3.73/5   345 notes
Résumé :
Voici, à l’occasion de l’entrée au Panthéon de Maurice Genevoix, Raboliot, paru aux éditions Grasset en 1925. Pierre Fouques, dit Raboliot, est un chasseur fameux dans toute la Sologne. Les habitants de la région admirent son habileté, son courage et son art dans le maniement du fusil. La chasse n’est pas la seule passion de cet homme rustique et solitaire : il braconne, partout et à n’importe quelle saison, se moquant des institutions et de leurs règles.
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Critiques, Analyses et Avis (49) Voir plus Ajouter une critique
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sur 345 notes
Braconner un peu de liberté.
Prix Goncourt en 1925, Raboliot n'est pas que l'histoire du chasseur qui sachant chasser sans son chien sachez-le mais avec ses chaussures, ça c'est sur, est un bon chasseur.
Ce roman majeur de Maurice Genevoix est aussi et surtout un hommage à sa Sologne, à la nature en général et à la liberté avec un petit l mais avec de grandes ailes. Comme il ne date pas d'hier, qu'il parle d'une France des campagnes qui n'existe plus, avec ces grands propriétaires qui avaient pris la succession des seigneurs tout en se comportant de la même manière avec leurs gens, cerfs passés au tamis lexical, un petit effort d'adaptation est nécessaire au lecteur d'aujourd'hui pour entendre la réalité de l'époque. Rangez vos Birkenstocks et sortez les sabots.
Congénères animalistes, serrez fort vos peluches, militants anti-chasse, évitez de randonner en ces pages, vegans à graines, ne passez pas à table et néoféministes à ébullition, préparez le barbecue, car Raboliot n'a rien du citadin qui va promener son fusil le dimanche pour prendre l'air avec sa veste fluo et promener son SUV. Il va vous en ramener de la bidoche pour la plancha. C'est un viandard qui ne vit que pour la chasse, ne fréquente que son fusil et son chien, ne compte jamais ses proies, tire autant qu'il le peut et n'obéit à aucune contrainte sociétale. de nuit comme de jour, été comme hiver, du lundi au dimanche, jours fériés compris, ce sauvage braconne les terres d'un comte. Ce dernier s'appuie sur Borrel, gendarme zélé et Volat, métayer fourbe, pour tenter par tous les moyens de le piéger. le chasseur devient gibier et défend chèrement sa peau, plus allergique à l'autorité qu'au rhume des foins, quitte à sacrifier sa vie de famille.
Maurice Genevoix a fini au Panthéon, son Raboliot veut échapper à la prison.
Dans ce roman, l'écrivain touche au sublime quand il décrit la nature. J'ai fait la connaissance de mots que je n'avais jamais croisés. D'un naturel timide avec les inconnus, je me suis rapproché de mes vieux dictionnaires pour mieux les apprivoiser. Cela ne m'était pas arrivé depuis une éternité.
Les descriptions de Maurice Genevoix sentent le champignon, ses phrases sont des balades en forêt sur des sentiers non balisés, ses dialogues ont le souffle du gibier traqué. Je ne suis pas un grand amateur des romans du terroir, mais j'avoue que ce classique m'a presque donné envie d'aller jardiner, renifler du géranium, passer plus d'une heure sur Seasons sans m'endormir, adopter une pie, puis un hérisson, tondre ma pelouse et même celles des voisins.
Et puis Raboliot, c'est un peu le descendant du « bon sauvage » des lumières, un être qui a connu la guerre, comme son auteur, et qui ne veut plus faire commerce avec la société, obéir à des règles qui ne sont pas celles de sa nature indomptable.
la psychologie d'un sanglier.


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Une oeuvre que je ne suis pas près d'oublier, je connaissais de nom et vaguement l'histoire, mais à la lecture je me suis rendu compte que je ne le connaissais pas.
C'est un roman régionaliste, sur la liberté, la nature sans doute écolo avant l'heure, mais tellement plus encore….
Les descriptions de la Sologne par Maurice Genevoix sont tout simplement merveilleuses.
Une époque où l'homme ne fait qu'un avec la nature, c'est un livre nostalgique aussi, mais pas dans le sens « c'était mieux avant », car la description de la société est rude, la misère concerne la majorité de la population.
Raboliot est un braconnier (par besoin vitale, et par nature) épris de liberté et de justice qui considère que la nature appartient à tout le monde et pas au «propriétaire» des terres, son obsession de liberté, de vie et de justice le mènera à son destin.
C'est un livre qui aurait du ou devrait interroger la société sur son évolution, il ne s'agit sans doute pas d'un retour à la nature qu'il faut envisager, mais une meilleure connexion avec elle, sans aucun doute.
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Il y a des écritures qui vous entraînent et vous emportent. Des phrases qui marchent à vos côtés, des mots qui partagent chacune de leur lettre comme on partage le pain. Il y a comme ça des livres qui deviennent compagnon de chemin d'infortune. On se tient à leur côté et on allonge son pas.
Raboliot. le braco. La tête dure, l'âme pure et le corps sauvage.
Il y a la Sologne, ses étangs, sa vase, ses chaumes, la fulgurance des odeurs.
Il y a la nuit, longue, profonde.
Il y a Aïcha, la fidèle, le lièvre, la buse, les bois, et puis l'appel de cette terre qui prend le coeur des hommes.
« C'est parce que c'est vrai que c'est beau, et c'est beau parce que c'est vrai » disait un historien au sujet du style Genevoix. Ce style particulier qui sublime l'âpreté de la vie. Cette écriture incroyable, ce regard qui fait entendre partout cette puissance de la vie. Dans le rameau d'une branche, dans la bâillement d'une carpe, dans le jet de la pierre, dans la truffe d'un chien, dans le regard d'une enfant, dans un poing. Tout dans l'écriture annonce la renaissance du monde.
Raboliot ne se bat pas pour survivre, il se bat pour être ce qu'il est. Il se bat pour ce qu'il sait être juste. Et peu importe les gendarmes, le village, peu importe le château, ceux de Saint Hubert. Raboliot marche sur la terre.
Il est libre et ne doit rien, lui qui est rentré de cette saleté de guerre.
En le suivant, ligne après ligne, on se sent peu à peu augmenter.
« Le printemps sent la poudre
On tue ses hirondelles ». Daniel Reynaud- Poète- écriturier.

Astrid Shriqui Garain

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Quand on parle de Maurice Genevoix, une oeuvre vient immédiatement à l'esprit, tant elle est emblématique de l'auteur : « Raboliot »…Un roman publiée en 1925 que l'auteur n'aura de cesse de modifier jusqu'en 1952 qui verra le texte « définitif » établi pour la publication en Poche.

Raboliot, c'est Pierre Fouque, un braconnier solognot qui braconne autant par passion que par nécessité sur les terres de Monsieur le Comte ; mais le gendarme Bourrel veille, aidé par la jalousie qu ‘entretient Volat à l'égard de Fouque qui, pris en flagrant délit préférera disparaître dans les bois plutôt que de se soumettre, jusqu'à un retour vers sa famille et un drame…

Maurice Genevoix n'a pas son pareil à l'instar d'Hervé Bazin pour décrire les paysages de sa chère campagne et la rusticité dont elle imprègne ses habitants…
Il n'en reste pas moins que « Raboliot », ne peut pas être réduit comme on le fait si souvent à une ode à la nature. C'est aussi et surtout un hymne à la liberté et à la lutte des gens de peu contre les puissants.

Un personnage touchant, la nature envahissante et belle, la vaine révolte d'un homme contre une autorité qui le dépasse… Trois raisons de lire « Raboliot »… A moins que vous n'en trouviez d'autres…
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Il y a un frisson à se glisser la nuit hors de la maison silencieuse où tout dort, à remonter les rues muettes et glacées du village pour se jeter dans la forêt, au milieu des ombres murmurantes, des craquements soudains et des présences silencieuses. Combien ce sentiment doit être décuplé quand on part un fusil sur l'épaule et un chien au côté. Et combien il doit être encore plus puissant quand, en faisant cela, on sait qu'on défie la loi !

Si vous avez un peu fréquenté le monde des campagnes, vous avez peut-être connu les ‘'bracos'' locaux. Peut-être même l'un de ces villages où avoir vingt ans est synonyme d'alcool, de conduite acrobatique et d'escapades nocturnes hors saison de chasse. Et si non, cela ne vous empêchera en aucune manière de faire connaissance de Raboliot.

Nous sommes quelque part au coeur de la Sologne, dans une région de bois et d'étang où tout semble propice aux expéditions nocturnes. Les forêts appartiennent à un comte qui passe de temps en temps faire l'une de ses gigantesques battus comme on en voit dans ‘'La règle du jeu', et il n'apprécie pas que les paysans prélèvent quelques lapins et faisans dans ses réserves. Il se trouve que son garde-chasse profite surtout de sa position pour braconner à son compte, et considère les autres braconniers comme de la concurrence déloyale. Or Raboliot, le héros de l'histoire, est de loin le plus doué du pays dans ce domaine.

En vain a femme le supplie d'arrêter ses escapades nocturnes, lui demande de penser à leurs trois enfants. C'est plus fort que lui. L'appel de la nuit est le plus fort. Et puis les bois sont à tout le monde, non ? le gibier est à celui qui sait le prendre. C'est sa philosophie, et il n'en connait pas d'autre. Peu à peu, il va devenir la cible générale : du comte, des garde-chasses, des gendarmes... Jusqu'où peut aller un paysan têtu quand un sentiment d'injustice l'envahit, et qu'il est décidé à lutter pour sa liberté ?
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Il traversa un labour sablonneux, puis un champ aplani au rouleau, net comme une table de billard. Il ne se cachait pas, il marchait d'un pas vif, sans courir; il offrait sa forme d'homme aussi visible de toute part, se tendait en appât à l'ennemi. Quand il atteignit la breumaille, il continua d'aller tout droit, sans presser ni ralentir l'allure. Mais il perçut avec plus de force cette chaleur qui l'accompagnait, allégeait tout son corps et affinait ses sens. Ce fut comme si son être se creusait, en marge de ses pas, en marge du coup d'épaule qu'il inclina pour faire glisser la bretelle de son arme: une sensation d'attente, de vide tiède et tendu, déjà sonore. Les bruyères qu'il frôlait en marchant faisaient contre ses jambes un bruit râpeux et bien rythmé. Avec le murmure de la pluie - un grésillement de gravier fin à travers des touffes fanées - c'était tout ce qu'il entendait. De loin en loin les bruyères s'écartaient et laissaient voir entre elles des flaques de sables blanchoyantes.
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Et si quelques hommes, plus riches, accaparent le droit à la chasse, s'ils défendent leur droit avec l’appui des lois, des gardes qu’ils paient et qu'ils arment, des gendarmes en uniforme, des policiers habiles à se grimer, est-ce qu’il n’est pas d’autres lois plus anciennes, qu’on chercherait en vain dans les codes, mais que les gars de Sologne connaissent bien puisqu'ils les sentent vivre en eux-mêmes dès que le poil leur pousse sous le nez, dès qu’ils éprouvent la chaleur de leur sang ?
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Les goujons, ventre en l'air, viraient au bord des larges goulots, oscillaient une hésitante seconde, et, d'un coup de queue vif, les nageoires pectorales vibrantes comme des embryons d'ailes, piquaient du nez vers les ténèbres fraîches.
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Raboliot, sans fatigue, accroissait sa richesse : ce n'était pas une richesse consciente d'elle-même, un amas ordonné dont il pût dresser l'inventaire ; mais une richesse plus secrète et plus sûre tant elle était mêlée à lui. A sa mémoire toute sensorielle, il aurait demandé vainement des souvenirs décantés et limpides, quelque chose comme un plan des terres qu'il s'était annexées. Ses yeux, son nez, ses mains se rappelleraient pour lui, ses jambes qui par endroits avaient foncé dans le sable cendreux, glissé dans une coulée de glaise, raclé les épines des ronciers, son corps multiple et sans cesse vigilant, et la mémoire fidèle de son corps.
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Raboliot prit à travers champs et se mit à monter vers la ferme. Dans les roseaux qu'il frôlait au passage, nulle vie ne s'émouvait que celle des feuilles froissées; les judelles se cachaient aux profondeurs du fourré aquatique ; il n'y eut qu'un oiseau terne, au vol bas, qui se leva devant eux sans un cri : quelque petit butor sans doute, troublé dans sa solitude. Ils l'entendirent longtemps après pousser sa clameur étrange, son beuglement mélancolique.
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Videos de Maurice Genevoix (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maurice Genevoix
https://www.laprocure.com/product/1049468/genevoix-maurice-rrou
Maurice Genevoix, illustrations Gérard Dubois rroû Éditions La Table ronde
« On craque pour ce livre illustré de rroû de Maurice Genevoix aux éditions La Table ronde. Une petite merveille illustrée par Gérard Dubois qui est multi-primé en tant que dessinateur pour le Newyorker et le New York Times entre autres. Évidemment, Maurice Genevoix, c'est celui qui a été connu et reconnu pour Ceux de quatorze où il décrivait ses blessures de guerre et la guerre en elle-même, qui est un texte majeur en littérature française, puis qui avait eu le prix Goncourt pour Raboliot. Et ce texte-là, magnifique, n'est pas seulement l'histoire d'un chat, c'est bien plus que ça... » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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