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Critique de FelicieAussi


Julien, quadra marié et père de famille n'en peut plus de son chômage qui lui bouffe sa vie et son couple. Sa confiance en lui en prend un coup, il décide de quitter ce monde pour ne plus être un poids pour sa femme et ses deux filles. Or après quelques recherches, il s'aperçoit que le suicide est bien moins remboursé par les assurances qu'un accident. Il décide de mettre en scène sa propre mort afin de laisser sa famille à l'abri du besoin.

Jouer avec la mort, la préméditer.. drôle de sujet, ma foi qui m'a tout de suite interpellé lorsque j'ai vu ce roman. Comment parler de la mort en étant drôle, comment parler du suicide sans donner d'idées ? La mort programmée, ou fraude à l'assurance, n'était il pas un moyen osé de tendre des perches à d'autres dépressifs ?

Je me suis pourtant plongée dans le roman de Gilles Gérardin avec délice et beaucoup d'humour.. {noir}. Julien dont on pourrait croire qu'il est le personnage central du roman est gentil, naïf, cupide.. il se frotte à d'autres protagonistes odieux et détestables dont le premier n'est autre que Céline, sa femme ! Plus l'heure approche, plus Julien réalise ce qu'il va faire.. Véritable élan d'amour en premier, il n'en reste pas moins un geste de courage qu'il lui faut affronter.

Ce n'est pas sans compter sur l'aide de sa femme, dès qu'elle a eu vent de l'affaire.. et qui n'hésite pas à l'épauler comme il se doit. On découvre alors une personne au passé sensible certes, mais au présent très motivé par l'appât du gain : elle est très intéressée. Elle tient une place de choix auprès de son mari qu'elle soutient jusqu'à la tombe.. pourvu qu'il y reste.

Selon moi, Céline est l'héroïne du roman.. Toute cette introspection, ces remises en questions, ces aveux si crus sur la personne qu'elle est devenue.. on pourrait presque même la prendre en pitié. Mais non. Pas moi. Elle joue sur les sentiments, cette position de « Lui ou Moi » et cet instinct de survie. Bref, c'est un personnage extrêmement bien travaillé et dont la personnalité est rendue discutable. On l'aime autant qu'on la déteste. Quant aux filles, véritables pestes en devenir qui n'hésitent pas elles non plus, à lister les choses qu'elles feront avec l'héritage, sous les yeux de leur père.. On peut dire que Julien est soutenu, ou presque.

L'alternance entre ces deux narrateurs – Julien et Céline – apporte une dimension vraiment opposée ; les motivations de chacun prêtent à une conversation jubilatoire. le ton est donné malgré les objectifs et la manière d'y arriver, lorsqu'un hésite, l'autre le pousse doucement vers le trou..

Le final m'a laissé de marbre – sans jeu de mots. Je n'ai pas saisi l'arrivée au pouvoir de ce mini héro qui se baladait tout au long du roman. Zut.

En bref, un roman qui m'a beaucoup plus, un scénario cynique et méchamment drôle, un récit politiquement incorrect qui joue avec les tentations pécuniaires de l‘être humain.. Jusqu'où peut-on aller par amour ou désamour ? Ce roman détonne des autres livres parus chez Eyrolles, nous sommes loin du feelgood. C'est une balance entre drame et humour. Quoi que.. On rit mais jaune, on se remet en questions sur un sujet dur : se donner la mort par amour, par lâcheté ? Car finalement, c'est bien par amour pour sa famille que Julien en vient à penser au suicide. Mais connait-on bien les gens qui partagent notre vie et le méritent-ils ?

« Julien, le bienfaiteur » est un roman inclassable, qui oscille entre humour noir, ode à la vie et thriller d'amour.

Lien : https://felicielitaussi.word..
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