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EAN : 9782212571264
270 pages
Eyrolles (04/07/2019)
3.79/5   46 notes
Résumé :
Julien, la quarantaine, marié, père de famille, est au chômage depuis plus d’un an. Au fil des jours, l’espoir de retrouver un emploi s’amenuise et le trou de ses dettes se creuse. Prenant conscience de l’inutilité de son existence, il décide d’y mettre fin. Mais au moment de passer à l’acte, il découvre que les assurances indemnisent beaucoup mieux le décès accidentel qu’un banal suicide. Julien entreprend donc d’organiser sa mort « accidentelle ».
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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"L'espoir fait vivre, mais comme sur une corde raide"
Paul Valéry.


Julien a retrouvé la corde qu'il a acheté, pour se pendre, mais sa corde sert de corde à linge...


Julien est sur la corde raide, des dettes, plus de travail, et il a hypothéqué sa maison. Il ne peut même pas traverser la rue, pour trouver un boulot, comme le pense un certain président...


Sa femme Céline ne travaille pas. C'est une artiste, elle peint, miséricorde! Elle a passé la corde au cou de Julien, car elle attendait un enfant, d'un autre. Mais là, c'est un licou, au lieu d'un contrat de mariage...
Son coup de foudre fut pour la maison, pas pour son mari!


Une solution: l'assurance vie! Oui, mais pas pour un suicide! Pas une pendaison, ça, ça ne concorde pas!
Julien en parle à sa femme et...
Il a touché une corde sensible, chez Céline qui croit, comme sa copine Irène, que Julien "n'aura pas les couilles d'aller jusqu'au bout!"


Céline imagine que son mari tombe du toit, comme le voisin, soit écrabouillé par une voiture, noyé dans la piscine d'Irène, etc...
Ils mettent même leurs deux filles au courant, pour l'assurance-vie...


Comment ça se termine? A trop tirer sur la corde...
Car, l'agent des pompes funèbres a l'habitude et explique ce qu'est un "Bienfaiteur", d'une voix monocorde. Pas de problèmes, il s'occupera des funérailles, c'est un pro! Il est ... d'accord!


Enfin, il y a un certain Guillaume Paulin qui découvre le secret de Céline, une photo qu'elle gardait précieusement dans une doublure de son sac. Une photo de Greg, son amour de jeunesse et le véritable père de son premier enfant...


" J'ai beau me dire que je suis fou, ouais
Elle sait trouver des mots si doux, hé hé
Un jour ou l'autre, elle finira, ha ha ha
Par me passer la corde au cou."
Richard Antony. La corde au cou.


Merci à Babelio, aux éditions Eyrolles et à Gilles Gérardin.
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Voilà un livre qui est une vraie bonne surprise. Une bonne surprise, alors que la quatrième de couverture est alléchante et laisse penser dès le départ qu'on ne sera pas déçu ? Eh bien oui : on nous annonce un livre cynique, dont on se demande jusqu'où l'auteur va le pousser et comment il pourra bien conclure son histoire. Eh bien on a bien un livre qui pousse le cynisme jusque dans des retranchements osés, qui débouche sur une conclusion qu'on n'attend pas entièrement, mais qui en plus est loufoque et plein d'humour (j'ai vraiment éclaté de rire à plusieurs reprises) tout en débouchant sur une relecture très inattendue d'un mythe fondateur. Un livre inclassable ? Carrément, et ça fait beaucoup de bien !

J'ai eu la chance d'écouter l'auteur lors de la rencontre organisée avec lui par Babelio (merci encore). Il a retracé la manière dont son parcours l'a mené de l'écriture de scénarios pour la télévision et le cinéma, au roman. Le roman, a-t-il dit, permet d'aller bien plus loin dans la profondeur et la psychologie des personnages : dans un film, les personnages sont ce qu'ils font et disent ; dans un roman, on peut accéder à ce qu'ils pensent. Pour autant, la première version de son manuscrit était encore proche d'un scénario, avant de s'en écarter lors d'un deuxième travail dessus, a-t-il ajouté. Mais il en est quand même resté quelque chose : un rythme, une structure impeccable, un dosage très maîtrisé de la progression de l'histoire.

Or, il se trouve que j'ai découvert récemment avec effroi les livres à suspense américains (L'assassin de ma soeur, Tangerine, pour ne citer que ceux que j'ai chroniqués sur Babelio), calibrés pour faire emprunter au lecteur un chemin plein d'embûches qui sont levées à un rythme mécaniquement asséné par l'auteur, rédigés en appliquant strictement les principes du "show, don't tell", toutes choses qui finissent par ramener les livres à de simples scénarios mis en forme... des livres dont on se dit que des machines auraient pu les écrire. Dans ce contexte, les paroles et le livre de Gilles Gérardin m'ont complètement rassurée sur le fait qu'il existe une alternative à cette grosse mécanique de marketing américaine : il est possible de prendre tout ce qu'il y a de bon dans l'écriture de scénarios, d'en faire un atout pour la construction d'un livre, tout en conservant la fantaisie, l'originalité, l'introspection que permet la forme du roman. Une école française qui résiste au formatage américain ? Je suis pour ! Merci Gilles Gérardin !

Mais si le livre m'avait paru sortir du lot avant même cette rencontre, c'est pour une autre raison. C'est pour ses trois dernières lignes. Attention, si ces lignes peuvent autant frapper, c'est parce qu'on y est préparé à notre insu par les pages qui les précèdent, qui sont excellentes, pour les raisons que je viens d'évoquer. Mais ces lignes ajoutent (explicitement) l'idée que finalement, l'histoire qu'on a lue pourrait aussi être comprise d'une toute autre manière, en en renversant complètement la perspective et en changeant carrément de personnage principal. Elle pourrait être lue en en faisant un mythe revisité. Pour découvrir lequel, il faut lire le livre. Mais on pressent bien que cela donne une dimension supplémentaire à toute l'histoire : les personnages deviennent des personnages mythiques qui accomplissent à leur insu un destin annoncé ; l'histoire devient celle du cheminement de l'inconscient, cet insu qui nous gouverne et nous amène à endosser un destin qui était là mais que nous ne voyions pas avant de l'accomplir.

Je trouve que c'est un vrai ravissement quand on est un spectateur extérieur d'une telle histoire et qu'on réalise qu'on a tout compris, et simultanément, qu'on n'avait rien compris. Je vais de ce pas ajouter le livre à ma liste "Suspense à l'envers" et vous recommande très chaudement cette lecture, qui me paraît parfaite pour l'été : divertissante et grave, légère et profonde, drôle et triste, hantée par la mort et porteuse de vie. Exactement comme notre passage sur terre.
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Un très bon roman avec du suspense de l'humour une histoire avec beaucoup d'imagination de l'auteur un premier roman avec du style et facile à lire. Sa promet pour le deuxième roman.
L'auteur pour l'avoir rencontré est très jovial et amoureux de la langue française.
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Belle surprise que ce « Julien, le bienfaiteur » premier roman de Gilles Gérardin. Il m'a été offert par les éditions Eyrolles dans le cadre d'une opération masse critique et je les remercie car j'ai passé un bon moment de lecture.
Je pensais avoir affaire à un roman social du style Gérard Mordillat dénonçant la condition et le désespoir d'un homme au chômage.
Et bien pas du tout, c'est une comédie douce-amère enfin souvent amère parce qu'il s'agit quand même de mourir pour Julien Lebranchu, le personnage au coeur de cette histoire qui ne manque pas d'humour. le chômage n'est pas le sujet central, il aurait pu arriver n'importe quoi à Julien, l'idée étant qu'il soit désespéré. La mort c'est la solution qu'il a trouvé pour sortir du marasme dans lequel il se trouve et dont il se sent responsable vis-à-vis de sa femme et de ses filles. Car c'est aussi une histoire de famille.
J'aime beaucoup la construction narrative qui alterne les points de vue.
D'abord celui de Julien. Comptable, il est cadre moyen. Il a plutôt réussi mais raconte la descente aux enfers depuis qu'il est au chômage. Il va donc proposer de mourir, si possible d'un accident pour que l'assurance vie mette sa famille hors du besoin.
Il y a aussi le point de vue de sa femme, Cécile Chaumette épouse Lebranchu, qui est peintre et ne travaille pas. On sait dès le début que Julien n'est pas l'amour de sa vie et que sa fille aînée n'est pas celle de son mari. C'est son secret et on comprend alors pourquoi l'adolescente est perturbée. Ce qui l'intéresse c'est sa maison alors bien que dans un premier temps elle est choquée de la proposition de Julien, elle va vite se laisser convaincre. Elle va même essayer de lui donner un coup de main pour accélérer le décès car les huissiers sont à l'oeuvre.
Et puis il y a Guillaume Paulin, le livreur de pizza. Il est orphelin à la recherche d'une famille et a jeté son dévolu sur la famille Lebranchu aidé par le Trickster.
Tous ont pour point commun la fragilité de leurs origines, inconnues ou incertaines. Mais le plus difficile pour Julien est d'organiser ses funérailles de son vivant même si c'est pour devenir un bienfaiteur.
Ne vous inquiétez pas, je n'ai pas raconté grand-chose car ce livre est plein de surprises... jusqu'à la fin.
Il ne faut surtout pas prendre au sérieux cette histoire en cherchant un réalisme social à tout cela. C'est du deuxième degré et même si je trouve que l'auteur exacerbe le caractère vénal des femmes et le côté perfide des hommes, il donne toujours le ton juste à cette comédie.
Cela m'a fait penser au film "Le couperet" de Costa-Gavras qui est dans le même registre et là c'est un vrai compliment.
Cerise sur le gâteau, j'ai eu le plaisir d'être invitée par Babelio à une rencontre avec Gilles Gérardin qui est fort sympathique.


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Pour un premier roman, Gilles Gérardin a frappé fort, avec une histoire originale, qui détonne dans l'univers littéraire habituel.

Julien est au chômage. du haut de ses quarante ans, et malgré son expérience professionnelle, il n'arrive pas à retrouver un emploi. Ayant été à son compte durant les dernières années, il n'a même pas le droit à l'allocation chômage. Il se retrouve, avec sa femme et ses deux filles, sans aucune ressource financière. Les factures à payer s'amoncellent et aucune rentrée d'argent n'arrive. Désespéré, Julien pense à se suicider, avant de se rendre compte que s'il arrivait à mourir accidentellement, il rendrait service à sa famille, qui toucherait l'argent des assurances suite à son décès. D'abord convaincu par son choix, il s'en ouvre à sa famille, qui se voit déjà couverte d'argent. Mais plus l'échéance approche et plus Julien hésite : la vie est quand même belle, ne vaudrait-elle pas le coût d'être vécue plus longtemps encore ? Mais son entourage va se liguer contre lui, pour lui faire prendre conscience de son geste salvateur et nécessaire.

Il n'y a pas à dire, des romans comme celui-ci, on n'en croise pas tous les jours ! Dans la même veine de roman à l'humour noir et macabre, j'ai le vague souvenir du roman de Jean Teulé, le magasin des suicides, que j'avais lu il y a quelques années déjà, et que j'avais beaucoup aimé. Gilles Gérardin, tout comme Jean Teulé, désacralise la mort en la tournant en dérision.

Ne vous laissez pas avoir par votre premier impression et foncez découvrir cette histoire, qui ne vous laissera certainement pas indifférent. Malgré la thématique assez sombre, bonne humeur et fous rires sont au rendez-vous ! le sujet est cocasse et les situations loufoques se succèdent : Julien qui choisit son cercueil, sa femme et ses filles qui le poussent à mourir, Guillaume Paulin, cet adolescent orphelin qui veut se faire adopter par la famille… tout est tiré par les cheveux, mais comme on dit : plus c'est gros et mieux ça passe !

Je me suis régalé de ces scènes si particulières et de ces personnages si différents de ceux que je croise d'habitude dans mes lectures. J'ai été agacé par certains d'entre eux – la femme de Julien, m'a tout particulièrement irritée, avec son manque d'empathie et son égoïsme exubérant. Julien m'a lui-même énervé, par sa naïveté et sa trop grande soumission. Mais c'est, je pense, l'effet que recherchais l'auteur : se détourner des codes traditionnels des romans, casser les stéréotypes et les idées préconçues, emmener le lecteur dans ses retranchements, dans des chemins qu'il n'a encore jamais parcouru. Et avec moi, ça a fonctionné !

Un premier roman réussi, où l'humour noir et le cynisme offriront des francs éclats de rire aux lecteurs. Personne ne peut sortir indifférent de cette histoire !
Lien : https://analire.wordpress.co..
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Ma corde de pendu, Céline l'avait utilisée comme fil à linge.
Attachée d'un côté au tronc du sycomore, le plus bel arbre de notre jardin avec sa ramure élancée et son feuillage vert sombre, de l'autre à la manivelle de l'ancien puits. Je me suis arrêté net, horrifié.

Cette corde, à mes yeux, n'était pas qu'un simple assemblage de chanvre tressé mais un objet sacré, auréolé d'une haute valeur symbolique : le dernier fil qui me reliait à la vie. Son utilisation triviale par Céline me bouleversait. J'ai attendu que les battements de mon coeur se calment et l'ai aidée à suspendre le linge en supputant que, si le temps se maintenait, il serait sec dans la soirée. Je pourrais alors, après l'avoir sommairement plié et rangé dans la panière, récupérer ma corde, l'accrocher à une branche du sycomore et mettre à exécution mon projet.
Au fond, je n'étais pas à un jour près.
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On pardonne tout aux riches nés riches tandis que les nouveaux riches sont l'objet d'une détestation générale. Les riches nés riches ne soulèvent pas l'animosité des gens ordinaires car ceux-ci considèrent qu'ils font partie de l'ordre naturel et immuable des choses, tandis que les nouveaux riches bousculent cet ordre et apparaissent comme des traîtres à leur ancienne condition de pauvre. C'est pourquoi leur vie est souvent difficile. On les regarde de travers, on les jalouse et on les hait. Pour éviter d'être assimilée à cette catégorie sociale haïssable, je ferais bien d'aller ailleurs dépenser mon argent, hors de la vue jalouse des petites gens.
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Une existence chaste et modeste, voilà la ligne que je me fixe.Je sais que les tentations d'y déroger seront nombreuses mais je résisterai de toutes mes forces aussi longtemps que je pourrai.Pas de berger râblé dans mon lit. Et si, en dépit de mes rebuffades, il me touche, me cajole, m'embrasse...je réveillerai en moi le souvenir du sacrifice de Julien pour éviter d'en ressentir du plaisir. Et si ses caresses se font plus insistantes... et que malgré moi je frissonne je...j'en éprouverai du remords, c'est certain.
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Il ne pourra plus se dérober, c'est une affaire entendue. Reste une question : quand ? Quand va-t-il se décider à passer de l'état solide à l'état gazeux ? Je crains qu'il attende le dernier moment.Il reste trois jours jusqu'à l'échéance qu'il a lui-même fixée. il va vouloir profiter de la vie aussi longtemps que possible. C'est normal , mais c'est embêtant. Un accident survenant à quelques minutes seulement de l'expiration des garanties contractuelles, ça va attirer l'attention.Il y aura une enquête, des questions. On ne me laissera pas jouir de mon veuvage en paix.
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Le passé ne peut pas éternellement servir d'alibi au présent. Le déterminisme a bon dos, je trouve. Personne ne nous oblige à subir. On peut aussi se comporter en adulte actif et responsable, exister par soi-même.
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Vidéo de Gilles Gérardin
Entretien avec Gilles Gérardin à l'occasion de la rencontre entre l'auteur et les lecteurs de Babelio.com le 8 juillet 2019. Découvrez les mots choisis par l'auteur pour évoquer son roman 'Julien, le bienfaiteur', paru aux éditions Eyrolles.
Retrouvez toutes les critiques de 'Julien, le bienfaiteur' sur Babelio : https://www.babelio.com/livres/Gerardin-Julien-le-bienfaiteur/1149494
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