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Critique de Bellonzo


Et la défaite continue


Me revoilà plongé dans Yves Gibeau.... "Et la fête continue" qui date de 1950 n'est guère un ouvrage optimiste. Mais bon sang, de quelle trempe était fait cet écrivain, avec son regard sur cette fin de guerre à Marseille? C'est que les fins de guerre sont difficiles, comme les milieux de guerre, les débuts de guerre, les avant-guerre, les après-guerre. Pour le reste ça peut aller. le jeune homme n'a guère le coeur à la Canebière. Il cherche surtout à trouver de quoi bouffer, c'est le terme en usage quand la question est essentiellement d'ordre alimentaire au sens propre, ce qui est le cas, même dans le Midi. Et puis Stéphane, ancien prisonnier, doit éviter les mauvaises rencontres. On a vite compris la proximité de Stéphane avec Yves Gibeau.

Il a bien une ou deux connaissances, des tenants de la débrouillardise, un impresario douteux, une prostituée et surtout Nathalie avec qui le ciel peut s'éclaircir, du moins l'espère-t-il. Cela nous vaut une grande tendresse, une sorte de sentiment un peu timide, car ce grand escogriffe aux jambes flagada pour cause de diète, meurtri par l'enfance, cette "petite guerre", n'est autre que Gibeau lui-même, cet amoureux de la littérature, ce blessé des autres. On ne mange guère a sa faim dans "Et la fête continue", et la quête n'est pourtant pas que de nourritures terrestres.
Un peu tous les métiers, selon l'expression consacrée, et c'est bien de ça qu'il s'agit, survivre, même si pas bien loin de la pègre. J'ai eu la chance de rencontrer cet homme sur le tard de sa vie. Il n'était guère plus lourd que le Stéphane de Marseille. Et je revois ses yeux de grand enfant que les coups durs, ceux du Landerneau littéraire entre autres, n'avaient pas réussi à atténuer. Il y a ainsi dans l'histoire de la littérature des prolifiques intéressants, des prolifiques casse-pieds, des discrets fascinants dont la vie et les écrits errent toujours en un pli de notre mémoire. Yves Gibeau est de ceux-là.
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