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Critique de sylviedoc


Près d'une semaine déjà que j'ai laissé Léonard, Jorge et Mona (Mo, pour les intimes) derrière moi après avoir vécu 762 pages et des heures où j'étais censée dormir en leur compagnie. Et tous les jours, en me connectant à Babelio, ce compte à rebours qui s'affiche en haut de l'écran : plus que 20,19, 18, 17...jours pour publier ma critique. Et tous les jours, je me dis que je ne suis pas prête, je ne saurai pas, je ne rendrai pas justice à ces trois êtres et à leur créatrice si j'écris trop vite...
Mais le sablier se rappelle à moi, et la réalité s'en mêle : déjà trois autres lectures qui attendent leurs billets, une lecture commune de 660 pages en cours qui comporte également un trio de personnages marquants, il faut que je me reprenne, ou sinon Jorge, Mo et Lennie vont se diluer dans ma mémoire, partir définitivement rejoindre mon Glen Affric à moi, et j'aurai du mal à les rejoindre.
Alors je m'équipe, thé, choco, chat blotti contre moi, mari occupé à bricoler qui ne me dérangera pas intempestivement, une grande inspiration et on plonge !
Et pour commencer je vous présente mes compagnons, ces personnages incroyablement attachants qui m'ont fait passer par de véritables montagnes russes émotionnelles. le premier que j'ai rencontré c'est Léonard, aimablement surnommé Léo le triso, ou sa variante, Léonard le connard, par ses "amis" du collège, qui le rançonnent et le le tourmentent sans pitié, profitant de sa différence et de ses difficultés à trouver un appui auprès des adultes. Dès les premiers chapitres, j'ai senti monter les larmes, devant certaines ignominies (et pourtant je sais bien que c'est "courant", j'y suis confrontée hélas si souvent), je voulais lui dire de se défendre, de parler à Mo, ou à Sacha l'ébéniste qui l'emploie de temps en temps, des personnes qui le comprendraient et l'aideraient. Mais je sais combien c'est dur de réagir comme il faudrait. Il y a bien Vicky, son amie fidèle, qui tente de se dresser contre ces petits tyrans, mais ne se met-elle pas en danger ?
Ah, si seulement Jorge était là, il saurait quoi faire lui ! Mais il est bien loin Jorge, à Glen Affric... D'ailleurs, même s'ils sont frères, Léonard ne l'a encore jamais vu, le seul lien qui les relie, c'est une carte postale jaunie expédiée il y a plus de seize ans d'Ecosse, et qu'il garde précieusement.
En réalité, Jorge n'est plus si loin, mais la distance géographique n'est pas la seule qui peut empêcher de se voir. Et Jorge est "empêché", depuis seize ans justement, de rencontrer ce petit frère trouvé dans un fossé par Mona alors qu'il n'était qu'un tout petit enfant bien mal en point. Oh, il donnerait cher pour le connaître, mais pas dans ces circonstances-là...
Et quand justement l'occasion se présente enfin pour les deux frères de faire connaissance, la vie qui aime parfois les mauvaises blagues va faire en sorte qu'ils se croisent...mais sans se voir.
Et Mona, dans tout ça ? Mona elle fait face, elle gère, au jour le jour, aussi bien qu'elle peut, entre son "petit" (mais qui est bien plus grand qu'elle) dont elle soupçonne bien que le quotidien n'est pas toujours facile, mais sans en savoir plus, son "grand" qui lui manque pour une raison totalement injuste, son mari qui s'est pendu parce qu'il n'en pouvait plus. Pas simple tous les jours, mais elle du courage à revendre devant les coups tordus de la vie. Et régulièrement, sans se lasser, elle raconte à Léonard ce fameux soir de novembre où elle l'a trouvé par hasard dans le fossé, et où elle l'a recueilli, non sans mal. Un récit qui va devenir un vrai pilier auquel Léonard se raccrochera quand les temps seront durs. Et il va en avoir besoin de plus en plus souvent...Parce que quand on est une émanation du cerveau de Karine Giebel, il ne faut pas s'attendre à une existence de fleuve tranquille !
Tout le monde va morfler dans cette histoire, et pas qu'une fois. Autant être prévenu avant de l'ouvrir, ce livre est dur, très dur. Même pour les "habitués" de l'auteure, dont je fais maintenant partie.
Et ce n'est pas dans la seconde moitié de l'histoire que nous allons trouver l'apaisement ! Parce que, comme la peluche qu'il faut attraper pendant le tour de manège, le bonheur va passer souvent à portée de main, mais s'envoler juste avant qu'on parvienne à le saisir. A un moment j'y ai cru, je me suis dit "ils vont y arriver, c'est pas possible, ça peut pas continuer comme ça", mais Karine décide, et le lecteur encaisse...ou pas. Je sais, et je comprends, que certains ont décroché, n'en pouvant plus de cette noirceur (parce que je ne vous dis pas tout, il y a encore bien d'autres "surprises" tout au long de ces pages), mais moi j'étais littéralement hameçonnée, comme le poisson qui cherche son souffle au bout de la ligne du pêcheur (clin d'oeil à qui comprendra !) Et, maso sans doute, j'en voulais encore et encore. Ben j'en ai eu, et je suis encore en sidération devant cette maîtrise qu'à l'auteure pour nous laisser ainsi, pantelants, devant le sort qu'elle réserve à ses créatures qu'elle a rendues si vraies qu'on a pleuré pour elles.
Je ne trouve aucune réserve à émettre, non ce n'était pas trop long pour moi, j'en aurai même pris quelques centaines de pages en plus, et oui c'est très sombre, mais j'avais signé pour.
Comme d'autres n'ont pas manqué de le remarquer, l'auteure cligne de l'oeil à Steinbeck, avec Lennie qui est là aussi un géant de nature pacifique (mais qu'il ne faut quand même pas pousser dans ses retranchements) et Jorge, protecteur, et patient (jusqu'à un certain point). Cela pourra donner envie à ses lecteurs de (re)découvrir "Des souris et des hommes", même si on est là dans un contexte bien différent.
Je voudrai terminer ce billet, dicté plus par l'émotion que par l'analyse rationnelle, en remerciant Babelio et les éditions Plon de m'avoir permis de découvrir six romans noirs de grande qualité, cela a été un honneur d'être "ambassadrice" de cette série. Un final en apothéose ! Je resigne quand vous voulez !
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