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Critique de Andromeda06


Je crois bien que "Glen Affric" est le thriller le plus éprouvant que j'ai eu à lire jusqu'à maintenant. Et pourtant, c'est une grosse claque qu'il m'a mis dans la tronche ! Il est d'une telle intensité (en tout !) qu'il m'aura fallu un certain temps pour m'en remettre et réussir à enfin trouver mes mots pour la rédaction de ce billet.

Nous suivons principalement Léonard, adolescent de seize ans, mais qui n'en a que huit dans sa tête, parce qu'atteint d'un retard mental, conséquence des sévices qu'il a subis quand il était petit. Léonard vit seul avec Mo, sa mère adoptive qui l'aime de tout son coeur. Il a également un grand frère, mais qui vit en Écosse depuis de nombreuses années. Au collège, parce qu'il n'arrive pas à suivre et sait à peine lire, son quotidien se résume aux brimades et moqueries. Il est la victime préférée de trois ados, dont il subit jour après jours les menaces, violences et rackets. Mais un jour, alors que le trio va aller beaucoup trop loin en s'en prenant à son chat, Léo va débrancher les "quelques neurones qu'il lui reste dans la tête" et se rendre compte que son mètre quatre-vingt-dix et ses presque cent kilos peuvent lui être utiles...

Parfois, non, souvent, Léo aimerait être ailleurs, loin de tout ça, loin de ce quotidien accablant. Il aimerait être à Glen Affric, là où tout est beau, spectaculaire, là où vit son frère, celui qu'il idéalise...

Parallèlement, nous suivons également Jorge, condamné à vingt-deux ans de prison pour un double meurtre qu'il n'a pas commis. Après seize ans d'enfermement, la liberté conditionnelle lui est enfin accordée. Sa mère lui trouve un emploi dans la boîte dans laquelle elle travaille, emploi qu'il doit absolument garder s'il ne veut pas retourner en prison. Détruit psychologiquement et moralement et toujours coupable aux yeux de la société, la réintégration est bien plus que compliquée...

Et puis, il y a Angélique, devenue muette suite à l'accident de la route qui a tué ses parents, et qui vit depuis chez son oncle, son bourreau comme elle le nomme...

À première vue, rien ne relie Léonard, Jorge et Angélique. Et pourtant...

Pfff... Finalement, je peine encore à trouver mes mots... J'ai eu envie de pleurer dès les premières pages et c'est en pleurant que j'ai tourné la dernière. Et il y en a 768, c'est dire dans quel état je suis... Et ce n'est pas du tout ce que j'attends d'un thriller, alors je n'étais évidemment pas préparée à ça... Dans un thriller, je veux être tenue en haleine, je veux que le suspense et la tension soient à son comble, je veux être manipulée et bernée, je veux que le dénouement me laisse coite, je veux une intrigue bien ficelée, je veux évidemment des personnages creusés à point. Mais je n'attends pas à ce que ce soit aussi intense en émotions, aussi riche dans la description des ressentis (pas autant en tout cas). Et là, bim ! C'est tout à la fois ! Combien de fois ai-je dû m'arrêter parce que c'était trop alors que je ne pensais qu'à continuer ?

Et c'est d'autant plus dur parce que l'une des victimes est un enfant...

Harcèlement, racket, menaces, maltraitance, viols, meurtres et tentatives de meurtre, violences diverses, survie en milieu carcéral... Les sujets noirs et dramatiques ne manquent pas. Et sans que les événements ne soient décrits dans les moindres détails, ce sont les ressentis de chacun des personnages qui le sont pour chacun de ces événements vécus. On les vit à travers eux, avec eux. C'est terriblement éprouvant, bouleversant. On a tantôt les larmes aux yeux, tantôt une boule coincée dans la gorge, tantôt l'estomac noué.

Et puis il y a les petits moments de joie, les petits bonheurs du quotidien. L'amour d'une mère à son fils, l'amour d'un frère à son frère. Des moments de partage et de soutien. Ce Glen Affric auquel on finit par s'accrocher nous aussi. C'en est tout aussi fort, tout aussi émouvant.

Les personnages, vous l'aurez compris, ne laissent pas indifférent, ni indemne d'ailleurs. On se les attache facilement pour les uns, tout comme on hait très rapidement les autres. J'ai éprouvé beaucoup d'empathie pour Léonard, Jorge et Angélique, d'une manière différente pour chacun d'eux. Mon coeur a souvent eu des envies de meurtre, il a beaucoup saigné et pleuré pour Léonard et Angélique, il a souvent pleuré et crié à l'injustice pour Jorge.

L'intrigue, elle aussi, suscite notre intérêt, et notamment quand l'histoire de chacun des trois personnages commence à se recouper. C'est tout tranquillement qu'elle avance, en ne nous révélant pas toutes les infos en même temps. On devine certains éléments assez tôt mais il nous faut attendre la toute fin pour bien d'autres et pour tout bien comprendre. le dénouement est inattendu en ce qui concerne les meurtres, bouleversant en ce qui concerne les personnages.

La plume de Karine Giebel fait mouche, elle se veut tranchante, déchirante, terrible, autant que compatissante et affable.

Un livre poignant, percutant.
Un véritable uppercut.
Un terrible coup de coeur.

(Mes prochains thrillers risquent de me paraître bien fades après ça...)
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