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Critique de gabb


- Mouais, ben finalement ça casse pas des briques...
- Tu rigoles, tu les as quand même avalé super vite, ces 732 pages, ça devait pas être si mauvais !
- Je te l'accorde : même pour moi qui ne suis pas un rapide, ça n'a pas traîné. Rythmé et efficace, oui. Éblouissant et inoubliable, je suis moins sûr...
- T'es vache, regarde un peu la collection pléthorique d'étoiles récoltées par ce roman sur Babelio, y'a certainement une raison !

Voilà. Ça, c'était un extrait du petit dialogue que j'entends dans ma tête depuis que j'ai refermé ce bouquin (un peu dérangé le garçon, limite schizo, hein ?)
Alors, polar addictif ou roman de gare ordinaire ? Thriller magistral et coup de projecteur salvateur sur l'inqualifiable enfer de l'esclavagisme moderne, ou littérature commerciale, simpliste et sans profondeur, artificiellement chargée d'hyper-violence gratuite ?
Entre les deux mon cœur balance, d'où l'attribution de ces 2 étoiles 1/2, tout pile dans la moyenne.

Oui ça se lit très bien, oui Giebbel sait y faire pour nous amener au bout de son pavé sans nous laisser un instant de répit, oui le sort atroce réservé à la jeune Tama nous glace d'effroi, mais bien vite la surenchère de sadisme et la répétition - quasi à l'identique - des scènes de maltraitance, sans que le nouveau chapitre n'apporte rien au précédent, si ce n'est un effet d'accumulation assommant (Giebel serait-elle payée à la page ou au caractère ?), finit par nous abrutir un peu.

Et que dire de cette écriture sèche, sommaire, qui multiplie les lieux communs et les gimmicks éculés sur la vie et la mort ? Des phrases ultra courtes, le strict minimum vital, quelques mots en vrac projetés sur la page, un point, un groupe nominal, un point. Retour à la ligne.
Parfait pour faire monter la tension, exacerber le sentiment d'urgence et la nervosité, mais sur plus de 700 pages, ça use...

Et ces personnages improbables, ces monstres de cruauté, ces véritables caricatures ambulantes qui n'ont plus grand chose d'humain ni de crédible, on en parle ?
Chacun des bourreaux de la pauvre Tama est encore plus barbare que ses prédécesseurs, et même ce "brave" Izri, pourtant capable par moment de se laisser aller à des déclarations d'amour-chamallow et dégoulinantes à souhait, ne peut pas s'empêcher de tabasser un peu la jeune femme quand ses phalanges le démangent de trop. Faut l'excuser, il a connu une enfance difficile...

Tout ceci étant dit, je reconnais que l'héroïne de cette histoire tragique nous touche (comment pourrait-il en être autrement ?) et qu'en dépit des quelques griefs évoqués plus haut, j'ai dévoré ce livre à toute vitesse, comme un McDo appétissant mais bourratif qu'on avale avec plaisir mais qui n'aura jamais la saveur d'un grand plat.

Une chose est sûre : "Toutes blessent la dernière tue" est un page-turner sordide mais efficace, qui a au moins le mérite d'afficher au grand jour, sous le prisme (déformant ?) d'une loupe surpuissante, le drame trop souvent passé sous silence de ces esclaves des temps modernes (le "Global Slavery Index" estima leur nombre à 129.000, en France, en 2018 !).
Glaçant.
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