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Critique de Cetsak


« Il n'y a pas de hasard, il y a que des rendez-vous » ... ce rendez-vous là m'a marquée !
Rendez-vous prit, donc, avec « Le Schmock ». le Schmock ?! En Yiddish, ce mot signifie tout à la fois penis, con et salaud. le père de Franz-Olivier Giesbert appelait ainsi, ironiquement, Hitler.

Eh oui, si les rencontres de nos vies ne sont pas le fruit du hasard, les rencontres littéraires, à mon sens, ne dérogent pas à la règle.

A peine la lecture de l'avant-propos entamée, me voilà, déjà, quelque peu chamboulée.

D'abord, par la révélation des origines de l'auteur : « Je suis de sangs mêlés, normand, allemand, autrichien, juif, anglais, écossais, peut-être même antillais et amérindien si on en croit les légendes familiales ». Un père américain « héros » du débarquement, aux origines juives et allemandes dont de lointains cousins germaniques au passif nazi ... autant dire un certain malaise ambiant lors des rares visites familiales les réunissant.

Ensuite, par les questions soulevées : « par quelle aberration, à cause de quelles complaisances, quelles lâchetés, le nazisme fut-il possible ? Qu'était-il arrivé à l'Allemagne qui, avec l'Autriche, avait enfanté Jean-Sébastien Bach, Hildegarde de Bingen et Rainer Maria Rilke ? Comment cela a-t-il pu advenir ? »

Alors oui, les origines et ces questions là résonnent en moi, font écho à ma conscience car, moi aussi, je suis « de sangs mêlés » ...

Tenter d'expliquer l'inexplicable une lourde tâche rendu possible dans un subtil mélange de fiction et de réalité historique. Franz-Olivier Giesbert n'est jamais loin. Omniprésent dans le récit, il s'immisce et délivre au lecteur des précisions historiques, rétablit des vérités. Il décrypte, de manière très factuelle, le contexte de la montée du nazisme en Allemagne.
S'appuyant donc sur la fiction : l'histoire d'une amitié qui traverse la première et seconde guerre mondiale. L'amitié de deux familles munichoises : Les Weinberger et les Gottsahl. Les premiers sont juifs. le lien est fort, fragilisé certes, par cette montée en puissance du nazisme mais il résiste tant bien que mal.
L'équilibre est fragile et le choix du camp parfois incertain. La limite entre les deux est parfois floue ... qu'elle soit consciente ou inconsciente ...
Avec l'ascension progressive de Hitler, le destin des deux famille les emmène vers le pire : la proximité avec le « monstre ».

L'auteur, via le récit du quotidien de ces deux familles met, donc, l'accent sur le peuple allemand face au « Schmock ». Ce roi de la perversion, capable des pires manipulations, jouant de sa grande faculté d'orateur :
« Modérant son antisémitisme frénétique devant les industriels qu'il s'employait à séduire, il le jetait le même jour, comme un os à ronger, dans ses discours devant la populace en transe. »
Hitler, l'immonde anguille se faufilant dans la brèche discrètement ... inoculant alors son venin ... s'enfonçant dans les eaux troubles de l'horreur ... destination finale : l'enfer ... concentration, extermination ...

L'histoire d'un « Schmock », d'un peuple ... notre histoire à tous !

À vous, Franz-Olivier Giesbert, cette première rencontre fut éprouvante, certes, mais quelle rencontre ! Merci à vous pour ce roman magistral, ce travail de documentation titanesque et votre grand respect des victimes et rescapés des camps dont, volontairement, vous n'abordez pas le quotidien et vos raisons sont des plus humbles ...

À toi, Rolf, mon grand-père ... Berlin, 1938, tu as seulement 17 ans lorsque tu rejoins la résistance contre le nazisme. Ta vie entière vouée aux autres et à la réconciliation Franco-allemande.
Tu étais là, dans mes pensées, tout le long de ma lecture.
À ta mémoire, mon extraordinaire grand-père, je te dédie ce billet ... peut-être, parviendra-il jusqu'à toi ...
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