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Critique de BlackKat


La nouvelle identité d'Oppenheimer a fait long feu. Pour échapper à l'enrôlement forcé dans le Volkssturm (milice formée de tous ceux qui pouvaient tenir une arme, des enfants aux vieillards, pour épauler la Wehrmacht dans la défense du sol nazi, et ce, certainement pas sur la base du volontariat), il a dû disparaître à nouveau.
Il se terre, grâce aux bons soins d'un malfrat qu'il connaît depuis ses années d'exercice dans la Kripo, Ed le Mastard.
Et un nouveau danger plane: les russes sont arrivés dans Berlin. Avec un cortège de viols, de vols et de violence, avec son lot de déserteurs, l'armée russe occupe chaque rue d'un Berlin exsangue. 
Oppenheimer n'est plus commissaire depuis longtemps mais son esprit d'enquêteur n'en reste pas moins très vif. Et quand le responsable du viol de son épouse, Lisa, est compromis dans le meurtre d'un mystérieux scientifique détenteur d'une valise non moins mystérieuse mais objet de toutes les convoitises, Opppenheimer ne voit que des avantages à se lancer dans une enquête qui s'avère dangereuse et compliquée.

Dans les fils d'Odin, l'auteur nous parlait des recherches scientifiques médicales amorcées par les médecins des camps de concentration, au prix d'atroces expérimentations perpétrées sur les prisonniers et dont le résultat a souvent été conservé et exploité bien après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, quand ce ne sont pas les médecins eux-mêmes qui ont été "sauvés" de la justice internationale pour servir les intérêts particuliers de certaines firmes internationales, voire de certains États (suivez mon regard!).
Cette note historique apportait un certain cynisme au roman, cynisme qui est à nouveau à l'honneur, tout aussi discrètement, dans Derniers jours à Berlin.
Mais ici, nous parlons des armes nucléaires. Des physiciens et autres scientifiques ont été capturés pour voler vers d'autres cieux plus cléments et les autres vont vendre leurs savoirs pour un passeport vers la liberté.
L'arme nucléaire, technique convoitée par les russes tout autant que les américains, appâtés par la propagande nazie qui claironnait leurs succès en la matière, l'arme nucléaire est au coeur de l'intrigue.
Et elle se donne au plus offrant, ou le plus malin! 
Mais tout comme pour Les fils d'Odin, le sujet n'est que tardivement mis en avant et n'est pas exploité au maximum de son potentiel. C'est dommage mais encore une fois, cela ne m'a pas trop déçue car nous sommes tellement captivés par le quotidien de nos personnages que cela en devient presque accessoire.
Avec ce roman, l'auteur pose les bases de ce que sera la guerre froide. En effet, les alliés et les russes n'offrent pas un front uni face aux nazis et les berlinois vont être aux premières loges de ces enjeux internationaux. L'arrivée des russes n'est pas vécue comme celle des américains & consorts lors du débarquement en France. N'oublions pas que l'URSS et l'Allemagne avaient signé un Pacte de non-agression en 1939, allègrement rompu avec l'opération Barbarossa, et que l'avancée en terre nazie est l'occasion d'une vengeance sanglante pour le non respect des accords signés. 

Pourtant le quotidien des berlinois s'améliore sous le commandement de Nikolaï Berzarine, préoccupé par le ravitaillement des civils, de la remise en état des réseaux d'électricité et d'eau, et l'instauration de l'interdiction absolue de violer et de piller. Oppenheimer peut enfin mettre son épouse à l'abri. Ses amis, dont Hilde, sauvée de sa prison, peuvent reprendre une existence certes précaire mais délivrée des bombardements et des combats. 
Pourtant le danger rôde toujours... 

Le contexte historique est richement documenté, un Berlin presque totalement en ruines est diablement bien décrit, les interactions internationales sont finement glissées entre les fils de l'intrigue, et les personnages que nous suivons depuis le début sont toujours aussi attachants et courageux. 
Lisa symbolise le courage de toutes ces femmes violées qui ne baissent pas les bras et s'arment de toutes leurs forces pour redonner de la couleur à la vie.
Rita, elle, est de ces opportunistes optimistes qui n'hésitent pas à passer d'un bouillonnant russe à un charmant américain.
Et Hilde, à l'énergie inépuisable, reprend le flambeau de ses combats, infatigable et ne s'en laissant pas compter!
Même Ed le mafieux et ses acolytes sont rendus sympathiques parmi ces jeunes effeuillées de leur nouveau bar. 

Mention ironique spéciale pour tous ces nazillons de la première heure qui, à l'heure de l'occupation soviétique, rasent moustache hitlérienne et deviennent tout à coup gentils et généreux envers leur prochain, pour obtenir le précieux sésame qui leur fermera la porte des goulags russes au mieux, d'un procès ou d'une exécution expéditive au pire!

Encore un moment de lecture excellent! Rythmée par deux décomptes, celui de la capitulation des troupes berlinoises et celui de la fin de la guerre dans le Pacifique.
La plume d'Harald Gilbers est addictive, très visuelle en ce qui concerne la description des lieux, très équilibrée entre les sentiments omniprésents de peur, les moments d'action et les anecdotes purement historiques. 

Je suis curieuse de savoir comment Richard Oppenheimer, dont la judéité n'est plus au centre de sa peur dans les Derniers jours à Berlin, va se réapproprier son identité et son existence. Aura-t-il échangé le noir nazisme pour le rouge communisme dans l'ère soviétique? Impatiente de lire la suite!
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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