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Critique de gruz


gruz
07 décembre 2020
Immersion.
Totale.

L'expérience de lecture qui vous attend est une plongée au plus profond d'un milieu et d'une idéologie, toujours au bord de l'asphyxie.

Le baptême dans les ténèbres correspondait aux deux précédents tomes de cette trilogie. Voilà arrivé la consécration, le serpent qui entre réellement dans le bal pour démarrer son festin. Une dernière sortie pour ces anges de l'enfer qui déclenchent le chaos.

Le bain de boue, debout, que vous propose Ghislain Gilberti n'est pas du genre ablution. Il laisse des traces, fait ressortir les marques du passé aussi.

« Nous sommes en guerre », dirait l'autre. Guerre contre la manière dont fonctionne le monde, guerres intérieures aussi. Un feu d'artifice d'explosions, du plus spectaculaire au plus intime.

Après le premier tome, Sa majesté des Ombres, qui privilégiait l'enquête policière. Après le deuxième, Les anges de Babylone, qui se voulait un équilibre. le sacre des impies nous l'enfonce bien profond (la tête). Une excavation pour tenter de sonder l'insondable. Déterrer les secrets et les morts, en enterrer beaucoup (beaucoup) d'autres.

650 pages bourrées jusqu'à la moelle de violences et de conflits (y compris internes), de fureurs, d'émotions exacerbées. de folie.

Je pense vraiment qu'il est intéressant de lire cette trilogie de deux manières, en parallèle. Immergé donc. Mais aussi en prenant de la hauteur. Quand Gilberti raconte, il se met dans la peau de. du côté des forces de l'ordre, il pense « flic ». du côté des dealers / criminels, il fait de même.

Autant dire que, cette fois-ci, la virée dans le Mal, dans les têtes de fous furieux idéologistes, mafieux des temps modernes, va très loin. On est pris par le rythme et l'accumulation de scènes barbares, mais l'expérience relève également de l'anthropologie.

En deux étapes, la genèse du Mal et la tempête finale, l'écrivain raconte, avec moult détails, l'orage qui gronde dans les catacombes de notre société. En décrivant précisément l'hypogée de cette organisation dans les années 90, avant de raconter ce qui en découle quinze ans après.

Le lecteur n'a pas souvent l'occasion de réaliser ce genre de plongeon, aussi loin dans l'obscurité. Il faut donc du temps, parce que ce pavé (dans la mare) va l'occuper de longs moments. C'est très prenant, même si pour ma part j'aurais raccourci un peu ces moments redoublés.

Nul doute que Gilberti a mis beaucoup de lui-même dans ce texte. C'est le cas de tous ses livres, il ne s'en cache pas. D'une certaine manière encore davantage cette fois-ci, avec la place prépondérante du père. le maltraitant, celui qui engendre des dysfonctionnements psychiques, voire des monstres. Cette relation paternelle brutale et sans amour qui explique beaucoup de choses, beaucoup d'évolutions. Et un rapport qui peut s'extrapoler avec la mère Nation.

Je regrette juste les nombreuses coquilles qui mitraillent le texte, il y a une part de boulot qui n'a pas été fait de ce côté-là. Mais ça ne vient pas remettre en cause l'étonnant et impressionnant travail de l'auteur.

Voilà donc un long moment de bruits, de cris, de rage, de passion malsaine, de fanatisme, de furie. Les ombres recouvrent la lumière.

Le sacre des impies est une cérémonie païenne, dans un monde de mécréants qu'on croit sans foi ni loi, mais pourtant aux idéaux cachés. Un roman malsain, déstabilisant, dérangeant.

Ghislain Gilberti est un auteur à part, hérétique parmi les écorchés du noir. Mais surtout un fin analyste d'un milieu sous-terrain, et indirectement de la psyché de psychopathes. Avec, au final, un récit qui n'a rien du seul divertissement gratuit.
Lien : https://gruznamur.com/2020/1..
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