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Critique de Gruizzli


Etonnante mais très bonne BD. Etonnante par son ton, simple et amusant, dans un style d'histoires correspondant à la chronique ordinaire, la vie de quartier. Mais ce ton banal, quotidien, est entrecoupé d'une violence incroyable, celle de la dictature franquiste, de souvenirs d'une guerre civile. Et pourtant, le tout est bel et bien une "simple" BD sur la vie quotidienne.

L'intégrale est un beau pavé qui vaut le détour. J'ai dévoré littéralement les pages, avec ses petites histoires toujours croquées comme des chroniques quotidiennes qu'un blog-bd aurait adoré, mais mâtinées de la noirceur d'une vie sous la dictature, les flics violents qui peuvent arrêter n'importe qui, les violences de rues et le poids de la religion, de la morale. L'ombre de la guerre plane dans beaucoup d'histoires : disparus, traumatisés, déçus … C'est une société étrange que cette Espagne des années 50.

Mais si l'ensemble se tient aussi bien, c'est que Giménez croque l'ensemble avec un ton neutre. L'histoire d'une mère qui meurt de la tuberculose aura le même dessin, le même ton et la même représentation que les querelles d'enfants ou les premiers chagrins d'amour. Ce qui donne un ton tragi-comique à chaque histoire dont on ne peut deviner l'orientation et la chute. Il y a des histoires glaçantes, des histoires touchantes, des histoires amusantes, beaucoup de naïveté aussi dans les yeux d'enfants qui ne comprennent pas le monde qui les entoure.
Giménez croque le tout avec un dessin qui n'est pas sans me rappeler Will Eisner, qui faisait aussi des chroniques ordinaires, et qui fait très esprit Fluide glacial. le dessin est net, sans fioritures et croque la rue dans ses détails qui lui donnent une consistance. C'est les déchets, les graffitis, les passants qui font vivre cette rue de Madrid. J'ajouterais que les cases présentant des métiers de la rue de cette époque ajoutent au charme de l'ensemble.

C'est le genre de BD que j'adore car elle permets d'appréhender la vie quotidienne sous une dictature. Ce n'est pas une peur constante, un tourment de tout les instants. La vie est banale, quotidienne, remplie de détails déjà vu mille fois dans d'autres vies. Et puis quelques notes, de ci, de là, qui apparaissent : une arrestation arbitraire, des scènes pathétique, quelques conversations indiquant que tout n'est pas si simple. Mais ce qui se dégage de cette BD, c'est finalement une compilation d'histoire d'enfance, la vie du quartier, les gueules de cette époque. Très sympa à lire et éclairant sur cette époque de l'Espagne. Je ne peux que conseiller la lecture !
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