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Critique de CDemassieux


Regain, c'est une histoire en trois actes : l'automne des départs ; l'hiver de la solitude et le printemps de la vie ressuscitée…à deux.
Le décor est un village abandonnée de Haute-Provence, car trop à l'écart du monde, là où règne la Nature : « Des corbeaux s'appellent ; on les cherche, on ne les voit pas. On dirait que c'est la grande faïence bleue du ciel qui craque. Dans les haies sans feuilles, il y a les fruits de l'églantier que la gelée des nuits a touchés et qui sont mous et doux. »
C'est simple, c'est évident, comme la vie qui ne demande pas de superflu ; juste les nécessités heureuses de l'existence : se nourrir, s'abriter, s'habiller, s'aimer aussi, dans le silence.
C'est aussi le passage de témoin : Gaubert et la Mamèche s'en sont allés, abandonnant Panturle à son existence frustre d'ermite, qu'il en deviendrait presque animal. Mais la Providence veille qui lui envoie Arsule, petite femme pleine de tout et bientôt d'une promesse de vie en elle. Car la Nature, ici toute-puissante, déteste le vide, c'est bien connu…
Et c'est soudain bon de vivre à Aubignane, où la terre donne ses fruits à qui les mérite, loin du monde où « ça fait, dans la chaleur, du bruit et des cris à vous rendre sourd comme si on avait de l'eau dans les oreilles ». Pourtant, en matière de bruit à Aubignane, il y a le vent, qui tient un langage tantôt apaisé, tantôt colérique. Mais le vent, on le connaît et on le comprend.
Tout cela est raconté avec une langue simple et évidente : ni celle gavée d'horreurs et désabusée du Grand Troupeau, ni celle, plus stendhalienne, du Hussard sur le toit. Ici, Giono parle de sa terre avec une économie de mots, comme si c'était elle qui commandait à sa main pour se dire. Il en est de même de ses personnages, hors de ce temps qui, déjà à l'époque, infligeait sa bruyante et mortelle dissonance – le roman est paru en 1930.
Voici donc un récit où il ne se passe rien que le cycle de la vie, sauf quelques soubresauts, et qui est une incitation à se trouver un petit coin de Paradis, loin des marées humaines confinées çà et là...


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