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Critique de Ambages


Puissant.

Une chute d'eau, une chute de reins. Une différence ? Aucune. La nature prend corps et je vois ruisseler cette demi-lune, fusion parfaite des éléments. Quand Giono écrit « le dernier doigt du soleil lâche le pin » c'est cette terre humaine qui tire le rideau, et je sais que je ne suis qu'un élément de ce grand tout. Grasses ou pauvres, la terre et moi sommes tout pareil, unis dans la vie. La nature s'abandonne ou reprend ses droits et je dois respecter ses choix, ceux de ma soeur, nous sommes de la même filiation. Elle et moi marchons ensemble depuis l'aube jusqu'au couchant, nulle différence entre le ruisseau et la femme, entre le buisson et l'homme…

« Panturle a pris sa vraie figure d'hiver. le poil de ses joues s'est allongé, s'est emmêlé comme l'habit des moutons. C'est un buisson » et la Mamèche « était debout comme un tronc d'arbre. »

…au rythme des saisons nous respirons, et nous aimons. L'appel du vent attrape les corps qui savent l'écouter, et parfois ça crie tellement que vous n'entendez plus rien. Pantelant vous avancez vers les semences.

Terreau fertile, si vous l'apprivoisez, vibrant au rythme des saisons et du vent, vous y serez heureux mais « il faut que ça vienne de toi d'abord, si on veut que ça tienne. » Alors « la terre vous hausse sans faire semblant. » Elle vous porte, vous grandit, vous apporte ce qui manque, et ne demande rien en retour, pas même de louange. On ne remercie pas ses amis, « t'as qu'à faire ça si tu veux qu'on se fâche » comme on dit à la ferme de l'Amoureux.

J'ai autant aimé ce roman que Colline, les deux me bouleversent de leur force tellurique, je sens encore la glaise me coller aux semelles après la pluie, ce regain qui vient du fond de ma campagne ne me lâchera jamais. Je sais que c'est une chance, pour moi, d'avoir lu ces romans aujourd'hui. Jeune, je n'aurais pas autant apprécié ce qui m'a construit, parce que c'est dur la terre tant que vous ne l'avez pas comprise. C'est avec l'âge que je sais ma provenance et que je suis plus à même de ressentir les sentiments profonds de l'amour qui se cache dans des doigts qui se frôlent et s'entortillent ou la dureté de la solitude des vieux. Quand l'émotion n'est plus ce diamant brut, écorchant, mais est entrée dans une ère de calme compréhension. Mais je n'oublie pas que je suis arrivée ici grâce à toute cette terre qui ne m'a jamais lâchée, qui m'a ancrée les pieds dans le sol pour avancer, ma campagne.
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