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Critique de fuji


Dans chaque âme le regain est là, tapi prêt à surgir…
Terminer cette trilogie par le regain, n'est-ce pas une belle image, regardez, vous la voyez cette herbe qui repousse après la première fauche, c'est l'herbe qui a le plus de vigueur.
Aubignane est un hameau désertifié. Il n'y reste que trois âmes.
Le vieux Gaubert, ancien charron qui est octogénaire et qui va aller s'installer chez le fils.
La Mamèche, cette femme qui est arrivée autrefois avec son homme, puisatier, ils venaient du Piémont. Il y a longtemps que le mari et le fils, sont morts, au fond, pour l'eau.
Elle reste seule.
Le troisième c'est Panturle, la quarantaine, il crève de solitude.
Quand Gaubert est parti, un soir au coin du feu la Mamèche a dit à Panturle qu'elle allait lui cherchait une femme qui accepterait de vivre dans ce désert. Un jour la Mamèche a rangé sa maison et elle n'est jamais revenue.
Panturle est au désespoir, il vit de plus en plus comme un sauvage.
« Il y a une maison qui s'est comme décollée, qui a coulé du haut en bas, toute seule, qui est venue s'arrêter, les quatre fers d'aplomb, au bord du ruisseau, à la fourche du ruisseau et de ce qu'ils appelaient la route, là, contre un cyprès. »
Panturle est plantureux, une morphologie qui ressemble à un arbre qui en impose, à lui aussi ses racines sont dans la terre.
Pour arriver jusqu'au hameau, il faut finir la route à pied, les charrettes n'y passent plus, les effondrements l'ont rendue impraticable.
Il parle seul, vit de la chasse et de peu.
Un jour, Gédémus le rémouleur et Arsule, arrivent. Arsule ne repartira pas avec Gédémus.
Panturle qui dormait sur une paillasse, allumait du feu comme autrefois les Cro-Magnon, voit sa masure se transformer. Arsule est aimante et habile. Il va retrouver le goût de cultiver la terre et de parcourir quelques lieux pour y retrouver la civilisation.
Il renaît, renoue avec ses connaissances. Il y trouvera l'entraide, la bienveillance.
Il n'oubliera pas de rendre visite au vieux Gaubert qu'il trouvera figé, au coin de l'âtre, dans la gangue de la vieillesse. C'est une scène magnifique et émouvante.
« Je vois que la terre d'Aubignane va repartir. L'envie du pain, la femme, c'est ça, c'est bon signe. Je connais ça, ça ne trompe pas. Ça va repartir de bel élan et ça redeviendra de la terre à homme. »
La vie revient.
Un couple arrivera avec ses trois enfants, ils fraternisent immédiatement.
Le regain c'est cela.
Ce livre est sorti tout droit de la terre, de ses terres qui ne demandent qu'à offrir.
Giono la raconte d'une façon très charnelle, la poésie est dans chaque geste, chaque mot, chaque image.
« Il y avait un beau jour gris, doux comme le pelage d'un chat. Il coulait par la fenêtre et par la porte et il baignait tout dans sa douceur. le feu dans l'âtre soufflait et usait ses griffes rouges contre le chaudron de la soupe, et la soupe mitonnait en gémissant, et c'était une épaisse odeur de poireaux, de carottes et de pommes de terre bouillies qui emplissait la cuisine. On mangeait déjà les légumes dans cet air-là. »
Et si nous repeuplions les campagnes ?
©Chantal Lafon


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